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Cours géopolitique: Histoire et mémoires

Publié le 27/03/2022

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Monument aux morts de Neufchâteau (Vosges) : « La ville de Neufchâteau à ses enfants morts pour la France 1914-1918 » •Inauguré le 25 mars 1925, le projet a été établi dès 1919 et a été suivi de débats entre les autorités communales pour décider du lieu où il serait érigé. L’État a fourni des subventions et la commune a déboursé 15 000 francs. Entre 1920 et 1925, 35 000 communes ont érigé un monument aux morts. Il s’agissait d’honorer les soldats décédés et disparus au cours de la Première Guerre mondiale. • Introduction : La différence entre histoire et mémoire Q°. Dans le discours du président Jacques Chirac, prélevez des extraits relevant de la mémoire et d’autres relevant de l’histoire. Discours de Jacques Chirac lors de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv (16-17 1942), le 16 juillet 1995. Source vidéo INA: « 1995, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l’État dans la déportation », mise en ligne sur Youtube le 10 avril 2017. Mémoire Histoire « des moments qui blessent la mémoire et l’idée que l’on se fait de son pays » « Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs , répondaient aux exigences des nazis » « trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie » « près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police » « ces journées de larmes et de honte » Le discours amène la définition de mémoire et histoire en distinguant ce qui relève de chaque registre dans les propos du président. D’un côté, il joue sur l’émotionnel en expliquant que la rafle est à l’opposé des valeurs de la République. Par le souvenir, il insiste sur l’émotion et utilise donc des termes relevant de la mémoire. D’un autre côté, son discours pose des faits historiques en rappelant le rôle des fonctionnaires français qui ont commis la rafle à la demande de leurs supérieurs hiérarchiques. Il donne un chiffre, un lieu et précise l’identité des victimes, en ce sens son discours relève de l’histoire. Henry Rousso, Face au passé. Essais sur la mémoire contemporaine, Paris, Belin, 2016. Vidéo postée par la librairie Mollat sur Youtube le 12 avril 2016. L’historien refuse ici d’opposer l’histoire et la mémoire. Il dénonce l’ « inflation mémorielle » et le mythe du « devoir de mémoire » selon lequel nos sociétés deviendraient meilleures en reconnaissant les crimes du passé. Au moment où Jacques Chirac reconnaissait le rôle de l’État français dans la rafle du Vel d’Hiv un autre génocide venait d’être commis au Rwanda contre les Tutsi. En 2020, alors que nous essayons de faire la lumière sur l’ensemble du génocide des Tutsi, d’autres massacres, à définir, sont commis contre les Yézidis et les Ouïghours. • Introduction : Les notions de crimes contre l’humanité et de génocide, et le contexte de leur élaboration Vincent Duclert, Les génocides, Documentation photographique, CNRS éditions, 2019. Lien: entretien de Vincent Duclert, « Les génocides et crimes de masse depuis la fin du XIXe siècle », Nonfiction.fr, le 9 mai 2019. La revue offre ici de précieux documents et un propos parfaitement actualisé puisque Vincent Duclert a présidé la Mission génocides. Le juriste Raphael Lemkin est au cœur de ce point introductif. Ce juriste polonais avait déjà pensé le concept à partir du génocide arménien. La Seconde Guerre mondiale implique la définition d’un nouveau crime, celui de génocide qui n’entre dans le droit international qu’en 1948. Ce crime n’a donc pu être imputé aux accusés de Nuremberg. Francesca Fattori, Cécile Hennion, Véronique Malécot et Delphine Papin, LeMonde.fr, le 22 avril 2015. https://www.lemonde.fr/international/visuel/2015/04/1 5/genocide-la-douloureuse-question-de-la-definition_4 616442_3210.html Source : Nations Unies : encyclopédie en ligne des violences de masse, Sciences-Po, CERI, CNRS ; United States Holocaust Memorial Museum. Une carte est nécessaire en introduction. Sur le site du Monde, elle est interactive. Elle permet de localiser les génocides et crimes de masse, les difficultés à les définir et les organisations judiciaires permettant de les juger. On regrettera l’absence des Yézidis et Ouïghours. On peut partir avec les élèves de l’exemple du Rwanda (vu dans l’Axe 2) pour le jugement des cadres à Arusha et les gacaca à l’échelle locale. Couverture de la revue Kangura liée au gouvernement, 1991. Source : Florent PITON, Le génocide des Tutsi au Rwanda, Paris, La Découverte, 2018. Le document est aussi dans la Documentation Photographique de Vincent Duclert. a. « Quelles armes allons-nous utiliser pour vaincre les cafards pour de bon ? » b. Portrait du président hutu Grégoire Kayibanda, premier président du Rwanda indépendant c. « Et si on recommençait la révolution de 1959 pour battre ces cafards de Tutsi ? » Cet exemple concret permet de définir le génocide. La Une date de 1991 ce qui montre que la population a été conditionnée dans la haine des Tutsi, d’autant qu’elle fait référence au président de 1959. Les Tutsi sont ici animalisés et la machette appelle clairement au meurtre. Le génocide de 1994 n’est donc pas un accident lié à la géopolitique des Grands Lacs comme voudraient le faire croire certains, il s’inscrit dans un processus ciblant la minorité des Tutsi. a. b . c. Axe 1: Histoire et mémoires des conflits Jalons: - Un débat historique et ses implications politiques: les causes de la Première Guerre mondiale - Mémoires et histoire d’un conflit: la guerre d’Algérie L’Axe 1 se concentre sur la dialectique entre l’histoire et les mémoires des conflits. En s’appuyant sur les exemples des causes de la Grande Guerre et de la Guerre d’Algérie, il s’agit de montrer qu’il n’y a qu’une histoire qui progresse dans le temps avec la découverte de nouvelles sources, des questionnements différents, puis en fonction des enjeux politiques. Pour leur part, les mémoires sont plurielles, subjectives et prennent forme à travers le regard des différents acteurs. La photographie de Willy Brandt s’agenouillant à Varsovie devant le monument à la mémoire de l’insurrection du ghetto est un bon moyen d’introduire l’Axe 1. Durant la guerre froide, le chancelier allemand Willy Brandt vient à Varsovie (République populaire de Pologne communiste), le 7 décembre 1970, pour signer un accord reconnaissant les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale. Premier dirigeant allemand à aller en Pologne depuis la fin de la guerre, il se rend au Mémorial du ghetto, où furent entassés 450 000 Juifs pendant la guerre et qui commémore les victimes du soulèvement du ghetto. Il y dépose une gerbe, puis contre les habitudes protocolaires s’agenouille pour demander pardon au nom du peuple allemand. L’accord et ce geste de reconnaissance des crimes allemands contribuent à ce que Willy Brandt obtienne le prix Nobel de la Paix en 1971 (voir le lien vers France Culture sur la photo). Si vous souhaitez davantage coller aux deux conflits étudiés dans l’axe, Le monument aux morts d’Alger de Paul Landowski, recouvert d’un coffrage par M’Hamed Issiakem en 1978 paraît pleinement pertinent.

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