DE LA METTRIE : L'HOMME-MACHINE (Résumé & Analyse)
Publié le 15/05/2020
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La Mettrie et L'Homme-Machine
Parmi les icônes du matérialisme athée des Lumières, Julien Offray de La Mettrie (1709-1751), médecin de son état,est incontestablement le penseur le plus scandaleux et le plus audacieux, ce qui l'oblige à se réfugier en Allemagnesous la protection de Frédéric II* de Prusse, qui fera de lui son lecteur.
La Mettrie enregistre scrupuleusement les modalités du fonctionnement
de la machine humaine.
Après L'Histoire naturelle de l'âme (1745), il publiera anonymement en 1748 L'Homme-Machine, son œuvre manifeste.
Ce qui distingue son matérialisme? Son attachement à la discipline de l'observation, comme en témoigne l'extrait ci-contre, avec pour terrain privilégié le corps humain : l'enjeu métaphysique n'est pas placé en premier, en tantqu'illustration d'un système philosophique, il n'est que la conséquence d'un regard sans préjugé, qui enregistrescrupuleusement les modalités du fonctionnement de la machine humaine.
Le médecin précède le philosophe :L'Homme-Machine est d'ailleurs dédié au grand professeur en médecine Albrecht von Haller (1708-1777).
Laliquidation de l'âme comme substance à part, immatérielle et immortelle,
conception si chère à la religion, n'est que le résultat d'un faisceau d'observations qui concourent toutes àdémontrer l'interaction incessante des facultés de l'esprit avec l'environnement matériel.
Une machine composée et complexe
En outre, l'observation met en évidence l'importance de la notion d'organisation pour comprendre le vivant.
Si lecorps est une machine, c'est, comme le dit ce texte, une machine composée et complexe, disons même unensemble de machines reliées les unes aux autres, qui assurent, chacune de son côté, en interdépendance relativeavec l'ensemble, une tâche spécifique, une fonction.
La Mettrie a su ouvrir de nouvelles voies de compréhension à laphysiologie humaine en cumulant les métaphores : il ne recourt pas seulement au modèle mécanique, avec l'imagebanale de l'horloge, mais aussi à la chimie, avec ses fermentations et ses combustions.
Le vivant n'est plus unepropriété de la matière brute, spéculation originelle aussi mal posée que difficile à illustrer, c'est l'effet d'unecomposition de mécanismes matériels plus réduits, dont l'union seule permet d'atteindre ce degré de consistanceparticulier d'où naît la vie.
Il ne faut pas chercher la vie en tant que détermination première de la substancematérielle, mais il faut la considérer comme la conséquence d'une structuration complexe de
fonctionnements matériels simples.
On en dirait autant de la faculté de penser, qui n'est qu'une production de signespar le cerveau.
Le matérialisme imagé et frondeur de La Mettrie a suscité l'émoi et la réprobation.
L'éloge des plaisirsqu'il développe a inquiété les opposants de tous bords, qui ont crié à l'immoralisme.
Sa fin est d'ailleurs tout unsymbole : il meurt en bon vivant d'un pâté avarié.
Mais ce penseur a mis mal à l'aise jusqu'aux athées vertueux deson temps qui, comme d'Holbach, lui reprochèrent de raisonner « sur les mœurs comme un vrai frénétique ».Qu'importe! Par sa verve et son style, il a toujours retenu l'attention des commentateurs.
Sa postérité est àchercher chez les neurobiologistes, tel Jean-Pierre Changeux (né en 1936), soucieux comme lui de considérer lesfacultés humaines, serait-ce l'amour, en stricts termes matériels et fonctionnels..
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