cours d'histoire des sciences
Publié le 28/11/2023
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Histoire des Sciences.
Focus épistémologie.
De la science comme
abstraction et mythe à une science externalisée
et subjective
Pour démarrer le cours/Incipit : présentation de la fresque de Raphaël
(1483-1520) L’Ecole d’Athènes
Cette fresque (1509-1510), de sept mètres sur quatre, à admirer dans la
Chambre de la Signature aux Musées du Vatican à Rome, est dédiée au savoir et
à la philosophie.
Raphaël fait l’éloge de la philosophie, des sciences et des arts
pour glorifier in fine la sagesse de l’Eglise du pontife Jules II.
Composée d’une cinquantaine de personnages (issus majoritairement de
l’Antiquité), deux dominent et sont positionnés en son centre : Platon et Aristote.
L’opposition entre la démarche platonicienne et l’aristotélicienne est ici mise en
valeur.
Platon, le plus âgé, le maître, représenté comme un ascète, idéaliste,
radical, pointant le monde des idées et une vision plus mathématicienne et
abstraire de la réflexion.
Son dialogue Le Timée (œuvre cosmologique -avec un
discours rationnel sur les origines du monde, dans lequel, il explique que la
réflexion scientifique doit s’appuyer sur la nécessité et l’idéalité et donc que nous
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ne pouvons pas nous fier aux données que nous renvoient nos sens) est tenu
près de son corps.
A ses côtés, dans une position différente et une gestuelle tout
autre : Aristote, plus jeune (en tant que disciple de Platon), plus apprêté aussi,
tend son bras horizontalement sa main vers le sol, comme s’il voulait appuyer
son raisonnement sur ce qui l’entoure, sur ce qu’il observe.
Sa dynamique était
en effet plus empirique, plus scientifique, moins moraliste.
Fils de médecin,
Aristote fonde sa réflexion sur ce qu’il constate par ses sens en premier lieu.
Il
tient son livre Ethique à Nicomaque comme s’il allait l’ouvrir pour démontrer ses
propos dans la conversation, ou dispute, qu’il est en train de mener avec Platon.
Le cours proposé prendra appui sur cette dialectique.
Introduction ou de la science comme savoir
à la science comme culture
Science vient du latin : savoir (scire), connaissance (scientia)
La science s’est distinguée des autres formes de connaissance.
Elle est une
création humaine, une observation, une analyse, un raisonnement et un discours
sur la réalité et les règles qui la régissent.
Très tôt dans l’histoire, une volonté de distinguer la science des autres formes de
savoir est apparue.
Platon dans son discours Le Théétète montre que la science
et la compétence sont distinctes.
Si l’avocat est compétant dans son travail, estil un scientifique pour autant ? interroge le Socrate mis en scène par Platon.
Ce
dialogue, comme d’autres, se termine sur une aporie (contradiction/impasse) qui
décrète juste ce que n’est pas la science : ce n’est ni la sensation, ni l’opinion
vraie, ni la raison ajoutée à l’opinion vraie.
Le scientifique pour le disciple de
Socrate doit rester dans la dynamique de l’étonnement.
Ce discours, une nouvelle fois, représente une critique à l’encontre des
sophistes : par leur art/compétence du discours, ils camouflent leur ignorance
des sujets qu’ils abordent.
Certes, ils maîtrisent la forme, mais le fond n’est que
supercherie.
Néanmoins, certains sophistes, Protagoras entre autres, fascinent
Platon, même si ce dernier critique son relativisme et son optimisme pour la
démocratie.
Une branche de la philosophie s’intéresse spécialement à la science :
l’épistémologie.
Elle offre une critique des sciences et de la connaissance
scientifique.
« Inventée » par Kant – qui la dégage comme un champ de savoir
propre, ses racines viennent puiser toutefois dans la pensée cartésienne – par le
biais du discours scientifique, et de sa méthodologie, Descartes questionne la
pensée même.
Ce n’est pourtant qu’au du XXe siècle qu’elle se constitue en
champ disciplinaire autonome.
Elle étudie l’histoire, les méthodes et les principes des sciences.
La science est
donc devenue est un objet même d’étude.
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En quoi se différencie-t-elle des autres formes de savoir ? Quelles sont ses
conditions d’utilisation ? Comment apparait-elle ? Voilà quelques unes des
questions auxquelles l’histoire des sciences cherche à répondre.
Par ailleurs,
faut-il penser la science de façon totalement isolée ? Quelle peut-être, en effet,
sa relation avec la société, les autres branches du savoir et le pouvoir ?
Si les hommes de tout temps ont tenté de classer les sciences (de Aristote en
passant par Comte, jusqu’à Carl Hempel), c’est véritablement au XXe siècle que
sont apparues les problématiques les plus abouties.
En effet, des écoles de pensée se sont opposées, complétées dans leur recherche
d’une définition de la science.
