cours Princesse de Clèves
Publié le 15/10/2024
Extrait du document
«
I.
La situation de l’ouvrage : l’année 1678
a) Sur le plan politique
Règne de Louis XIV (1638-1715 → roi depuis 1643 et la mort de son père, règne effectivement
depuis 1661 et la mort du premier ministre Mazarin qui, favori de la reine mère Anne d’Autriche et
successeur désigné du ministre principal de Louis XIII, Richelieu, exerce effectivement le pouvoir.)
Cela fait donc 17 ans de règne personnel, effectif par Louis XIV.
Deux caractéristiques de ce début
de règne :
=> le tournant autoritaire et centralisateur de la monarchie entamé au règne précédent sous
l’impulsion de Richelieu se poursuit.
C’est ce qu’on a appelé la monarchie absolue : 1) pouvoir
élargi du monarque, de ses ministres et de ses envoyés au détriment des corps intermédiaires
(noblesse, parlements, gouverneurs de provinces, etc) qui, dans l’ancienne société, détenaient une
part de l’autorité publique et jouaient un rôle de contre-pouvoir (défense des « libertés publiques »,
mot ambigu indissociable à l’époque des privilèges privés) ; 2) mise sous tutelle de la noblesse à
travers l’institution d’une société de cour entièrement centrée autour de la glorification de la
personne du souverain et l’attribution des principales charges de l’État à des individus issus de
famille parlementaires (noblesse de robe) → il s’agit pour Louis XIV de rogner progressivement
l’influence politique d’une noblesse dont la rébellion contre le tournant absolutiste du pouvoir
pendant la Fronde (1648-1653) l’avait profondément traumatisé.
=> la vie de cour est fastueuse et brillante.
Le roi est jeune et le faste dont il s’entoure ainsi que ses
victoires militaires (Flandre, Franche-Comté) font de la cour de France qui va bientôt s’installer
définitivement à Versailles (1682) la plus brillante et prestigieuse du monde.
Ce qui nous renvoie à
l’incipit du roman sur la cour d’Henri II.
b) Sur le plan littéraire
L’année précédente (1677), la dernière des grandes tragédies de Racine est parue sur scène :
Phèdre.
Devenu historiographe du roi, il cesse d’écrire pour le théâtre (il écrira encore deux pièces
religieuses, Esther et Athalie, pour les élèves du pensionnat de Saint-Cyr fondé par Mme de
Maintenon pour venir en aide aux jeunes filles pauvres de la noblesse : 1689 et 1691.
Coïncidence
de date importante parce qu’on a souvent rapproché le roman de Mme de Lafayette des tragédies de
Racine : concision, élégance du style, « tristesse majestueuse » (préface de Bérénice, 1670), sens de
l’implicite, atmosphère sentimentale, conflit entre raison et passion, dénouement malheureux.
13 ans auparavant sont parues les Maximes (titre intégral : Réflexions ou sentences et maximes
morales, 1665) du duc de La Rochefoucauld.
Il s’agit d’un recueil de courtes sentences morales
dénonçant la fausseté, la superficialité des vertus humaines qui ne sont pour l’auteur qu’un masque
de l’amour-propre ou de l’intérêt.
Rapprochement avec la Princesse : 1) pessimisme, notamment
pessimisme anthropologique ; 2) il s’agit dans les deux cas d’œuvres écrites par de grands
personnages dans un contexte ludique et social ; 3) La Rochefoucauld est depuis 1665 l’ami
inséparable de Mme de Lafayette, sûrement un de ces inspirateurs et de ses conseillers, et il a même
parfois été considéré comme le co-auteur du livre : « M.
de la Rochefoucauld et Mme de Lafayette
ont fait un roman des galanteries de la cour d’Henri second, qu’on dit être admirablement bien écrit.
Ils ne sont pas en âge de faire autre chose ensemble.
» (Mlle de Scudéry)
Presque trente ans auparavant ont parus les dix volumes d’Artamène ou le Grand Cyrus des
Scudéry, Georges et Madeleine (1649-1654) : il s’agit là du modèle du roman-sentimental fleuve
dont La Princesse de Clèves va prendre le contre-pied (→ concision, sécheresse du style, fin
malheureuse).
Mais l’univers mental de la galanterie imprègne le roman : idéal de courtoisie et
d’élégance dans les paroles et les manières, refus de l’amour-passion au profit d’un amour tendre
maîtrisé, socialisé et désincarné, le goût des jeux amoureux mondains, la méfiance envers l’amour
physique, la vision désenchantée du mariage.
c) Sur le plan personnel
Mme de Lafayette, née en 1634 a quarante-quatre ans.
Sa situation mondaine est brillante : elle a
l’oreille d’un des principaux ministres de Louis XIV, Louvois, elle a du crédit à la cour et elle est
une des principales agents d’influences de Mme Royale, régente du duché de Savoie.
Elle est
réputée pour son intelligence, ses qualités mondaines et sa science des affaires (elle a largement
contribué à restaurer les finances de la famille de son mari : elle est extrêmement riche).
Elle est,
depuis 13 ans, l’amie inséparable du célèbre duc de La Rochefoucauld, elle est entourée aussi bien
par les grands noms que par les intellectuels et est alliée à la puissante famille princières des Condé.
Sa situation personnelle est plus difficile : elle vit séparée de son mari dont elle ne s’est jamais
sentie vraiment proche et sa santé, depuis ses vingt ans, est extrêmement mauvaise et le sera jusqu’à
sa mort.
→ Deux aspects....
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