cours religion notion philo
Publié le 12/06/2024
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«
LA RELIGION
Introduction
On distingue les religions polythéistes (par
exemple : les Grecs et les Romains dans l’Antiquité, les
Gaulois, les Egyptiens, le Bouddhisme, l’Hindouisme,
ect…) et les religions monothéistes : le judaïsme, le
christianisme (catholiques, orthodoxes, protestants) et
l’islam (sunnites, shiites, …).
On distingue également :
les croyants, qui croient en Dieu et ont foi en une
religion,
les athées qui ne croient pas en Dieu,
les agnostiques, qui ne savent pas si Dieu existe
ou pas
les déistes, qui croient en une entité supérieure
qui organise le monde, mais sans croire à une
religion.
Le mot religion vient du latin « religere », qui signifie
relier, lier.
Le lien que les religions instituent se situe à
deux niveaux : au niveau vertical, les religions créent
un lien entre les hommes et un principe supérieur,
transcendant, le divin ; au niveau horizontal, la religion
est le lien entre les croyants d’un même dogme.
Les
religions sont ainsi une union collective.
Les trois problématiques qui seront ici abordées
sont :
1.
Quelles sont les caractéristiques communes à
toutes les religions ? (= approche anthropologique
de la religion comme phénomène culturel).
2.
Quels sont les rapports entre la foi et le savoir, ou
entre la religion, la philosophie et la science ?
3.
Quelles sont les critiques adressées aux religions
(notamment de la part de la philosophie) ?
I – La religion comme fait culturel
1.1.
La distinction entre le sacré et le profane
La première caractéristique des religions est
d’instituer une distinction entre le sacré et le profane.
Le profane, c’est la vie quotidienne, simple et
répétitive, qui n’a aucune dimension supérieure et où
l’on peut faire ce que l’on veut.
Le sacré, en revanche,
est une sphère extra-ordinaire, où un ensemble de
pratiques, de rites doivent être respectés sous peine de
punition.
Le sacré est séparé du profane.
Selon Roger Caillois, dans L’homme et le sacré (cf
Texte page 1), cette distinction entre le sacré et le
profane, constitutive de toute religion, concerne aussi
bien les choses, les êtres, l’espace que le temps :
Les choses sacrées sont par exemple : Le Coran,
les signes religieux (croix, turban, …), la pierre
bénite des musulmans, le feu du temple romain,
l’eau bénite, l’appel à la prière, mais aussi
l’ensemble des interdits alimentaires (porc, alcool,
…),
Etres sacrés : les prêtres, les imams, les vaches
hindous, les rabbins, les prophètes, les marabouts,
…
Espaces sacrés : églises, mosquées, synagogue,
temple, cimetière, terre des ancêtres, La Mecque,
Médine, le Vatican, Le mur des lamentations, …
Temps sacrés : ramadan, carême, le vendredi, le
samedi ou le dimanche, les fêtes religieuses, les 5
prières de la journée, …
Profaner un lieu (par exemple une tombe), c’est donc
se comporter à son égard comme s’il n’était pas sacré,
comme s’il s’agissait d’un lieu comme un autre.
Ce sont
les différentes religions qui définissent ce qui est sacré
et ce qui ne l’est pas, tout comme elles décident des
rites, c’est-à-dire des comportements à adopter face
aux choses sacrées.
1.2 L’Eglise
La seconde caractéristique des religions est d’avoir
une Eglise au sens premier du terme, à savoir de
posséder une communauté de fidèles (ou croyants).
Eglise vient en effet du grec « Ecclesia » (oummat ou
ummat pour les musulmans), qui signifie assemblée,
communauté.
Il ne peut pas y avoir de religion
individuelle.
La religion est par nature un phénomène
social.
C’est ce que développe par exemple le
sociologue Emile Durkheim, Les formes élémentaires
de la vie religieuse (cf Texte page 2).
Sa définition de
la religion est la suivante : « Une religion est un
système solidaire de croyances et de pratiques
relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées,
interdites, croyances et pratiques qui unissent en une
même communauté morale, appelée Eglise, tous
ceux qui y adhérent.
».
Un individu peut avoir des
croyances qui lui sont propres (par exemple les
déistes, qui croient en un principe supérieur
d’organisation du monde et de l’univers, sans croire
pour autant à une religion précise), mais il ne peut
avoir une religion qui lui est propre.
De même, une
religion qui n’aurait qu’un seul fidèle ne serait pas
une religion.
II – Foi et savoir
2.1.
Des rapports orageux entre la foi ( =
croyance) et le savoir ( = la raison)
Le savoir, c’est la connaissance objective et
rationnelle du monde.
Il est recherché aussi bien par
les philosophes que par les scientifiques.
La foi est la
croyance dans le divin.
Foi vient du latin « fides »,
qui est à l’origine des mots « foi », « fidèle »,
« fidélité », mais aussi « confiance ».
La foi et le savoir sont deux principes différents,
potentiellement opposés.
La philosophe (et croyante)
Simone Weil, dans La pesanteur et la grâce, écrit que
la foi c’est « savoir que Dieu n’existe pas et pourtant
y croire ».
A l’inverse, le péché contre l’Esprit (le seul
pêché qui ne sera pas pardonné), consiste à « savoir
que Dieu existe et pourtant refuser d’y croire.
».
De
même Pascal, dans Les Pensées, (cf Texte page 3),
écrit que « le cœur a ses raisons que la raison
ignore », ce qui signifie que la foi repose sur des
fondements différents que ceux de la raison.
Spinoza,
enfin, dans Le traité théologico-politique (cf Texte
page 3) considère également que la foi et la
philosophie reposent sur des principes différents :
alors que la philosophie a pour but la vérité, pour
fondement la nature et promeut la liberté de penser ;
la foi, elle, a pour but l’obéissance et la piété, pour
fondement l’Ecriture et la révélation, et condamne les
hérétiques qui pensent différemment.
Cette position
de Spinoza lui vaudra une condamnation et une
excommunication de la part des autorités juives.
La philosophie et la religion n’ont cependant pas
toujours été en conflit.
On peut de ce point de vue
distinguer plusieurs périodes :
Dans l’Antiquité, la philosophie s’oppose aux
croyances.
C’est
pourquoi
Socrate
sera
condamné pour impiété (= irrespect des Dieux).
Cette condamnation vient du fait qu’il remet en
cause les savoirs établis, et oppose la raison aux
croyances.
Durant les premiers siècles du Christianisme, les
pères de l’Eglise, comme Saint Thomas d’Aquin
dans sa Somme théologique, concilient la
philosophie grecque (notamment....
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