Cuba - 1982-1983: Crise économique sous pression américaine
Publié le 14/09/2020
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Cuba 1982-1983
Crise économique sous pression américaine
L'année 1982 s'annonçait difficile à Cuba, mais la réalité
a dépassé les pronostics les plus pessimistes.
L'aggravation de la situation économique peut être imputée, pou
r l'essentiel, aux difficultés de l'économie
mondiale.
Le gouvernement cubain a tenté de dynamiser les entreprises
en faisant appel à des
mécanismes de marché, mais l'évolution du marché internation
al est venue contrecarrer des premiers
résultats prometteurs.
Les taux d'intérêt sur la dette extérieure en monnaie convertib
le ont diminué pendant l'année 1982, mais
ce "gain" n'a compensé qu'une infime partie des devises perdues en ra
ison de la chute du prix du sucre
(90% des recettes d'exportation) et du non-renouvellement des lignes d
e crédit à court terme.
Le prix du
sucre sur le marché mondial est tombé à 8,41 cents la livre (m
oyenne annuelle), contre 16,89 cents en
1981 et 28,66 cents en 1980.
Plus grave encore: cette dépression des
cours du sucre a des causes plus
profondes que celles responsables des habituelles oscillations des prix.
Ces dernières étaient dues en
effet aux aléas climatiques qui influençaient le volume des réc
oltes chez les exportateurs traditionnels
(tous des pays sous-développés).
Mais cette fois, l'excédent
apparu sur le marché est le fait d'une
formidable expansion des exportations de la part de pays bénéficia
nt d'une agriculture moderne (ceux de
la CEE, l'Australie, le Brésil et l'Afrique du Sud), et de l'énor
me percée de la fructose de maïs, substitut du
sucre dans l'industrie alimentaire.
Les États-Unis, ont consommé 3
millions de tonnes de fructose en 1982
(25% environ de la consommation d'édulcorants).
Le non-renouvellement des crédits à court terme accordés à C
uba par les banques occidentales avait
commencé fin 1981.
A la fin de 1982, La Havane n'avait pu obtenir que
quelque 250 millions de dollars
sur le milliard nécessaire au fonctionnement normal de la trésorer
ie de son commerce extérieur.
Les
réserves en devises étant tombées, début août 1982, à
132 millions de dollars (moins de deux mois
d'importations en provenance de l'Occident), Cuba a dû cesser le rem
boursement du principal et
demander un rééchelonnement de sa dette, afin d'assurer son approv
isionnement courant.
Les Cubains n'ont pas obtenu le traitement de faveur auquel ils auraient
pu prétendre en raison de leur
sérieux en matière financière.
A part l'Argentine, qui a négocié directement avec Cuba tout en lu
i accordant un crédit supplémentaire,
tous les autres créanciers ont exigé une négociation collective
.
Cuba a ainsi dû rédiger une "lettre
d'intention" s'engageant à limiter au maximum ses importations en dev
ises, et à utiliser toute nouvelle
recette pour augmenter ses réserves de changes.
En contrepartie, les
créanciers ont accepté de
rééchelonner les versements du principal dus entre septembre 1982
et décembre 1983, et non pas toutes
les échéances jusqu'à fin 1985, comme l'avaient demandé les
Cubains.
Celles-ci ne seront renégociées
qu'au fur et à mesure, en fonction du respect des engagements signé
s.
Cuba a donc obtenu un délai de
grâce de trois ans, mais la période de remboursement demandée (
10 ans) a été raccourcie (7 ans).
Les
banques ont en outre augmenté leur marge à 2,5% au-dessus du taux
de l'euromarché, et exigé 1/4%
de frais de renégociation.
On peut donc se demander si Cuba n'aurait
pas été mieux traitée si, comme la
Hongrie, elle avait pu bénéficier d'un crédit d'urgence de la B
anque des règlements internationaux, et des
facilités à faible taux d'intérêt du Fonds monétaire inte
rnational.
Les Cubains en sont ainsi réduits à gratter les fonds de tiroir po
ur surmonter le problème du manque de
devises.
Une des mesures les plus intéressantes, révélatrice du
nouveau pragmatisme des autorités
cubaines, a été la législation adoptée le 15 février 1982
, autorisant les investissements étrangers: les
compagnies étrangères pourront non seulement investir dans des nou
velles capacités productrices
(jusqu'à concurrence de 49% du capital et avec pleine liberté de
gestion), mais aussi fonder des sociétés
de gestion, pour prendre en main les entreprises existantes déficitai
res.
Le plan pour 1982 prévoyait déjà une chute de 8% dans les inves
tissements.
Le déclin a été de 10%.
Bien que la récolte de sucre ait été excellente (8,2 millions
de tonnes), l'ensemble de la production
matérielle ne s'est accru que de 2,5% aux prix courants, ce qui impli
que probablement une stagnation en
volume.
Le niveau de la consommation s'est en revanche maintenu, mais av
ec une importante diminution.
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