Dénébulation

« 1 / 2 16 juin 1965 Série No 48 Fiche No 572 Dénébulation 1.

La visibilité au sol est une condition indispensable de sécurité pour le décollage et surtout pour l'atterrissage des avions.

Malgré le perfectionnement du pilotage sans visibilité (PSV), le trafic aérien d'un aéroport est presque complètement paralysé par le brouillard, car l'intervention du pilote dans la conduite de l'atterrissage reste prépondérante.

Il arrive que des passagers pensant arriver à Orly aient la désagréable surprise de se retrouver à Londres parce que les conditions météorologiques y sont plus favorables.

La dissipation artificielle du brouillard est le plus sûr moyen d'éviter ces déroutements.

2.

D'un diamètre de quelques microns (millièmes de millimètres), les gouttelettes d'eau en suspension dans l'air, qui constituent le brouillard, diffusent les rayons lumineux qui les traversent et affaiblissent le flux lumineux.

Aussi les objets situés dans le brouillard sont-ils flous et sombres.

Le réchauffement de l'atmosphère, en évaporant les gouttelettes d'eau, améliore la visibilité.

Le fait est bien connu des pilotes: un simple aller et retour de l'avion sur la piste d'envol peut suffire à clarifier l'atmosphère de manière suffisante pour le décollage.

3.

Lorsque la température est inférieure à zéro degré, les gouttelettes devraient être solidifiées en glace.

Pourtant, elles restent en général à l'état liquide: l'eau est dans un état physique anormal: la surfusion.

Le contact de l'eau surfondue avec un corps plus froid provoque la cristallisation en glace.

On dit que le brouillard est givrant.

De la glace se dépose au bord d'attaque des ailes et sur les parties avancées de l'avion, déformant parfois leur profil au point de leur faire perdre leurs qualités aéro- • dynamiques.

4.

Une nouvelle technique est employée à Orly pour dissiper le brouillard givrant: la dénébulation au propane liquide.

Liquéfié sous pression, le propane est gazeux dans les conditions ordinaires.

Lorsqu'on le pulvérise dans l'atmosphère, il se trans­ forme aussitôt en gaz en prenaot à l'air la chaleur nécessaire à sa vaporisation.

Dans l'air ainsi refroidi, les gouttes d'eau surfondue se précipitent à terre en cristaux de glace.

Le brouillard devient moins dense et peut même se dissiper totalement.

5.

L'installation, qui sera achevée en 1965, comprendra 60 postes disposés tout autour de l'aéroport.

Chaque poste se compose d'une citerne de 600 kg.

de propane et de trois diffuseurs par lesquels jaillit le gaz sous pression avec un débit de 5 à 10 kg.

par heure.

La mise en marche des diffuseurs est télécommandée à partir d'un poste central, à l'aide de vannes électromagnétiques.

6.

Le procédé est eHicace et peu coûteux.

Par vent faible (0 à 5 rn/s.), un brouillard de densité moyenne est éclairci en une heure environ.

Le fonctionnement des postes diffuseurs revient approximativement à 100 francs français par heure.

Un jour de brouillard, des dizaines d'avions peuvent décoller ou atterrir, alors que les voitures roulent au pas sur l'autoroute voisine. 2 / 2. »