Dégager les caractères essentiels du Classicisme
Publié le 19/12/2021
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«
Puisqu'on vous demande de dégager les caractères essentiels du Classicisme, l'examen
de chacun de ces caractères vous fournira naturellement les divers points de votre
exposé.
Et comme on vous demande de dégager ces traits de vos connaissances sur la
littérature française^c'est aussi aux différentes œuvres classiques que vous emprunterez
des exemples à l'appui.
PLAN DÉTAILLÉ
Introduction: Le classicisme.
français correspond à la production littéraire d environ
vingt-cinq ans : c'est-à-dire qu'il se situe à peu près entre 1660 et 1685.
Il ne comporte
qu'un petit nombre des œuvres publiées au cours du siècle.
Pourtant son rayonnement
est immense.
Il groupe des écrivains d'un tempérament aussi différent que Molière et
Racine, La Bruyère, La Fontaine et Boileau ; pourtant, toutes les œuvres qui l'illustrent
possèdent en commun des caractères essentiels.
C'est par ces parentés profondes que se
trouvent unis aux yeux de la postérité, des écrivains qu'opposèrent souvent des rivalités
personnelles ; c'est par elles qu'ils ont mérité le nom de « Classiques ».
I.
L'imitation de la nature
Le premier principe sur lequel ces écrivains se trouvent d'accord, c'est l'imitation de la
nature.
Encore faut-il préciser ce qu'ils entendent par là.
Car l'imitation de la nature, qui
figure au programme d'un bon nombre d'Écoles littéraires, est conçue d'une manière
différente par chacune d'entre elles.
Et quand Hugo prêche en faveur « de la nature et de
la vérité », il veut dire tout autre chose que nos Classiques.
Pour ces derniers, en effet, la
nature ce n'est pas le cadre extérieur de notre vie, la beauté d'un paysage dans ses
lignes et dans ses nuances, mais la nature humaine, les m œurs et les passions.
Les
monologues de Racine, les maximes de La Rochefoucauld analysent le c œur humain dans
ses nuances et ses inconséquences, ses élans et ses volte-faces.
Même dans ce domaine
restreint qui réduit la nature à la seule psychologie, ils ne consentent pas à tout
représenter.
Ce qui est trivial et bas n'est pas pour eux objet de l'art.
On ne saurait sans
déchoir représenter « un laquais qui siffle, un malade dans sa garde-robe, un homme
ivre qui dort ou qui vomit ».
Cette imitation de la nature n'est pas un naturalisme.
II.
Le culte de la raison
Si la nature est leur objet, le culte de la Maison est leur principe essentiel.
Cela suppose
d'abord que l'on saura fixer des bornes strictes à l'imagination et à la fantaisie.
Cela
suppose surtout que l'on appliquera à cette étude de la nature humaine une lucidité
impitoyable qui ne laisse de côté ni les sentiments les plus fugitifs ni même les plus
incohérents.
Il suffit pour s'en rendre compte de relire les monologues de Phèdre et ceux
de Roxane ou les analyses de Pascal sur les effets de l'imagination...
Une pareille
conception ne risque pas de tomber dans les défauts d'un intellectualisme desséché.
Elle
ne manque ni d'élan ni de profondeur.
Comme le montre l'exemple de Racine, elle saura
jeter des clartés jusque dans les mystères du subconscient.
III.
La moralité de l'art
La beauté et la vérité ne sauraient néanmoins suffire à l' œuvre d'art.
Les Classiques ne
sont pas avant la lettre des disciples de l'Art pour l'Art.
Ils assignent à leurs œuvres une
fin morale, et la peinture des passions et des vices doit contribuer à « purger » les âmes
des vices et des passions.
Boileau lui-même, il est vrai, insiste moins sur la moralité de
l'œuvre que sur celle de l'artiste, et le pessimisme de La Rochefoucauld s'accorde assez
mal avec le souci et l'espoir de corriger les hommes dont il nous fait un portrait si
décevant.
Pourtant, même s'il semble bien que la vérité de la peinture ait en général
passé pour nos Classiques avant la portée morale de leurs oeuvres, on doit reconnaître
que leurs préfaces et leurs déclarations témoignent sans cesse de leur désir d'instruire et
d'améliorer leurs semblables.
En cela ils sont d'accord avec les Anciens, leurs modèles..
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