Cyrano explication linéaire: Quel est l'intérêt pour Cyrano de Bergerac de faire prononcer ce réquisitoire par une perdrix ?
Publié le 13/11/2021
Extrait du document
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Texte 4 Cyrano, L’Autre Monde
Introduction : Plus connu par la pièce d'Edmond Rostand (1897) que par son œuvre, Savinien de Cyrano de
Bergerac rédige entre autres un récit utopique, dans lequel il imagine une série de voyages sur la lune, sur
terre et sur le soleil, qui sont autant d'occasions de livrer une critique sur le monde réel.
Dans ce texte, un
aventurier, Dyrcona, se rend sur le soleil où la société des oiseaux lui intente un procès car il est un être
humain, leur ennemi juré.Il se voit ainsi accusé par une perdrix nommée Guillemette la Charnue qui , ayant
été blessée par la balle d'un chasseur, demande réparation « à l'encontre du genre humain ».
Dès lors, le
tribuneal doit juger si Dyrcona est un homme et s'il mérite la mort.
Lecture du texte
Problématique : Quel est l'intérêt pour Cyrano de Bergerac de faire prononcer ce réquisitoire par une
perdrix ?
Mouvements du texte :
1er pargraphe : exposition du problème à traiter et examen des conséquences (paragraphe 1 et 2)
2ème paragraphe : postulat : toutes les créatures sont faites pour vivre en société
3ème paragraphe : création d'une société inégalitaire par l'homme
Le discours de Guillemette montre qu'elle est une avocate brillante
L’accusé est le seul homme : Dyrcona.
La perdrix plaide ici contre la partie et les oiseaux constituent les
jurés.
Le discours suit une construction rigoureuse, avec un vrai fil conducteur
Le nœud de l’affaire consiste à savoir si cet animal, en réalité Dyrcona, est un homme, et si pour cela il
mérite la mort (l.
1-2).
On peut admirer l’aspect logique du raisonnement : le discours commence par
l’exposition du problème à traiter (trancher si Dyrcona est un homme) et se poursuit sur l’examen de ses
conséquences (« si pour cela il mérite la mort », l.
4).
Les arguments qui appuient cette thèse sont : l’homme, sous prétexte d’être supérieur, se comporte comme
un barbare avec les autres créatures qu’il mange, massacre ou martyrise, il mérite donc la mort.
La rigueur et
le caractère implacable du raisonnement sont mis en évidence par les nombreux connecteurs logiques : «
premièrement », « secondement », « troisièmement », « quatrièmement », « cinquièmement », « sixièmement
», « septièmement », « conclusion » (l.
5 à 11), « or » (l.
16 et 21), « Mais » (l.
31 et 37), « et par conséquent
» (l.
18), « C’est ainsi que » (l.
35).
Les points-virgules servent à enchaîner les arguments qui prouvent que
Dyrconaest un homme .
Leur accumulation et juxtaposition viennent confirmer la multiplicité de ces preuves
et l'absence de « difficultés »(l.5)à démontrer ce point de vue.
Guillemette a le souci de l' « examen » nécessaire à toute enquête (examinons / examiner), de la description
des faits(« j'ai pris garde ») .
Pour démontrer que Dyrcona est un homme, la perdrix met en avant tout ce qui le différencie des animaux
et qui représente aux yeux des animaux, un défaut, un aspect repoussant ou une marque de folie.L'oratrice est
amusante par son identité animale.
C'est une avocate mais aussi une perdrix, d'où ses références et ses
repères.Elle applique à l'homme le vocabulaire des oiseaux.
Son physique est repoussant, l’homme fait peur,
les animaux, à sa vue, éprouvent un « sentiment d’horreur » (l.
6), ils le trouvent « plumé comme un galeux »
(l.
8-9) (il est poilu mais n’a pas de plumes), il a des dents, décrites comme « une quantité de petits grès
carrés » (l.
9) ; « large bec » pour la bouche ; « gigots » pour les jambes .
Non seulement il a un physique
maladif mais en plus, il manque de savoir-vivre et se comporte comme un rustre (« se mouche comme un
vilain », l.
8).Les croquis qu'elle brosse créent de petites saynètes qui mêlent réalisme et caricature de l'être
humain (qui pleure et rit, qui s'adonne à des pratiques curieuses et apparemment irraisonnées comme la
prière.
Le vocabulaire juridique est présent tout au long du texte : « affaire »(l.3), « procès », « assemblée »,
« chambres », « loi » (l .24), « examen », « examinons », « examiner »(l.19), « preuve », « si je
prouve »(l.21), « ne prouverais-je pas »(l.22), « droit »(l.33).
La perdrix utilise les formules d'adresses,
« messieurs »(l.20) et les interrogations rhétoriques que l'on retrouve habituellement dans les
plaidoiries(l.32).
Le passage reprend la démarche juridique avec la recherche des causes, l'examane des
conséquences (« par conséquent », l.18) et le verdict.
Il s'agit en fait d'une parodie de procès, l'aspect
comique est mis en avant d'abord par la situation inversée qui place l'homme en position d'infériorité devant.
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