Dans leur essai critique, Marivaux: un humanisme expérimental, Henri Coulet et Michel Gilot, vont même plus loin, en qualifiant le langagedans ses pièces d’«agent double», précisant ensuite: «on croit le jouer, mais l’on s’y trahit.»
Publié le 01/04/2021
Extrait du document
«
PROPOSITION DE CORRIGÉ
Les salons du XVIIème siècle apportent la preuve de l’art de la
conversation qui se développe alors dans la société mondaine, avec la pratique
d’une politesse raffinée, mais aussi des jeux d’esprit subtil, dont témoigne la
Préciosité.
Le XVIIIème siècle accentue encore cette tendance, avec de nouveaux
lieux, tels les cafés ou les « clubs » où la conversation devient le moyen de juger – et
surtout de critiquer le réel, en confrontant son opinion à celle de ses interlocuteurs.
Or , Marivaux , par la place qu’il accorde au langage dans ses pièces, est bien un
homme de son temps, et c’est ce que recouvre d’ailleurs le mot « marivaudage » : il
désigne un langage tout en subtilités qui correspondrait à une analyse approfondie
de la psychologie, notamment du sentiment amoureux.
Dans leur essai critique, Marivaux :
un humanisme expérimental , Henri Coulet et Michel Gilot, vont même plus loin , en qualifiant le langage
dans ses pièces d’« agent double », précisant ensuite : « on croit le jouer, mais l’on s’y trahit.
» Pour
montrer que ces formules peuvent s’appliquer aux Fausses Confidences , nous
analyserons, dans un premier temps , les modalités du jeu d’espionnage dans cette
comédie, pour expliquer ensuite comment le langage se révèle, finalement, trompeur.
Observation de la structure de l’introduction
-Une première partie est une « amorce » du sujet, introduit de façon progressive : il est
souvent commode de se servir des connaissances d’histoire littéraire pour en poser le
thème , pour en arriver à l’auteur concerné, ici Marivaux.
Les connecteurs permettent de
marquer cette progression.
-Est ensuite posé le sujet lui-même, dans ce cas la citation , accompagnée de sa
problématique : la consigne donnée.
-L’introduction se termine par l’annonce du plan du sujet : ici deux parties nettement
indiquées, qui correspondent aux deux éléments du jugement.
Rappelons la définition de l’« agent double », essentiel dans les services du
contre-espionnage : il travaille, en effet, pour deux services de renseignements, pour
deux états, à l’insu de l’un d’eux.
Cela lui permet non seulement d’informer son
employeur initial sur le fonctionnement de l’ennemi, mais aussi de manipuler ce
service adverse en lui transmettant de fausses informations.
Il lui faut donc faire
croire à l’adversaire qu’il a trahi, afin que celui-ci lui fasse confiance, le croit sincère.
Cette définition s’applique parfaitement au rôle de Dubois dans Les
Fausses Confidences .
Il était en effet, comme l’explique l’exposition à la scène 2,
au service de Dorante, qui a dû se séparer de lui car sa « ruine » ne lui permettait
plus de le rémunérer.
Il est alors entré au service d’Araminte, une riche veuve.
Mais il
affirme avec force sa fidélité à son premier maître : « je suis content de vous ; vous
m’avez toujours plu.
» C’est ce qui explique qu’il décide de l’aider à amener à
conquérir l’amour d’Araminte, dont Dorante est éperdument amoureux et, pour
atteindre ce but, il va s’employer, grâce à la confiance que lui accorde sa maîtresse,
à lui faire savoir à quel point Dorante est amoureux d’elle.
Mais, pour mieux la
manipuler, il ne se prive pas de lui transmettre de fausses informations, soit
directement comme quand il provoque sa jalousie en évoquant la femme « brune,
très piquante » qui poursuit Dorante de ses assiduités, soit indirectement, en utilisant
Marton ou Arlequin pour lui faire de faux rapports.
Ainsi , Dubois a toutes les
qualités – et les défauts – de l’ »agent double ».
Mais toute l’habileté de l’intrigue des Fausses Confidences vient de ce
que d’autres personnages, à leur tour, se transforment, au fil des scènes, en
« agents doubles ».
Marton, par exemple, qui soutient au début Dorante face à sa
maîtresse, dans l’espoir que se fera le mariage décidé par monsieur Remy, est celle
1.
»
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