DAMIEN Pierre (1007-1072)évêque d' Ostie, cardinal en 1057, représente la réaction de l'ascétisme contre l'humanisme médiéval.
Publié le 17/05/2020
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DAMIEN Pierre (1oo7-1072) évêque d'Ostie, cardinal en 1057, représente la réaction de l'ascétisme contre l'humanisme médiéval.
Au mépris du corps - De Laude Flagellum - s'ajoute celui des sciences profanes, et même de la grammaire - qui nous enseigne à décliner « Dieu » au pluriel ...
La philosophie ne doit être que la ser vante de la foi, ancilla dominae (De Fide Catholica).
Davantage- et
ici, emporté par sa haine envers une certaine philosophie, Damien rejoint la
philosophie la plus profonde - logique
et dialectique n'ont pas à intervenir
dans le domaine de la foi : Dieu n'est
pas astreint à respecter les règles de la
logique, lesquelles concernent la seule discussion et non l'essence des choses.
Le De Divina Omnipotentia affirme,
avant Descartes, la liberté radicale de Dieu, dont la volonté, cause de tout ce qui est, n'est point soumise au principe de non-contradiction.
(H.D .)
SAINT ANSELME (1033-1 rog) né à Aoste, sa carrière se déroula en partie au monastère du Bec en Normandie
(jusqu'en 1093) et à Canterbury dont il fut archevêque, jusqu'à sa mort.
Ses ouvrages les plus importants sont le Monologium, le Proslogium où est exposé le célèbre argument ontologique et quatre dialogues dont le plus connu est le De Veritate.
La réflexion d'Anselme repose sur une définition très précise des rapports entre la raison et la foi : il faut d'abord s'établir fermement dans la foi, et ne pas soumettre les Ecritures à la dia
lectique.
On ne raisonne pas afin de croire, mais il est nécessaire de croire pour être à même de raisonner ensuite.
A vrai dire, Anselme ne dévalue pas la
raison, mais il lui attribue un rôle bien
particulier, qui n'est nullement d'être
un simple adjuvant de la foi; la raison se situe, en effet, entre la foi (connaissance ex auditu) et la contemplation (connais sance réservée aux élus); elle représente une étape intermédiaire par laquelle on peut parvenir à la contemplation.
La raison étant ainsi définie, on comprend qu'Anselme ait eu en elle une confiance illimitée (au point de prétendre démontrer la nécessité de la Trinité et de l'Incar
nation), et on s'explique mieux l'extra
ordinaire ingéniosité dialectique dont il a fait montre.
Mais il s'est surtout appli qué à trouver des démonstrations de l'existence de Dieu.
Les trois preuves du Monologium sont purement dia
lectiques et partent de la constatation de l'inégale perfection des êtres et des choses.
L'argument ontologique est plus
simple dans sa formulation.
Même l'« in sensé » qui nie l'existence de Dieu, dit
Anselme, accepte la définition que la foi propose : Dieu est tel que rien de plus
grand ne peut être pensé.
Or le simple fait de concevoir cette idée implique
l'existence de Dieu.
Certes, c'est une chose de concevoir une réalité, autre chose de comprendre qu'elle existe; mais l'idée de l'être le plus grand possède une exi gence propre : si elle n'existait, en effet, que dans le seul intellect, l'idée de quelque chose de plus grand que l'idée de l'être le plus grand pourrait être pensée, ce qui est contradictoire : il faut donc que
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l'être tel que rien de plus grand ne peut être pensé existe aussi dans la réalité.
On a voulu voir dans cet argument la
première pierre de la théologie ration
nelle : en fait, il a moins pour but, chez
Anselme, de prouver de l'extérieur l' exis tence de Dieu que de faire découvrir le caractère auto-affirmatif de cette idée à
qui l'admet dijà.
Les critiques que lui adressa le moine Gaunilon sont claires à cet égard : on n'a nullement le droit,
disait-il, de confondre l'esse in intellectu avec l'esse in re, et seule l'expérience
peut apporter une connaissance démon trable.
Et il est vrai que, pour Anselme, l'esse in intellectu est dijà un esse in re, comme le prouvent ses attaques contre Roscelin et les nominalistes; si l'on peut
passer de l'idée à l'être, c 'est que les idées sont dijà des êtres, et cette position
réapparaîtra, somme toute, chez tous les partisans de l'argument ontologique.
(M.C.)
ROSCELIN DE COMPIÈGNE (vers 1050-1 120) né en cette ville, enseigna à Tours,
Loches et Besançon, où il mourut.
Sa pensée ne nous est connue que par l'inter
médiaire de ses contradicteurs : Abélard,
qui fut son élève, saint Anselme.
Il semble avoir été le premier à proposer, en toute clarté, la solution nominaliste du problème des Universaux.
