Côte-d'Ivoire: 1987-1988
Publié le 14/09/2020
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Côte-d'Ivoire 1987-1988
Le 25 mai 1987, la "sage Côte-d'Ivoire" faisait sensation en annonç
ant aux bailleurs de fonds la
suspension unilatérale de ses remboursements au titre de la dette ext
érieure.
C'est que ceux-ci
représentaient désormais plus de 60% de la valeur des recettes d'e
xportations et que ces dernières
s'amenuisaient constamment sous le double effet de la baisse des prix et
du dollar.
Ainsi, de février 1985
à décembre 1988, le prix du café a chuté de 20% et la valeur
du dollar de 80%.
Les négociations sur le
rééchelonnement ont repris en décembre 1987 avec le Club de Par
is.
La libéralisation du commerce extérieur, intervenue à la demand
e du FMI, a contribué à la réduction des
recettes publiques.
Il a été notamment mis fin à la politique p
rotectionniste en faveur de l'industrie locale
et aux contingentements à l'importation.
Les droits de douane ont é
té réduits sur certains produits, et les
mercuriales et minima de perception supprimés.
Il en est résulté
aussitôt une augmentation de la fraude
douanière, par la présentation de factures fausses ou sous-éval
uées.
Un journal a estimé à plus de cent
milliards de francs CFA le manque à recevoir pour l'État.
C'est be
aucoup, si l'on sait que le budget de
1988 était de 637,1 milliards de francs CFA.
Pour l'équilibrer, il
a fallu augmenter de 50% les droits de
timbre et de 20% la taxe sur les tabacs.
Il a fallu aussi générali
ser, à compter du 1er février 1988, la TVA
à tous les secteurs de l'économie.
La politique économique de la Côte-d'Ivoire est donc restée mar
quée du sceau de la rigueur.
Mais il existe
toujours des déséquilibres et des gaspillages dangereux.
La Banque
nationale pour le développement
agricole (BNDA) a accusé un déficit de 60 milliards de francs CF
A.
A la fin de 1987, il ne restait certes
plus que 301 experts français dans l'administration ivoirienne - cont
re 703 en 1983 -, mais ils coûtaient la
bagatelle de 11 milliards de francs CFA, soit 36 millions par expert.
L'
effectif des assistants techniques
français a été réduit à 2 000 depuis la fin 1986, pour un
coût de 31,1 milliards CFA.
Le taux de croissance
de l'économie a été négatif en 1987 (-1%).
Sur le plan fin
ancier, la Banque mondiale reste le premier
bailleur de fonds de la Côte-d'Ivoire: 1,5 milliard de dollars de prê
ts accordés depuis 1980.
En 1988, avec
le FMI, elle envisageait d'investir dans le pays entre 120 et 130 millia
rds de francs CFA, avec l'objectif de
porter le taux de croissance à +1,9%.
Une telle situation économique ne va pas sans mécontentement.
Les
enseignants du secondaire avaient
clamé le leur en 1986.
Le gouvernement a fait incarcérer, le 3 sep
tembre 1987, plusieurs responsables du
Syndicat national des enseignants du secondaire (SYNESCI) dont le secr
étaire général, Laurent Akoun.
Il
a aussi poussé à l'élection, à la tête du syndicat, d'une
direction qui lui était dévouée.
Le 4 décembre
1987, il a fait condamner les anciens responsables de quatre à six mo
is de prison ferme pour
détournements et recel de fonds et de biens sociaux.
Le 9 novembre 19
87, le journal Jeune Afrique a été
interdit en Côte-d'Ivoire après la parution d'un article faisant é
tat de la participation ivoirienne au coup
d'État perpétré quelques jours plus tôt contre le capitaine
Thomas Sankara, au Burkina Faso..
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