Côte-d'Ivoire 2003-2004: Ni guerre ni paix
Publié le 14/09/2020
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Côte-d'Ivoire 2003-2004
Ni guerre ni paix
À compter du 19 septembre 2002, la Côte-d’Ivoire est entrée
en état de guerre et le pays a été coupé en
deux entre des régions méridionales sous l’autorité du ré
gime du président Laurent Gbagbo et un Nord
contrôlé par des mouvements rebelles, les Forces nouvelles (FN),
qui ont établi leur «capitale» à Bouaké.
En fait, le pays s’est installé dans une situation fragile de «
ni guerre ni paix», assurée par la présence des
forces françaises de l’opération Licorne et celles de la CEDEAO
(Communauté économique des États
d’Afrique de l’Ouest), qui ont pour mission de garantir le cessez
-le-feu.
En dépit des efforts de
normalisation interne et de médiation internationale, l’ancien pou
mon économique de l’Afrique de l’Ouest
s’est enlisé dans une situation de violence et de blocages politiq
ues qui ne laissaient guère espérer une
issue rapide.
Après la signature des accords de Marcoussis (France) et d’Accra
(Ghana) en janvier et mars 2003, un
gouvernement d’union nationale a pourtant été mis sur pied afin
de mettre en œuvre des réformes de
pacification politique (code foncier rural, code de la nationalité,
identification des personnes, code
électoral) et de conduire le difficile processus de démilitarisat
ion.
Une «zone de confiance» a été créée
sur la ligne de front, où ont été déployées des patrouill
es quadripartites (Licorne, CEDEAO, FN et FANCI,
l’armée nationale).
Le 4 juillet, les responsables militaires des
deux bords ont prononcé une déclaration
conjointe de cessation des hostilités et, début août, une loi d
’amnistie a été adoptée pour favoriser la
pacification.
Un calendrier de DDR (Démobilisation, désarmement,
réinsertion) a été fixé en août, dont les
modalités pratiques ont été validées par toutes les parties
début janvier 2004.
Les armes lourdes ont été
retirées de la ligne de front et de nombreux barrages démantelé
s.
La voie de chemin de fer entre Abidjan
et Ouagadougou a aussi été rouverte.
Sur le plan politique, certaines «pommes de discorde» telles la no
mination des ministres de la Défense et
de l’Intérieur ou encore la mise à l’agenda gouvernemental d
es réformes de Marcoussis ont été
progressivement éliminées à partir de l’été 2003.
Cert
aines mesures ont même été adoptées par le
Parlement au premier trimestre 2004, qui avaient laissé augurer d’
une normalisation progressive de la
situation politique et militaire.
Mais derrière cette façade de la réconciliation nationale, chac
un des acteurs a continué la guerre par
d’autres moyens et contribué à un pourrissement de la situation
.
Ainsi, le 23 septembre 2003, les
ministres des FN, dénonçant les pratiques dilatoires du préside
nt Gbagbo, ont quitté avec éclat le
gouvernement et se sont repliés dans leurs fiefs du Nord.
Quelques jo
urs plus tard, de violents
affrontements éclataient à Bouaké, mettant aux prises diverses
factions rebelles qui se disputaient le
butin d’un énorme casse bancaire.
Les chefs militaires des FN ont
dû se résoudre à faire appel à l’armée
française pour rétablir l’ordre.
La France en a profité pour
avancer ses forces Licorne jusqu’à Korhogo.
Cet épisode a mis en lumière l’état de désagrégation d
es FN, minées par les rivalités factionnelles tout
autant que par l’appât du gain des «seigneurs de guerre» loc
aux.
La guerre des chefs que se sont livrée
les deux principaux clans (celui de Guillaume Soro, secrétaire gé
néral du mouvement, et celui du sergent-
chef Ibrahim Coulibaly, dit «IB», le véritable mentor de la ré
bellion, réfugié à Ouagadougou), mais aussi
la chute de Charles Taylor, leur parrain libérien, et le changement d
’attitude du Burkina Faso, qui n’a pas
hésité à lâcher «IB» (arrêté en France en aoû
t), ont indéniablement affaibli la rébellion.
À l’inverse, L.
Gbagbo, marginalisé au moment de Marcoussis, a
su habilement retourner la situation à
son profit.
Maniant alternativement les discours guerriers et les conces
sions, profitant des blocages
politiques pour rééquiper son armée, il a repris l’initiativ
e, s'imposant comme un acteur incontournable.
La France, notamment, a sensiblement changé d’attitude à son é
gard à partir de l’été 2003, le
réchauffement des relations franco-ivoiriennes étant consacré p
ar la signature d’importants contrats
commerciaux en décembre et surtout par la visite officielle du pré
sident Gbagbo à l’Élysée en janvier
2004.
Ces relations sont toutefois demeurées tendues, notamment aprè
s l'assassinat, en octobre 2003,
du journaliste français de RFI (Radio France Internationale), Jean
Hélène, et la disparition, en avril 2004,
du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, qui enquêtait su
r des scandales financiers touchant au
premier cercle du pouvoir..
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