Dijà Boèce disait que la logique et la dialec
tique portent non pas sur les choses, mais sur les mots qui les signifient.
Pour Roscelin, l'idée générale n'est
rien sinon le mot par lequel on la désigne, et les substances individuelles représentent la seule réalité véritable.
D'où une interprétation audacieuse du dogme de la Trinité - laquelle se compose, selon lui, de trois substances distinctes.
( H.D.)
BERNARD DE CHARTRES (xn• siècle) enseigna en cette ville - centre intellec
tuel le plus actif du xn• siècle - de 1 II 4 à 1 1 24.
Nous ne le connaissons que par Jean de Salisbury qui, tout en le présentant comme un grammairien, le qualifie de « plus parfait platonicien de notre temps ».
La grammaire n'était
pas alors conçue comme une discipline
étroite, mais comme réflexion sur le langage, et, à travers lui, sur l'être même.
Bernard lisait les Anciens pour
y trouver des notions philosophiques
susceptibles d'être utilisées en ce sens :
ainsi de la distinction de la forme et de la matière, de la théorie des Idées et de la Participation, laquelle nous permet de comprendre le rapport du mot primitif, de la racine, à ses dérivés.
Souci non d'érudition mais du progrès de la cul ture : nous voyons plus loin que les Anciens, parce que « nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants ».
(H.D.)
GUILLAUME DE CONCHES (ro8o-1 145) fut l'élève de Bernard de Chartres, et
c'est dans l'esprit de celui-ci qu'il commenta le Timée, où il prétendit trouver la description de la création du monde par Dieu.
Son œuvre considérable
dénote un souci scientifique indéniable : le trivium n'intéresse que l'éloquence, au contraire du quadrivium - la
philosophie - qui traite des « choses qui sont ».
La Philosophia Mundi propose de la nature une image inspirée
à la fois de Platon, d' Epicure et des stoïciens, où l'atomisme se combine à la philosophie des Idées.
Recours à l'expli
cation naturelle, esquisse d'une physique autonome qui ne prétend pas s'opposer
à la théologie mais se rifère à la Sagesse divine, au monde des Idées, causes for
melles des créatures.
( H.D.)
SAINT BERNARD (rogo-1 153) abbé de Clairvaux, prêcha à Vézelay
la deuxième croisade.
Grand politique,
grand riformateur,
il est aussi à l' ori
gine de la doctrine de l'amour mys
tique.
Combattant les maîtres à penser,
tel Abélard, il écrivait que « toute la
philosophie consiste en la connaissance de Jésus crucifié ».
Le mysticisme
emprunte ici les voies de la foi : il est règle de vie, qui prétend restaurer l'homme.
Le retour à Dieu débute par la
considération, réflexion sur nous-mêmes
qui nous conduit à l'humilité, et s'achève
dans l'extase, où nous sommes unis à
Dieu.
Mais comment celui qui n'est
rien peut-il s'unir à Celui qui est ? Dans
la Charité, qui est Amour : union des volontés, non des substances.
( H.D.)
HUGUES DE SAINT-VICTOR (rog6-1 141) Auteur du De Sacramentis, véritable somme théologique dans laquelle le drame chrétien tout entier s'ordonne
autour de deux événements, la Création
et l'Incarnation, Hugues de Saint Victor enseigna à l'abbaye des chanoines de Saint- Victor, à Paris.
A ses yeux,
la contemplation n'exclut pas le savoir : elle l'achève.
Le mystique ne doit pas
négliger l'étude, mais y surpasser les
autres, et la contemplation est le terme d'une série d'exercices dont la progres
sion est strictement définie : enseignement, lecture - Hugues est l'auteur d'un art de lire, le Didascalion - méditation, prière.
Il ne prétend pas atteindre à une expérience exceptionnelle, mais seulement
à la paix et à la joie dans le recueillement.
(H.D.)
PIERRE LE LOMBARD (vers 1 roo-vers II 64) Le xn• siècle vit l'apparition d'ouvrages dont Jean Damascène avait fourni le modèle : recueils des opinions des Pères de l'Eglise, groupées par questions
suivant un ordre défini, fruits du désir de rassembler la tradition chrétienne « en un seul corps », de la vstématiser, de la codifier.
Le recueil de Sentences le plus célèbre fut celui de Pierre Le
Lombard, dit « le Maître des Sen tences », recueil qui fut utilisé durant
tout le xm• siècle.
Le sententiaire réunit les opinions, les discute, met en lumière leurs contradictions, et choisit entre elles
conformément à l'orthodoxie.
La dialec
tique n'est plus alors que « scolastique », méthode non d'invention mais de discus sion, et qui vise à clarifier, à expliciter une vérité que dijà l'on possède.
( H.D.).
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