Définition: ADULTE, adjectif et substantif.

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Définition: ADULTE, adjectif et substantif.

I.- Adjectif. Qui est parvenu au terme de son développement.

A.- [En parlant d'un être vivant saisi dans sa totalité]

1. BIOLOGIE. langue commune " Adulte : Tout être qui a à peu près atteint son complet développement, sinon dans ses dimensions, du moins en ce qui concerne
la reproduction, qui, par conséquent, est apte à se perpétuer par la voie sexuelle, est adulte. " (Élie-Abel Carrière, Encyclopédie horticole, 1862, page 8).

2. En particulier :

a) [Appliqué à l'homme] Qui est parvenu à la période de plein épanouissement physique et moral succédant à l'adolescence. Antonyme : adolescent :

Ø 1. J'ai eu mon dieu d'enfance, mon dieu d'adolescence. Si mon dieu de fille pubère et adulte se dérobe, tant pis pour lui.

JEAN GIRAUDOUX, Judith, 1931, III, 6, pages 229-230.

- Par extension . [En parlant de l'âge] L'âge adulte (Dictionnaire de l'Académie Française ).

Remarque  : Ce syntagme est particulièrement fréquent dans la documentation (ANDRÉ GIDE, Journal, 1932, page 1114; etc.).

b) [Appliqué à un animal] Dont le corps et les membres ont acquis tout leur développement.

- Par analogie . [En parlant de l'évolution d'une classe d'animaux comparée à un individu] :

Ø 2. Nous le savons positivement par la géologie; et une simple inspection de sa structure interne suffirait à le prouver : dans l'ensemble, si l'humanité
représente un groupe encore « immature », les mammifères, eux, forment un groupe à la fois adulte et frais. Pleinement épanoui au cours du tertiaire
seulement, leur assemblage laisse encore apercevoir un nombre appréciable de ses appendices les plus délicats.

PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain, 1955, page 132.

- Par extension . [En parlant d'une ou de plusieurs parties constitutives d'un animal] Parvenu à son plein développement :

Ø 3. Fort répandu dans les tissus animaux, le principe organiseur se trouve dans plusieurs organes adultes (foie de veau, cerveau de chat), dans les
bourgeons de régénération, dans les tissus cancéreux, dans les papillons et dans les daphnies, peut-être dans les pollinies d'orchidées.

JEAN ROSTAND, La Vie et ses problèmes, 1939, page 42.

c) [Appliqué à un végétal] Parvenu au terme de sa croissance :

Ø 4. Il aperçut, sur la cheminée, le verre de cuisine qu'il avait pris la veille en rentrant pour y placer deux roses. Ses bras se levèrent en geste de
crucifiement et de désespoir. Choisies dans la panerée, la veille au soir, il se rappelait, mi-boutons, mi-fleurs, elles s'étaient en quelques heures
changées en roses adultes, pesantes, et presque fatiguées.

JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 226.

- Par extension . [En parlant de l'étape atteinte par le développement du végétal] État adulte. " En parlant d'un végétal on dit qu'il est arrivé à l'état adulte lorsqu'il
commence à fructifier. " (Élie-Abel Carrière, Encyclopédie horticole, 1862, page 8).

B.- [En parlant d'une chose]

1. Par analogie avec l'emploi A 2 a. Parvenu à un certain degré de maturation :

Ø 5. Le guichet de cette porte, bouché par des scories semblables à celles que les restaurateurs inventent pour vieillir des bouteilles adultes, ne
servait qu'à mériter à la porte le surnom de porte de prison, et concordait d'ailleurs à ses ferrures en trèfle, à ses gonds formidables, à ses grosses têtes
de clous.

HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, page 176.

2. [En parlant d'une occupation, d'une activité humaine] Qui est propre aux personnes adultes :

Ø 6. Voyez plutôt : seul au milieu des adultes, j'étais un adulte en miniature, et j'avais des lectures adultes; cela sonne faux, déjà, puisque, dans le même
instant, je demeurais un enfant

JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, pages 54-55.

Remarque  : Ce dernier emploi suppose acquis l'emploi substantival de adulte ( confer infra II).

3. Au figuré. Parvenu à son plein développement :

Ø 7. C'est une pitié de voir d'excellents esprits se tuer à prouver par l'enfance que la virilité est un abus; tandis qu'une institution quelconque, adulte en
naissant, est une absurdité au premier chef, une véritable contradiction logique.

JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Des Constitutions politiques et des autres institutions humaines, 1810, page 47.

Ø 8. Quand une idée paraît, c'est qu'elle a fait un long chemin. Elle arrive parfaitement formée et adulte, il est trop tard pour la tuer.

PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 238.

II.- Substantif .

1. BIOLOGIE. Personne ou animal ayant atteint l'âge adulte :

Ø 9. Dans un petit nombre d'animaux qui appartiennent presque tous à la classe des zoophytes, la génération se fait sans aucun accouplement, et le
jeune animal croît sur le corps de l' adulte comme un bourgeon sur un arbre.

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 1, 1805, page 43.

2. Spécialement . [En parlant de l'homme] :

Ø 10. « Mais pourquoi écrirait-on des romans, si ce n'est pour montrer les adultes tels qu'ils sont (et tels que les voient les enfants ), c'est-à-dire
arbitraires et incompréhensibles? »

HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1377.

Ø 11. C'est en style d' adolescent, d' adulte ou de vieillard que je veux ce que je veux, et ce style est la limitation invincible de mon pouvoir de liberté.

PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 406.

Remarque : 1. Syntagmes fréquents (présentant notamment un intérêt du point de vue sociologique) : cours d'adultes (Maurice Barrès, Mes cahiers, tome 8, 1909-
1911, page 145); école d'adultes, pour les adultes (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, Dictionnaire de l'Académie Française 1878, Dictionnaire de l'Académie
Française tome 1 1932); baptême d'adultes (ibidem). L'opposition enfants/adultes (confer exemple 10) est particulièrement représentée chez les auteurs comme
Bernanos, Henri de Montherlant, chez lesquels le thème de l'enfance est privilégié dans l'évocation des souvenirs de jeunesse ou du conflit des générations
(nombreux exemple aussi chez Sartre, Simone de Beauvoir, etc.). 2. Un certain flottement a subsisté jusqu'au seuil du XX e. siècle sur la période de la vie humaine sur laquelle
s'étend l'âge adulte (confer étymologie, Matériaux pour l'histoire du vocabulaire français (BERNARD QUEMADA) tome 1 1959, opere citato et Journet-Petit tome 1 1966). Il semble qu'aujourd'hui encore subsistent,
mais dans des syntagmes figés, des restes de ces flottements : a) La langue religieuse, dans l'expression baptême d'adultes, opposée à baptême des enfants, inclut à l'âge adulte l'adolescence. b) Dans l'expression cours d'adultes, la langue de l'administration scolaire fait d'adulte un synonyme d'" adolescent ayant terminé sa scolarité obligatoire ". c) Dans la langue commune, adulte désigne de plus en plus l'âge intermédiaire entre

l'adolescence et la vieillesse (confer supra I A 2 a et exemple 11). D'autre part le mot tend à s'incorporer la notion " qui a atteint l'âge de raison ", s'ajoutant à celle du plein développement physiologique, et rejoint
ainsi les emplois qui subsistent dans la langue religieuse et dans l'usage de l'administration scolaire. d) Le seuil des 18 ans tend à prendre une valeur de limite : ainsi dans la langue de la censure cinématographique "
interdit aux moins de 18 ans " est devenu synonyme de " réservé aux adultes "; confer aussi les débats autour de l'âge de la majorité (éventuellement abaissée à 18 ans); à l'autre bout de la vie, l'âge adulte, parce qu'il suppose la pleine possession de toutes les facultés humaines, est délimité par la vieillesse, dont le début paraît reculer avec les progrès de la médecine Confer Honoré de Balzac, Député d'Arcis, 1847, 21, 364 (Conard)

dans Matériaux pour l'histoire du vocabulaire français (Bernard Quemada) tome 1 1959 : " aimer mieux un quinquagénaire qu'un adulte "; et Simone de Beauvoir, qui dans La Vieillesse, 1970, fixe le début du "
troisième âge " aux environs de 65 ans. e) Il faut enfin rappeler la différence des sexe. s soulignée par les psychologues, l'âge adulte étant plus précoce chez la femme (confer par exemple M. Debesse, L'Adolescence,
1942, passim).

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 592. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 338, b) 254; XXe. siècle : a) 254, b) 1 939.