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COURS SUR LA NATURE ET LA TECHNIQUE

Publié le 25/03/2024

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« COURS SUR LA NATURE ET LA TECHNIQUE I Qu’est-ce que la nature ? La notion est polysémique.

Nous devons faire l’effort d’en trouver les nombreuses acceptions pour savoir de quoi l’on parle. I.1 La nature comme environnement Quand nous parlons de nature, nous parlons souvent de l’environnement naturel. L’environnement naturel renvoie la plupart du temps à ce que nous trouvons hors des centres urbains où vit massivement la population aujourd’hui.

Ainsi nous associons l’environnement naturel et par extension la nature à la campagne, à ce qui n’est pas modifié par l’habitat ou la présence humaine.

Et il arrive souvent que nous recherchions la nature pour trouver la tranquillité et le bien-être alors que la ville pollue nos corps et tourmente nos esprits. La nature serait ainsi un havre de paix, un environnement propice au ressourcement et à l’émerveillement.

Elle serait le lieu dans lequel nous pourrions renouer avec une harmonie perdue et avec notre enfance.

C’est pourquoi nous déplorons sa dégradation.

Cette compréhension de la nature comme milieu propice à la sérénité et au bonheur est la vision de Rousseau mais aussi de fameux penseurs américains du XIXème comme Thoreau et Emerson. Voilà bien une soirée délicieuse, quand le corps tout entier n’est plus qu’un sens et absorbe le plaisir par tous les pores de la peau ! Je vais et je viens avec une étrange liberté dans la Nature, je me fonds avec elle.

Lorsque je longe la rive pierreuse du lac, en bras de chemise malgré le temps frais, nuageux et venteux, sans rien remarquer de particulier qui soit digne d’attirer mon attention, je me sens étrangement à l’unisson de tous les éléments.

Les grenouilles-taureaux trompettent pour annoncer la nuit et les bourrasques m’apportent de l’autre rive la voix de l’engoulevent.

L’élan de sympathie qui me pousse vers les feuilles frémissantes de l’aulne et du peuplier me coupe presque le souffle ; pourtant comme le plan du lac, ma sérénité se ride sans vraiment se troubler.

Ces vaguelettes soulevées par le vent du soir sont aussi éloignées de la tempête que la surface lisse semblable à un miroir.

Bien qu’il fasse maintenant nuit, le vent souffle et rugit toujours dans les bois, les vagues se brisent, et quelques créatures bercent les autres de leur chant.

Le calme n’est jamais complet.

Les plus sauvages parmi les animaux, loin de se reposer, cherchent maintenant leur proie ; le renard, le putois et le lapin rôdent à travers champs et bois, sans peur.

Ce sont les veilleurs de la Nature -les liens qui relient les jours de la vie animée. Henry David Thoreau, Walden, Editions Le mot et le reste, p 145 1.

Montrez que l’approche de la nature faite par l’auteur est concrète et sensible. 2.

Quels sentiments Thoreau éprouve-t-il en se promenant dans la nature ? Concret : - (sens ordinaires) en tant qu’adjectif ce qui est concret se dit de ce qui se rapporte à la réalité matérielle, tangible.

Le mot peut aussi désigner ce qui a le sens des réalités (par exemple un esprit concret par opposition à un esprit rêveur, irréaliste). - (sens ordinaires) en tant que nom, c’est la qualité de ce qui est concret ; l’ensemble des choses concrètes. L’usage philosophique du terme coïncide en général avec son emploi habituel et renvoie généralement à la réalité des êtres ou des objets tels qu’ils sont donnés par l’expérience, par opposition à l’abstrait, qui se situe dans l’ordre de la pensée et non de l’existence matérielle, et au général, qui englobe les qualités communes à plusieurs êtres ou objets. La philosophie de A à Z, Editions Hatier. 1) Montrez que l’approche de la nature faite par l’auteur est concrète et sensible. Pour Thoreau, la nature n’est pas un concept, une abstraction, elle est un milieu qui se découvre avec le corps.

L’approche de la nature est concrète et sensible.

« Le corps tout entier n’est plus qu’un sens et absorbe le plaisir par tous les pores de la peau.

» Dans ce contexte l’homme ne surplombe pas la nature, il en est un élément qui touche d’autres éléments et le contact est délicieux (une, « soirée délicieuse »). Pour Thoreau l’homme semble pleinement exister quand il est dans la nature, quand il se fond en elle, quand il est « à l’unisson de tous les éléments ». Ainsi l’homme n’est pas un être à part dont la spécificité est de penser la nature pour la réduire à une idée que l’intelligence manipule ou que la technique transforme, il n’est qu’une partie de la nature avec laquelle il peut renouer en étant, par l’intermédiaire de son corps à son écoute. L’homme est un animal parmi les autres.

