Dans La Tradition théâtrale, Jean Vilar, metteur en scène (1912-1971), écrit : « Le théâtre n'est pas un divertissement, n'est pas un objet de luxe, mais le besoin impérieux de tout homme et de toute femme. » En un développement composé, argumenté, vous expliquerez et au besoin discuterez cette affirmation de Jean Vilar. Vous appuierez votre travail sur des exemples que vous pourrez trouver dans les spectacles auxquels vous avez assisté comme dans vos lectures théâtrales.
Publié le 09/12/2021
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Dans La Tradition théâtrale, Jean Vilar, metteur en scène (1912-1971), écrit : « Le théâtre n'est pas undivertissement, n'est pas un objet de luxe, mais le besoin impérieux de tout homme et de toute femme.
»En un développement composé, argumenté, vous expliquerez et au besoin discuterez cette affirmation deJean Vilar.
Vous appuierez votre travail sur des exemples que vous pourrez trouver dans les spectaclesauxquels vous avez assisté comme dans vos lectures théâtrales.
Introduction.
Jean Vilar est un acteur, un metteur en scène et un animateur de théâtre.
Il est à l'origine du Festival d'Avignon et,avec Gérard Philipe, du Théâtre National Populaire.
Celui-ci entendait, en reprenant ou en créant des chefs-d'œuvrede l'art dramatique universel, amener le public à un vaste répertoire.
La volonté de susciter la ferveur du public etdes comédiens, unie à une profonde générosité se retrouvent dans cette citation : « le théâtre n'est pas undivertissement, n'est pas un objet de luxe, mais le besoin impérieux de tout homme et de toute femme ».
Le sensgénéral de la citation qui s'éclaire du rapprochement des deux propositions négatives et de la dernière propositionaffirmative souligne la nécessité du théâtre dans la vie de chacun, quel qu'il soit.
,En quoi le besoin de représentation est-il inscrit au cœur de chacun, pourquoi le théâtre n'est-il ni undivertissement, ni un luxe, quelles critiques ou quelles nuances peut-on apporter à cette phrase enthousiaste etsans doute idéaliste : autant de questions auxquelles nous nous efforcerons de répondre.
I.
Le besoin de la représentation et le génie théâtral.
La représentation est inhérente au genre théâtral qui en tire sa spécificité par rapport aux autres genres littéraires.Le jeu remonte aux plus hautes époques et ceci dans l'ensemble du globe.
Nous ne prendrons que l'exemple duthéâtre grec, véritable institution sociale, qui connaît son apogée au ve siècle.
Pourquoi ?
A.
Le théâtre institutionnalise « littérairement » ce besoin déjouer, d'être un autre que chacun éprouve.• Théâtre et jeu d'enfants (« je serais et toi tu ferais...
»).• Théâtre et jeux de rôle (le succès des jeux du type Donjon et Dragons).• Théâtre et mise en situation (le sketch, la mise en situation, la simulation dans les entretiens d'embauché, dansles épreuves orales du concours d'entrée à certaines grandes écoles).• Théâtre et vie relationnelle (les relations avec autrui, même fondées sur la sincérité, n'échappent pas à un certainjeu, à une certaine mise en scène : on tient son rôle de même que l'autre).
B.
Cette présence du jeu répond à de profonds besoins psychologiques : lesquels ?• Se retrouver : contrairement à ce qu'on pourrait croire, le théâtre n'est pas qu'illusion.
A travers des trucages (lespersonnages, l'histoire, le décor, les costumes, le style même), la vérité nous est révélée de manière plus ou moinstransparente, par exemple : la nature humaine et ses vices chez Molière; la toute-puissance dévastatrice chezRacine ; la surenchère des passions et de l'idéal chez les héros de Corneille.• Échapper à ses passions en les voyant jouer par d'autres.
C'est la théorie d'Aristote de la Catharsis (=la purgationdes passions) ou, dans une acception finalement proche, le castigat ridendo mores (= corriger les mœurs par leridicule) des Anciens tel que le pratique la comédie de Molière, par exemple la pièce Edward Albee, Qui a peur deVirginia Woolf, qui évoque le sauvage happening psychologique auquel se livre un couple déchiré et alcoolique pourfinalement aboutir à un semblant de sérénité au matin après avoir détruit un couple d'invités apparemment unis(magistralement interprété au cinéma par Elizabeth Taylor et Richard Burton dans les deux rôles principaux).
C.
Le théâtre institue une participation collective.C'est l'unique genre théâtral qui associe, dans une cérémonie « vécue en direct » (et renouvelée à chaquereprésentation), le public, l'auteur et les acteurs.
Le théâtre est un genre populaire par définition (au sensprofondément humaniste que peut lui donner Jean Vilar).• Quelques grands moments de communion populaire au théâtre : le théâtre de l'Antiquité grecque, les mystères duMoyen Age, le théâtre révolutionnaire...• Quelques expériences théâtrales contemporaines renouant avec cette tradition : le Festival d'Avignon et le TNP(les réalisations de Jean Vilar précisément), la troupe d'Ariane Mnouchkine à La Cartoucherie de Vincennes, lesspectacles populaires de Robert Hossein...
D.
Le théâtre par cette présence constitue un réservoir de forces.Le théâtre est un agitateur d'idées et de foules : par exemple, le théâtre engagé (Sartre, Brecht, Camus) ; lethéâtre réactualise, pour la plus grande peur du pouvoir, des mythes, des idées, des situations qui « parlent »immédiatement au public (la guerre de Troie et les menaces pesant sur l'Europe d'après le traité de Versailles dansLa Guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux, le prologue utilisant le cadre de l'Allemagne nazie dans l'Antigone deBrecht, reprise modifiée par le grand dramaturge allemand de la pièce de Sophocle).Exemple : la surveillance et la censure dont le théâtre est victime sous tous les régimes policiers plus qu'aucunautre genre littéraire.
En qualifiant le théâtre de « besoin impérieux de tout homme et de toute femme », ce que nous avons démontré,Jean Vilar se défend de deux restrictions : « le théâtre n'est pas un divertissement, n'est pas un objet de luxe ».Pourquoi ces reproches sont-ils justifiés, ne peut-on critiquer par ailleurs le jugement émis par le metteur en scène ?.
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