De quelle nature est le bonheur ? Faut-il le concevoir comme un état de repos, ou au contraire comme un état dynamique ?
Publié le 19/12/2021
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Introduction
De quelle nature est le bonheur ? Faut-il le concevoir comme un état de repos, ou au
contraire comme un état dynamique ? Peut-on imaginer atteindre, comme le voulaient
les sagesses antiques, en particulier stoïciennes, épicuriennes et sceptiques, un état
d’ataraxie, c’est-à-dire de maîtrise sur soi conduisant à l’absence de troubles et par
conséquent au bonheur ? Ou doit-on opposer à cet idéal du sage une autre forme
d’éthique ?
Première partie
- Les stoïciens, épicuriens et sceptiques partagent tous une philosophie eudémoniste, qui
conçoit le bonheur sous la forme d’une ataraxie.
Ainsi, Epictète propose de discriminer
entre les « choses qui dépendent de nous et d’autres qui ne dépendent pas de nous » et,
par une maîtrise de l’idée que nous nous faisons des événements, atteindre l’absence de
trouble.
Mais cet idéal d’ataraxie, difficile à atteindre, repose sur une conception statique
du bonheur.
Dans d'autres textes, Epicure distingue parmi les plaisirs , ceux qui sont
naturels et nécessaires, ceux qui sont naturels mais non nécessaires, et enfin ceux qui ne
sont ni naturels et non nécessaires.
Or, le sage recherche les premiers et méprise les
autres.
L ‘épicurisme est donc une morale du plaisir, mais dans les limites du simple
besoin ; sa finalité est l'ataraxie ; sa méthode consiste à se contenter de peu, à ne
désirer que ce qui est nécessaire, et à fuir tout ce qui peut stimuler des impulsions
artificielles et excessives, comme nous y invite la fin de notre texte.
Contrairement à une
réputation infondée, la morale épicurienne est donc incompatible avec les passions.
Or,
ne peut-on lui opposer une conception dynamique, pour laquelle la félicité ne peut être
comprise sous la forme d’une absence de trouble ?
- Dans le Léviathan (chap.
XI), Hobbes définit la félicité comme « progression
ininterrompue du désir allant d’un objet à un autre », qui n’est donc pas incompatible
avec « un désir inquiet d’acquérir puissance après puissance ».
Dès lors, le bonheur ne
résulte pas de l’absence de trouble, mais au contraire d’une dynamique du désir,
désignée par Hobbes sous le nom de « conatus ».
- Cependant, cette nouvelle conception, dynamique, du bonheur, ne met-elle pas en péril
sa possibilité même, dans la mesure où le désir se révèlerait par essence insatisfait ?
N’est-on pas amené à réduire alors le bonheur au simple divertissement ? Ainsi, dans la
liasse « Divertissement » des Pensées, Pascal montre simultanément que l’idéal
d’ataraxie est au-delà de la condition humaine, et d’autre part que le divertissement lui-
même n’empêche que provisoirement l’ennui (cf.
en particulier §136 éd.
Lafuma, 139 éd.
Brunschvicg, 164 éd.
Sellier).
L’homme est donc plongé, selon Pascal, dans une condition
misérable, celle résultant de la Chute et du péché originel.
Il ne saurait échapper à ce
malheur ni par l’ataraxie, idéal inatteignable, ni par le divertissement, simple pis-aller ne
pouvant être égalé au bonheur véritable..
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