Il sent la nature.

En elle il est chez lui.

Et la nature est toujours en mouvement ; elle bruit en permanence sous la force des éléments et l’agitation des animaux. 2) Quels sentiments Thoreau éprouve-t-il en se promenant dans la nature ? Thoreau parle d’une « soirée délicieuse ».

Il éprouve du plaisir à marcher dans un environnement préservé, loin des artifices urbains.

Il évoque aussi un sentiment de liberté, une « étrange liberté », que la nature lui offre quand il se fond en elle. L’étrangeté vient sans doute du fait que la liberté n’est pas gagnée par un mouvement laborieux d’émancipation.

Elle n’est pas issue d’une négation pour s’extraire d’un environnement aliénant.

Non, ici la liberté se donne dans l’immersion. Il s’agit d’une sorte de rapatriement salvateur vers ce que nous sommes intimement, profondément : un être naturel qui s’éprouve comme tel en s’unissant à la nature. Thoreau ressent aussi un « élan de sympathie » à l’égard du végétal.

Un élan intense. Toutefois l’intensité des sentiments n’est pas incompatible avec la sérénité que le contexte provoque. A vrai dire, peu d’adultes sont capables de voir la nature.

La plupart des gens ne voient pas le soleil.

Du moins en ont-ils une vision très superficielle.

Le soleil ne fait qu’éclairer l’œil de l’homme, alors qu’il brille à la fois dans l’œil et dans le cœur de l’enfant.

L’amoureux de la nature est celui dont les sens internes et externes sont encore réellement ajustés les uns aux autres et qui a gardé l’esprit d’enfance jusque dans l’âge adulte.

Son commerce avec le ciel et la terre devient une part de sa nourriture quotidienne.

En présence de la nature une joie sauvage parcourt cet homme, en dépit des chagrins réels.

La nature dit : « Il est ma créature et malgré l’insolence de son affliction il sera heureux avec moi.

» Ce n’est pas le soleil ou l’été seulement, mais chaque heure, chaque saison qui apporte son lot de plaisir ; car chaque heure et chaque changement correspondent, en même temps qu’ils le permettent, à un état d’esprit différent.

Dans les bois, un homme se débarrasse de ses années comme le serpent de son ancienne peau – et à quelque période de la vie qu’il soit, il est toujours un enfant.

Dans les bois se trouve la jeunesse éternelle.

Parmi ces plantations de Dieu règnent la grandeur et le sacré, une fête éternelle est apprêtée, et l’invité ne voit pas comment il pourrait s’en aller en un millier d’années.

Dans les bois nous revenons à la raison et à la foi.

Là, je sens que rien ne peut m’arriver dans la vie, ni disgrâce ni calamité (mes yeux m’étant laissés) que la nature ne puisse réparer.

Debout sur le sol nu, la tête baignée par l’air joyeux et soulevée dans l’espace infini, tous nos petits égoïsmes s’évanouissent.

Je deviens une pupille transparente ; je ne suis rien, je vois tout ; les courants de l’Être universel circulent à travers moi ; je suis une partie ou une parcelle de Dieu.

Je suis l’amant de la beauté immortelle et sans entraves.

Dans la nature sauvage, je trouve quelque chose de plus cher et de plus primordial que dans les rues ou les villages.

A travers la tranquillité du paysage, et spécialement sur la ligne lointaine de l’horizon, l’homme contemple quelque chose d’aussi magnifique que sa propre nature. Le plus grand plaisir que procurent les champs et les bois est la secrète relation qu’ils suggèrent entre l’homme et les végétaux.

Je ne suis pas seul et inconnu.

Ils me font signe, et moi de même. […] Ses effets sont semblables au sentiment qui me submerge d’une pensée plus haute ou d’un sentiment meilleur lorsque j’estime que j’ai bien agi ou pensé avec justesse.

Cependant, il est certain que la faculté de produire ce plaisir ne réside pas dans la nature mais dans l’homme, ou dans une harmonie des deux. Ralph Valdo Emerson, La Nature, Editions Allia, pp 11-15 1.

Qu’est-ce qui caractérise « l’amoureux de la nature » selon l’auteur ? 2.

Expliquez les passages suivants : « Dans les bois, un homme se débarrasse de ses années comme le serpent de son ancienne peau » ; « Dans les bois nous revenons à la raison et à la foi »..... »

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