Est-elle une pure abstraction intellectuelle,
linguistique ou au contraire est-elle surtout liée à un contexte social et donc
objet de culture – et de sociologie ?
Dans ce cours, nous partirons de visions abstraites (internalistes) et idéalisées
pour nous diriger vers une approche de la science et de la démarche scientifique
plus élargie, plus critique, en abordant des thématiques plus sociales, culturelles
et sociologiques (externalistes).
La question des valeurs et de la tolérance se
posera également, car comme l’a écrit Rabelais dans son Pantagruel : « Science
sans conscience n’est que ruine de l’âme » et des scientifiques ont pu cautionner
les pires idéologies au XIXe et XXe siècles.
I) Une définition abstraite [car définie en
dehors de tout cadre] ou la vision du
positivisme (ou empirisme) logique
I.1.
Le critère de vérification pour l’école néopositiviste
(ou Cercle de Vienne, dirigé par Moritz Schlick).
Les néopositivistes (1929-1936) cherchent à donner une définition de la science,
détachée de toutes les autres formes de savoir.
Les membres du Cercle de
Vienne ont dépensé beaucoup d’énergie pour établir un critère permettant de
définir la véritable connaissance scientifique et la distinguer d’autres spéculations
moins solides.
Cette position qui prétend à une séparation totale de la science
sera par la suite l’objet de critiques importantes, qui établiront que la science
n’est pas du tout abstraite, mais influencée par le social, dans lequel elle est
introduite.
« Néopositivistes » car attachés au concept du « positivisme » créé par Auguste
Comte (1798-1857).
Le positivisme, pour la première fois dans l’histoire de la philosophie, veut, par le
biais de son analyse des sciences, répondre à la question « comment » plus que
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« pourquoi ».
En effet, la science –contrairement à la métaphysique, ou à la
religion, ne se pose pas la question du « pourquoi » mais du « comment » (à
l’instar de la différence entre un philosophe et un médecin, le scientifique ne se
demandera pas : « pourquoi créer une bombe atomique ? » à l’image du
philosophe, mais plutôt « comment la créer cette bombe ? »).
Pour Comte, qui
en a également proposé une classification, les sciences représentent la base de
sa pensée.
En effet, il récuse toute spéculation métaphysique, d’après lui la
connaissance véritable n’existe que dans les sciences dites positives, ou
factuelles.
De ce nouveau champ de possibles naîtra la sociologie.
Le positivisme propose
une philosophie concrète.
Cette doctrine éloignée des questions métaphysiques,
consiste à découvrir les lois naturelles qui régissent les faits.
Le néopositivisme, digne héritier rénovateur, veut démarquer la science des nonsciences.
Pour ce club philosophique le critère qui permettrait de définir la
véritable connaissance scientifique et la distinguer des autres spéculations moins
solides est la vérification ? Le cercle de Vienne va expliquer qu’un énoncé n’a
de vérité cognitive que s’il est vérifiable par l’expérience.
Un énoncé n’a de sens que si et seulement si on connait les observations qui ont
permis de conclure qu’il était vrai.
Ex : On est dans une bibliothèque on ne voit pas le dessus de la biblio, mais on
dit qu’il y a un certain livre au dessus, sans pouvoir le vérifier.
Cette affirmation
(ne pouvant être confirmée, vérifiée) est dénuée de sens, et n’est pas vérifiable,
et ne peut-être scientifique.
Pour le Cercle de Vienne, La philosophie, l’histoire, les discours moraux,
politiques, économiques etc.
ne sont que de l’accumulation de propos sans sens
(car non vérifiables).
I.2.
La « Falsifiability » de Karl Popper
Dans le même courant, sans pour autant se rattacher au « club », le (très
influent) philosophe Karl Popper (1902-1994) refuse le critère de vérification
comme critère de démarcation entre science et non-science, lui substituant le
critère de réfutabilité (dont on peut contester la véracité).
Pour Popper, le philosophe, l'intellectuel, le scientifique ne doit pas être celui qui
recherche la vérité, mais celui qui débusque l'erreur.
Karl Popper ne dit pas : « là
est le vrai », mais : « là est le faux ».
Pour Popper, si je peux altérer le résultat
en modifiant un des éléments qui ont conduit à ce résultat, alors, le
raisonnement est scientifique.
En proposant un retournement de la démarche philosophique, Karl Popper a
révolutionné la recherche scientifique.
Traditionnellement, la réponse des philosophes est que le vrai est ce qui est
démontrable, et vérifiable également d’après le Cercle de Vienne.
Un fait était
reconnu scientifiquement exact si on parvenait à le démontrer par la répétition
d'observations ou d'expériences.
Cependant, objecte Popper, cette démarche
conduit le chercheur à ne choisir que les observations favorables à sa théorie.
En
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outre, les théories d'Einstein ne sont....
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