Cours sur l'état

« L’Etat - Perspective politique On pourrait d’abord s’interroger sur ce qui distingue les sociétés humaines des sociétés animales… En se référant à la nature, ce qui semble suffisant pour l’animal, cela voudrait dire pour l’homme qu’il a une disposition naturelle à s'associer.

En philosophie politique, ce principe devient celui de la sociabilité naturelle de l'homme.

Or, toute société est caractérisée par des tensions, des crises, des conflits qui semblent rendre nécessaire le dépassement d'une disposition naturelle qui, par elle seule, ne permettrait pas aux hommes de s'associer. Comment faut-il donc penser la société ? Peut-on considérer que l’homme est naturellement sociable ou bien que la société n'est qu'une convention ? La réponse que l’on apporte à ces questions n’est pas sans conséquence sur la conception qu'on peut se faire de l'État.

En effet, si l'État a affaire à une société déjà assemblée et cohérente, l'État fait figure d'institution politique par excellence, au service d'une fin collective, qu'il s'agisse de la liberté, de la justice, du bonheur, de la fraternité (comme pour la République Française).

Si ce n’est pas le cas, l'État doit au contraire considérer sa propre existence institutionnelle comme un résultat fragile qu'il s'agit de perpétuer faute d'une meilleure ambition possible. Comment faut-il donc concevoir le rôle et l’ambition de l'État ? Doit-il seulement exister comme structure pour la société ? Ou peut-on lui donner un sens moral, contribuer au bonheur, à la vertu des individus ? Cette question concerne la manière dont l'État intervient : doit-il se soucier des moindres aspects de la vie de la société ou bien se contenter d'assurer la condition de possibilité du fonctionnement de cette société ? L'État se définit comme autorité souveraine sur un peuple ou sur un territoire : il s'agit donc, quelle que soit son ambition, d'une structure, d'un système d'institutions.

L’autorité de l’Etat a une double signification : politique, en déterminant des objectifs, des fins souhaitables ou au moins possibles ; mais aussi administrative, en appliquant et garantissant une réglementation restrictive. Ici, la question est de savoir si le pouvoir de l'État n'a pas tendance à perdre sa dimension politique, pour un rôle d’administration et de gestion… L'État n'est-il plus alors qu’un cadre formel ou peut-il encore avoir d’autres ambitions ?. »