Côte-d'Ivoire - 1993-1994: La succession d'Houphouët-Boigny
Publié le 14/09/2020
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Côte-d'Ivoire 1993-1994
La succession d'Houphouët-Boigny
L'annonce, le 7 décembre 1993, jour anniversaire de l'indépendance
, de la mort, officiellement à 88 ans,
du premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, à la t
ête du pays trente-trois ans durant, a ouvert
une page nouvelle de l'histoire de la Côte-d'Ivoire qu'il a écrasé
e de sa personnalité tout le temps de sa
présence au pouvoir.
Son mauvais état de santé avait avivé, dès le premier semest
re 1993, la lutte de succession au sein de
l'ancien parti unique, PDCI-RDA (Parti démocratique de Côte-d'Ivo
ire-Rassemblement démocratique
africain), fondé en 1946 et qu'il dirigeait toujours.
Si l'article 1
1 de la Constitution désignait le président
de l'Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, son protégé
depuis le début des années soixante, comme
lui fils de chef baoulé, pour achever le mandat présidentiel, celu
i-ci a dû contenir les ambitions du
Premier ministre Alassane Drahamane Ouattara.
Cet ancien gouverneur de l
a Banque centrale des États
de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) avait été imposé aux autorité
s ivoiriennes par le FMI en 1990, au plus fort
de la crise économique et bénéficiait de l'appui de nombreux ba
rons du PDCI, dont Philippe Yacé,
président du Conseil économique et social et "numéro deux" du r
égime jusqu'en 1980.
Avant même que
la Cour suprême ne déclare la vacance du pouvoir, H.K.
Bédié
, encouragé par la France, a déclaré
assumer les responsabilités de chef de l'État et demandé à t
ous de "se mettre à sa disposition",
entraînant la démission, le 9 décembre, de A.
Ouattara.
Reconduction d'un régime autoritaire
Formé le 15 décembre 1993 autour du Premier ministre, Daniel Kabla
n Duncan, ancien ministre des
Finances du gouvernement de A.
Ouattara, le nouveau gouvernement avait o
fficiellement pour tâche
prioritaire le redressement économique; sa composition a cependant re
flété une conception autoritaire de
la gestion de l'État et la volonté de contrôler les consultatio
ns électorales générales de 1995.
Mise à
l'écart des proches de A.
Ouattara, maintien des ministres "sécuri
taires" (Léon Konan Koffi à la Défense et
Émile Constant Bombet à l'Intérieur), ouverture symbolique à
la Culture pour le dirigeant d'un
groupuscule d'opposition, le nouveau chef de l'État a ainsi rejeté
la proposition de gouvernement de
transition faite par Laurent Gbagbo, dirigeant de la principale force d'
opposition, le Front populaire
ivoirien (FPI).
Hostile à l'article 11, ce mouvement, réuni le 27 novembre 1993 en
convention nationale extraordinaire, a
demandé l'élection d'une Constituante chargée de donner au pays
des institutions démocratiques
modernes et l'organisation, sur la base d'une nouvelle loi électorale
, de scrutins transparents pour doter
le pays d'autorités légitimes.
Le vote des non-Ivoiriens récusé
par l'opposition...
et la Constitution en
vigueur est apparu constituer un enjeu décisif pour 1995.
Au moins tr
ois millions d'étrangers peuvent, en
effet, servir de clientèle électorale au mépris de la Constitut
ion, comme cela a été le cas en 1990.
L'élection, le 5 janvier 1994, de Charles Donwahi à la présiden
ce de l'Assemblée nationale n'a pas révélé
de fracture significative parmi les élus du PDCI, l'unité du parti
au pouvoir n'était cependant que de
façade.
Avant même les funérailles de F.
Houphouët-Boigny, l
e 7 février 1994, en présence d'une
délégation française pléthorique comprenant nombre d'anciens
Premiers ministres, son successeur a
placé ses hommes à la tête de la presse écrite et audiovisue
lle et réprimé les partisans de A.
Ouattara
lorsqu'ils ont voulu l'accueillir, en janvier 1994, à l'issue d'un sé
jour à l'étranger.
Après la valse des
préfets, des nominations dans l'armée, mais aussi au sein de la po
lice et de la justice, le clan "bédiéiste"
s'est assuré le contrôle des rouages de l'État.
A partir de fé
vrier, plusieurs journalistes proches de A.
Ouattara ou de l'opposition ont été incarcérés.
Le "numér
o deux" du FPI, Abou Drahamane Sangaré, a
été par deux fois condamné, à un et trois ans de prison ferm
e, en tant que directeur des publications du
groupe Le Nouvel Horizon, proche du FPI.
Craignant de nouvelles provocations du pouvoir, comme cela était arri
vé en février 1992, cette formation
a privilégié l'organisation de tournées sur l'ensemble du pays
où elle a achevé de se structurer
territorialement.
A l'ordre du jour de son congrès de la fin 1994, fi
gurait le lancement de la campagne.
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