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Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « A la reine », Olympe de Gouges, 1791.

Publié le 17/06/2024

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« Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, « A la reine », Olympe de Gouges, 1791. Situation : avant la DDFC, épître dédicatoire (sert habituellement à se donner une légitimité et à se mettre sous la protection d’une personnalité puissante et respectée) surprenante : adressée à Marie-Antoinette, ennemie des révolutionnaires. Lecture. Enjeux : Olympe de Gouges, qui se montre en femme courageuse et indépendante d’esprit, cherche à se concilier la reine et l’exhorte à agir en tant que monarque pour le bien de son pays, mais aussi en tant que femme. Problématique : Comment Olympe de Gouge, à travers cet épître dédicatoire surprenante, entend-elle réconcilier la reine avec les révolutionnaires tout en prenant en compte sa féminité ? Mouvements du texte : §1 : Olympe de Gouges se montre en femme franche, courageuse et indépendante. §2-3 : Habilement, elle fait entendre à la Reine qu’elle lui est redevable. §4 : Stratège politique, elle conseille à la Reine d’agir en même temps en faveur des Français, de la famille royale, et de toutes les femmes de France. 1.

§1 : Olympe de Gouges se montre en femme franche, courageuse et indépendante.  Le début de l’épître dédicatoire impose un rapport d’égalité avec la reine, face à laquelle Olympe de Gouges affirme sa sincérité et sa bravoure. - La formule d’adresse ouvrant la lettre refuse d’emblée toute politesse ; plus encore, avec ce très sobre « Madame », l.1, l’auteure traite la reine comme n’importe quelle autre femme.

La reine est donc sur le même pied d’égalité qu’Olympe de Gouges, mais aussi que toutes les femmes du peuple. - Dès la première phrase, l’auteure justifie cette sobriété, mais ne s’en excuse pas.

L’explication est sobre elle aussi, Olympe de Gouges est seulement « peu faite au langage que l’on tient aux rois», l.2, c’est-à-dire peu accoutumée.

La simplicité de cette explication sous-entend qu’elle n’est pas prête à faire l’effort de se plier au protocole, auquel elle refuse de se soumettre.

Olympe de Gouges force donc Marie-Antoinette à se considérer comme son égale. - Elle confirme ce rejet par la négation : « je n’emploierai point l’adulation des courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production », l.3.

Le terme péjoratif d’« adulation » montre qu’elle ne se compte pas parmi les « courtisans » subalternes et flatteurs des rois. - La « singulière production » qui clôt la phrase désigne avec humilité sa DDFC, dont elle souligne l’unicité et le caractère novateur (« singulière »). - La phrase suivante rompt par son rythme court : elle est simple, sans apparat, directe, et soutient ainsi la « franchise » qu’elle se promet d’avoir : « Mon but, Madame, est de vous parler franchement », l.3-4. - La deuxième partie de sa phrase affirme que cette franchise s’appuie sur un courage qu’elle a toujours eu et son indépendance d’esprit : « je n’ai pas attendu, pour m’exprimer ainsi, l’époque de la liberté ; je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l’aveuglement des despotes punissait une si noble audace », l.4-6.

Le passé indique qu’elle s’est toujours exprimée avec la même sincérité, même lorsque son discours était évidemment répréhensible.

La métaphore de « l’aveuglement des despotes » est habile dans la mesure où la reine se trouve d’office soupçonnée d’être une « despote » injuste si elle tente de la faire taire ; celle-ci est donc forcée de lui être favorable.

Par contraste, les paroles d’Olympe sont mises en valeur par « une si noble audace », où les termes laudatifs sont amplifiés par l’adverbe d’intensité « si ». On note d’ailleurs que l’« audace » comme le courage ou l’ « énergie », l.8, sont des qualités habituellement masculines, et qu’Olympe de Gouges n’hésite pas à se les attribuer.  Dès le premier paragraphe, Olympe de Gouges impose un rapport d’égalité à la reine Marie-Antoinette, la force à recevoir favorablement son épître, et se montre en femme sincère, indépendante et courageuse. 2.

§2-3 : Habilement, ODG fait entendre à la reine qu’elle lui est redevable.  En forçant la reine à accepter son discours, Olympe de Gouges entame une manipulation discrète mais redoutable, qui s’amplifie aux §2 et 3, pour se concilier la reine. - Evoquant le passé, elle fait d’abord voir à la reine qu’elle l’a protégée, et que cette dernière lui est donc redevable : « Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités, moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre défense », l.7-8.

L’hyperbole « tout l’Empire » insiste la quantité d’ennemis qu’a Marie-Antoinette, et lui fait voir discrètement combien sa posture est aujourd’hui délicate, de même que le vocabulaire juridique (« vous accusait et vous rendait responsable », « défense ») et péjoratif (« calamités », « trouble », « orage »).

Opposée à l’hyperbole, la formule « moi seule », mise en avant entre virgule, fait ressortir qu’ODG est le seul soutien de la reine : « moi seule (…) j’ai eu la force de prendre votre défense ».

Dans la condamnation générale de la reine, l’unique secours vient d’ODG, que la reine aurait donc tort de rejeter. - Une fois encore, elle affirme sa « force », l.8, autre qualité masculine associée à la bravoure. - Elle en appelle ensuite aux vertus de la reine à l’aide de l’antithèse entre « grandeurs » et « bassesse », l.910, pour inciter Marie-Antoinette à se montrer digne des attentes de l’auteure. - Le 3ème paragraphe renforce ce qui précède : l’adverbe « Oui », suivi de l’apostrophe « Madame », l.12, a pour fonction ici de relancer le discours et d’appeler l’attention de la reine. - ODG revient alors sur un événement récemment passé, où les révolutionnaires ayant pénétré dans les appartements royaux avaient été ramenés au calme par l’écrivaine.

Cet épisode est dramatisé par la métaphore concrète du « glaive levé sur vous », l.12 puis répété l.13 (« ce glaive »), et la désignation de la reine en « victime ».

ODG aurait « jeté [s]es observations », l.12, comme.... »

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