Cours 4 philo morale et politique: Descartes et la liberté d'indifférence
Publié le 03/04/2022
Extrait du document
«
Philosophie morale et politique CM 4
I.
Descartes s’est-il contredit entre le texte de la 4 ème méditation et
les deux lettres à Mesland ?
1.
Les positions sur l’indifférence
Affirmations sur l’indifférence dans le texte de la 4ème méditation
métaphysique :
L’indifférence n’est pas la liberté : « Car, afin que je sois libre, il
n’est pas nécessaire que je sois indifférent […] ».
Moins l’indifférence est grande, plus la liberté est grande (et
inversement) : « Plus je penche vers l’un, […] plus librement j’en
fais le choix et je l’embrasse »
L’indifférence est le plus bas degré de la liberté : « De façon
que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté
vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d’aucune raison,
est le plus bas degré de la liberté ».
Les jésuites définissent l’indifférence comme la faculté positive de se
déterminer à l’un ou l’autre des contraires.
Voilà deux auteurs qui
montrent la position des jésuites :
[Suarez, Disputationes metaphysicae, Part.
XIX, Section 5] [§15] :
« L’entendement ne peut être indéterminé quant à son acte que si son
objet lui est imparfaitement présenté.
Mais la volonté peut être
indifférente, même si son objet lui est présenté exactement »
[Molina, Concorde du libre arbitre avec la grâce] « […] est libre
l’agent qui, toutes les conditions posées pour agir, peut agir ou ne pas
agir, ou encore faire une chose alors qu’il pourrait faire le contraire ».
2.
Comment les positions s’affrontent
Dans le texte des méditations, Descartes ne présente que l’indifférence
selon sa définition, et la phrase « car, afin que je sois libre, il n’est pas
nécessaire que je sois indifférent à choisir l’un ou l’autre des deux
contraires » est choquante.
En effet, on peut interpréter cette phrase, ou
bien comme « il n’est pas nécessaire que mon entendement me pousse à
choisir l’un plutôt que l’autre » (ce qui est compatible avec l’idée des
Jésuites), ou bien comme « il n’est pas nécessaire je puisse me
déterminer à l’un des contraires », et là il y aurait un total désaccord.
Lors de la première lettre à Mesland, il introduit l’indifférence comme
faculté positive de se déterminer mais ne la nomme jamais indifférence.
Il
réserve ce mot à sa propre définition d’indifférence.
Cela lui permet de dire « Ainsi, puisque vous ne mettez pas la liberté
dans l’indifférence précisément […] il n’y a de différence entre nos
opinions que pour le nom ».
En effet, ni lui ni les jésuites ne pensent que.
»
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