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Cours sur la technique

Publié le 13/05/2024

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« LA TECHNIQUE Liberté*/Temps/Bonheur*/Etat/nature*/travail Il sera question de la technique dans Nature, Travail. Cours liberté : le II : liberté au sens de puissance I.

Définitions, remarques et problématisation 1) Définitions et remarques Aristote : Disposition à produire accompagnée de règle exacte.

En ce sens, la technique, c’est d’abord un savoir-faire, une méthode qui assure l’efficacité d’une action.

Ce procédé peut être appris et transmis.

C’est la technique au sens de la techné (art en grec). Technè combine les capacités de raisonnement et le pouce opposable. Le concept de technique désigne aussi les moyens techniques dont nous disposons.

Il s’agit alors notamment des outils, des appareils et des machines.

Ils sont le résultat de l’invention et de la fabrication. Outils / Machines : - Les outils sont des objets manipulés par l’homme en vue d’une certaine fin.

Ils sont le prolongement du corps humain et son extension.

Ils permettent de faire ce que le corps ne peut pas faire seul.

La pelle permet de mieux creuser, les jumelles de mieux voir. - Les machines sont indépendantes des actions et de l’énergie humaine.

La machine implique un automatisme (la capacité à se mouvoir seul) et, quand elle est perfectionnée, une «quasiautonomie » (capacité à régler son action soi-même). R1 : L’outil s’adapte au fonctionnement de l’homme ; l’homme s’adapte au fonctionnement de la machine.

L’outil exige le travailleur, la machine tend à le remplacer (pb du chomage ou de la reconversion forcée). Tx 1 : Arendt, Condition de l'homme moderne, 1958 : « On ne s'était jamais demandé si l'homme était adapté ou avait besoin de s'adapter aux outils dont il se servait : autant vouloir l'adapter à ses mains.

Le cas des machines est tout différent.

Tandis que les outils d'artisanat à toutes les phases du processus de l'oeuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu'il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique.

Cela ne veut pas dire que les hommes en tant que tels s'adaptent ou s'asservissent à leurs machines ; mais cela signifie bien que pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain. 1 L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il ne peut ni guider ni remplacer.

La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait.

» R 2 : Les hommes sont des individus techniques.

Ils sont tout autant inventeurs et manipulateurs de techniques que des individus transformés par la technique.

Par exemple, la maitrise du feu en permettant une prédigestion des aliments a modifié notre mâchoire et donné plus de place au développement du cerveau. R3 : La technique est un fait anthropologique universel.

Elle est consubstantielle à toutes les sociétés humaines et opèrent dans toutes ses activités (le travail, le loisir, l’art, la religion, etc.). Il n’y a pas de sociétés techniciennes et des sociétés sans technique. 2) Problèmes La technique n’est pas menaçante ou dangereuse en elle-même ; c’est son usage qui l’est.

Un même objet technique peut avoir un usage ambivalent : un couteau peut servir à couper des légumes comme à tuer.

Il est dès lors important de distinguer trois types de problèmes : - Les problèmes techniques (comment faire ?) : trouver des solutions à des problèmes concrets (comment guérir l’Alzheimer ? Comment décarboner l’économie ? Comment faire pour cloner un génome humain?) - Les problèmes prudentiels (comment bien faire ?) : Comment empêcher que le gain de PUISSANCE produise de l’IMPUISSANCE ? (Comment éviter les retours de bâton, les externalités négatives) Ex : Comment sécuriser les centrales nucléaires ? Comment diminuer le réchauffement climatique ? - Les pbs éthiques (Comment faire le bien ?) : Une fois qu’on sait faire, et qu’on sait bien le faire : Faut-il le faire ? Est-ce bien ? Est-ce juste ?) Ex : Faut-il cloner les embryons ? Faut-il renoncer ou non à l’énergie nucléaire ? I.

Technique et nature D’abord : Cf.

cours sur la nature. Deux compléments : Un sur l’ « efficacité », un autre sur les « externalités négatives ». 1) L’efficacité Qu’est-ce qu’on appelle « technique efficace ? » Notion d’efficacité est relative.

Efficace / quoi ? 2 Domination nature, profits : pêche intensive efficace.

Mais / préservation de la faune marine ou / gaspillage, pêche intensive peu efficace (beaucoup d'engins et de méthodes de pêche ont une faible sélectivité.

