Dans sa Défense et Illustration de la langue française, le poète Joachim du Bellay a écrit : « Celui-là sera véritablement le poète que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, réjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner; bref qui tiendra la bride de mes affections (= sentiments), me tournant çà et là à son plaisir. » Quel est, parmi les poètes que vous connaissez -et aimez, celui qui a le plus complètement réalisé cette belle définition?
Publié le 10/06/2020
Extrait du document
«
SUJET
Dans sa Défense et Illustration de la langue française,
le poète Joachim du Bellay a écrit : « Celui-là sera
véritablement le poète que je cherche en notre langue,
.
qui me fera indigner, apaiser, réjouir, douloi,r, aimer,
haïr, admirer, étonner; �ref qui tiendra la bride de mes
affections ( = sentiments), me tournant çà et là à son
plaisir.
» Quel ést, parmi les poètes que vous connaissez
-et aimez, celui qui a le plus complètement réalisé cette
belle définition? (Baccalauréat.)
RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES
1.
Question d'esthétique poétique assez délicate, parce que la conception
moderne de la poésie, conception plus sentimentale qu'active et pfos
incantatoire que sentimentale, nous rend assez étranger ce problème des
puissa nccs de la puésie sitr le lecteur ou l'auditeur.
:t �\1ais dans la lyrique ancienne, celle de l' Antiquité g,·Jco-fu;tine,
reprise par le X V /e siècle, le poète était cwant tout l'être privilégié_ qui
tient des dieu.1; le mystJ,·ieux pouPoir d'agir sur tes· autres hommes et
de modifie,· leurs senti,.rwnts ù son gré.
Cette co,wictiun des forces
e.i;traordinaires de la poésie est exprimée dans cle nombreux mythes,
dont le plus connu est sûrement celui d
'Orphée
apaisant les bêtes
féroces et allant jusqtt'à entntÎner les pierres.
On raconte aussi l'his
toire de Tyrtée, poète non légendaire, que les Spartiates chargeaient
d'entraîner au combat leurs jeunes soldats.
Ces puissances 4,e la poésie
semblaient si exorbitantes à certains penseurs qu'ils tillaient jusqu'à
considérer les poètes comme des êtrés dangereux.
Platon_.
les chasse
de sa République, parce que, s'ils consacrent cet extraordinaire pouvoir
à exciter des passions dissulçantes, ils peuçent ruiner la Cité; il admet
toutefois, précisément à cause de cette puissance, une poésie mâle et
(( dorienne i1, qui soutiendra la Cité.
à.
Ainsi ne pas faire àe contresens : du Bellay ne çeut pas dire, ce qui
semit une éçidence sans intér
êt, que la poésie proPoque en nous certains
sentiments, mais que le poète tient Péritablement à sa disposition les
11wuvements les plus profonds de notre âme comme l'amour ou la
ltaine, l'admiration ou le mépris (« me tournant çà et là à son plaisir ))),
Il faudra donc remarquer successivement l'originalité de cette concep·
tiun par rapport aux conceptions modernes, étuclier ensuite l'effet
pruduit chez le lecteur et les moyens de cet effet.
Le devoir peut dé/10u
·c1ter sur une intéressante discussion des rapports de la puésie et de
l' él�
(JU!J",ice,
èle la ·poésie et du classicisme, etc..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Dans sa Défense et Illustration de la langue française Joachim du Bellay a écrit: Celui-là sera véritablement le poète que je cherche en notre langue, qui me fera indigner, apaiser, réjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner; bref qui tiendra la bride de mes affections (sentiments)me tournant ça et là à son plaisir. Quel est, parmi les poètes que vous connaissez et aimez, celui qui a le plus complètement réalisé cette définition ?
- BELLAY, Joachim du (1522-1560)Poète, ami et collaborateur de Ronsard, il rédige le manifeste de la Pléiade, Défense et illustration de la langue française.
- Dans l'Avant-propos de son Histoire de la littérature française, G. Lanson écrit : »La littérature n'est pas objet de savoir : elle est exercice, goût, plaisir. On ne la sait pas, on ne l'apprend pas : on la pratique, on la cultive, on l'aime ». Vous vous interrogerez sur ce jugement, en vous référant aux oeuvres littéraires que vous connaissez ?
- Voici un mot de la langue française que vous ne connaissez pas « razobud». Vous allez imaginer ce qu'il peut signifier. Inventez 3 paragraphes indépendants les uns des autres d'une huitaine de lignes où le mot « razobud » sera le sujet central, le premier sera narratif, le second descriptif et le troisième explicatif sous la forme d'une définition de dictionnaire. N'oubliez pas les paragraphes.
- « Poésie ! ô trésor ! perle de la pensée! [...] 0 toi ! des vrais penseurs impérissable amour ! Comment se garderaient les profondes pensées, Sans rassembler leurs feux dans ton diamant pur Qui conserve si bien leurs splendeurs condensées ? Ce fin miroir solide, étincelant et dur, Reste des nations mortes, durable pierre Qu'on trouve sous ses pieds lorsque dans la poussière On cherche les cités sans en voir un seul mur. » (Vigny, La Maison du Berger.) Vous dégagerez la définition de la