COURNOT: l'ordre des faits naturels

« COURNOT « Aucune i dée, parmi celles qui se réfèrent à l 'ord re des faits naturels, ne t ient de p lus près à l a famille de s idées r eligieuses que l' idée d e progrès, e t n'est plus p ropre à dev en ir le p rincipe d 'une sorte de foi religieuse p our c eux qu i n'en on t plus d 'autre.

E lle a, co mme la foi reli­ gieuse, l a v ertu d e r elever l es âme s et l es caractèr es.

L' idée du pr ogrès i ndéfini, c 'est l'idée d 'un e perfection suprê me, d'une loi qui domine t outes l es l ois p articulières, d 'un but émi nent auquel t ous les êtres doivent concourir dans l eur existence p ass agère.

C 'est donc a u f on d l' idée d e d ivin ; e t i l ne faut p oint être surpris si, cha que fois qu'elle e st s pécieusement évoquée en faveur d' un e cause, les espr its les plus élevés, l es âmes les p lus généreuses se sen tent entraînés d e ce côté.

I l ne fa ut pas non plu s s'étonner que l e fanatisme y tro uve un aliment et que la maxime q ui ten d à corr om pre toutes les re ligions, c elle que l 'excellence de la fin justifie les moyens, c orrompe ':lussi l a reli gio n du progrès.

» La question Le progrès est-il une réalité ou un mythe? En fait, l'un n'empêche pas l'autre, car un mythe peut se, greffer sur une réalité, et, si Cournot fait la critique de l'idée de progrès, il ne nie pourtant pas son existence.

Son intention est de mettre en garde contre un certain fanatisme du pro­ grès, qu'il assimile au fanatisme religieux.

Pour saisir toute la portée de sa critique, il faut savoir que la critique du fanatismè, 'êmane traditionnellement du camp progressiste, qui peut donc aisément se croire à l'abri d'une telle perversion du sentiment religieux, d'autant plus que le progressisme est généralement athée.

Si Cournot a raison,. »