Au niveau mondial, le poids des rejets est estimé à 27 millions de tonnes, soit environ le quart des captures totales). On confond efficace et rentable à court ou moyen terme. Tx 2 : Pierre Clastres, La société contre l'État, 1974, :« Si l'on entend par technique l'ensemble des procédés dont se dotent les hommes, non point pour s'assurer la maîtrise absolue de la nature (ceci ne vaut que pour notre monde et son dément projet cartésien dont on commence à peine à mesurer les conséquences écologiques), mais pour s'assurer une maîtrise du milieu naturel adaptée et relative à leurs besoins, alors on ne peut plus du tout parler d'infériorité technique des sociétés primitives : elles démontrent une capacité de satisfaire leurs besoins au moins égale à celle dont s'enorgueillit la société industrielle et technique.

» 2) Les externalités négatives La technique obtient une puissance qui pose elle-même des difficultés non voulus (externalités négatives).

Le cas typique actuel est celui du réchauffement climatique. Il faut donc maîtriser prudentiellement et moralement notre maîtrise technique, comme l’explique ce texte de Larrère commentant Hans Jonas : Tx 3 Catherine Larrère Développement durable : Quelques points litigieux in Les Ateliers de l’Ethique Volume 1 n°2 Automne 2006 : « Le paradoxe de la situation actuelle de la technique, relevé par Jonas, est que ce sont nos succès mêmes qui posent problème.

Nous sommes parvenus à un niveau de puissance technique sans précédent : nos actions techniques ont des effets globaux, dans l’espace (comme le montrent les problèmes d’effet de serre : l’émission de gaz à un point quelconque du globe a des répercussions sur l’ensemble du climat), comme dans le temps (la durée de la radioactivité des déchets nucléaires).

C’est pourquoi la technique pose un problème moral, qui se situe à son niveau propre, et pas seulement à celui des fins au service desquelles elle serait mise.

Ce n’est plus seulement, en effet, la qualité des fins, ce sont les effets non voulus des interventions 3 techniques dans la nature qui conduisent à réfléchir au statut moral de la technique.

D’où le problème d’une régulation de notre puissance, d’un effort pour la contrôler, pour la limiter.

Une des idées principales de Jonas est qu’il n’y a pas de solution purement technique aux problèmes posés par la technique.

Cela ne fait que reconduire le processus, qui est celui des conséquences involontaires .

On ne fait donc qu’élargir le processus, qui est celui de l’augmentation d’une puissance qui se développe sans se contrôler elle-même.

Maîtriser notre maîtrise, c’est donc changer le régime de la maîtrise, passer de la technique (maîtrise de la nature) à la maîtrise non technique de la maîtrise, à l’éthique, comme contrôle de l’« agir humain ».

» RQ : Il y a une erreur de pensée à considérer que c’est à cause de la technique que nous nous représentons la nature un stock disponible d’énergie et de profit. - D’abord, parce que la technique n’implique pas de concevoir la nature comme un mécanisme.

Toute société humaine est une société technique.

Or toutes les sociétés humaines ne conçoivent pas la nature comme un stock disponible, une pure matérialité déterminée par des lois mécaniques. - Ensuite parce que la technique n’est pas une spécificité humaine.

Les progrès dans l’étude du vivant, la biologie et l’éthologie, montrent clairement que les animaux sont capables de technique. Concl : ce n’est pas la technique qui pose un problème écologique, mais la conception moderne de la nature, impliquée par la science, associée à la mentalité capitaliste et à son développement (cf.

cours sur le travail). II.

Technique et dignité humaine 1) L’exercice de son métier d’homme La technique comme capacité de recombinaison pertinente d’éléments préexistants (bricolage) a des qualités certaines : a) Elle rend l’impossible possible, le difficile facile, ce qui rend l’homme plus libre et plus heureux (en qui concerne le bonheur, c’est discutable, car l’homme s’habitue assez vite au niveau d’aisance qu’il a acquis, et qu’il considère dès lors comme « normal ».) b) Elle montre que l’homme n’est pas un animal enfermé dans des routines : qu’il est ouvert au monde, curieux, imaginatif, capable de trouver des rapports entre des choses qui au départ ne sont pas ensemble.

Elle prouve que l’homme est un être libre (souple) et intelligent.

Et elle permet d’exercer cette souplesse et cette intelligence. 4 c) Elle tisse un lien concret entre l’homme et la matière ; l’homme et la nature.

La technique plus concrète encore que la science, est ce par quoi l’homme s’approprie la nature,.... »

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