Côte-d'Ivoire: 1984-1985
Publié le 14/09/2020
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Côte-d'Ivoire 1984-1985
Depuis 1960, la Côte-d'Ivoire est dirigée d'une main paternaliste
par le président Félix Houphouët-Boigny,
âgé de quatre-vingts ans en 1985, fatigué et sans successeur.
P
our la première fois depuis 1980, le pays
est confronté à une récession prolongée - le taux de croissa
nce a été nul en 1984 alors que les années
soixante-dix avaient connu un taux de 7 à 8%.
Tout au long de l'année 1984, la crise a sévi de façon indiscut
able.
L'Ivoirien de la rue l'a baptisée
"conjoncture" ou "kodjo", exprimant ainsi son espoir qu'elle ne durera p
oint.
La dette extérieure est
lourde: plus de 7 milliards de dollars à la fin 1984, soit presque au
tant que le PNB (il était de 7,56
milliards de dollars en 1982, d'après un rapport de la Banque mondial
e).
Cette dette est énorme si on la
compare aux revenus des populations rurales, estimés, pour la péri
ode 1984-1985, à 5,4 milliards de
francs français (FF).
Il a donc fallu rééchelonner les éch
éances de 1984 (1,15 milliard de dollars), assainir
brutalement la gestion de l'économie par la suppression des baux et l
oyers abusifs, l'emprisonnement des
fonctionnaires les plus impliqués dans le trafic des baux, l'aligneme
nt des salaires des cadres des sociétés
d'État et d'économie mixte sur ceux de la fonction publique.
Les c
adres ont grogné et débrayé, mais sans
succès.
Il a fallu aussi se débarrasser de l'excès de coopérants franç
ais.
Au nombre de 3 000 au début 1984, ils
grevaient lourdement le budget ivoirien qui devait financer leurs frais
à 83%.
Mille coopérants ont été
ainsi remerciés en 1984-1985.
Mais leur départ n'était qu'une m
esure indispensable et trop longtemps
retardée.
Elle ne signifiait en rien un changement de cap politique,
ni un éloignement par rapport à
l'ancienne puissance coloniale.
La présence des capitaux étrangers
est activement encouragée et les
Français ont encore financé, en 1982, 21% des investissements du p
ays, et les États-Unis ...
3% ; la
majeure partie des investissements a été réalisée directemen
t par l'État ivoirien (64%), tandis que les
Libano-Syriens et les nationaux ivoiriens en finançaient 9%.
En 1983,
on estimait à 50 000 le nombre de
Français résidant en Côte-d'Ivoire.
Conformément à un pac
te militaire vieux de vingt-deux ans, 500
soldats français stationnent en permanence à Abidjan, de même q
ue de nombreux conseillers militaires
français.
Le budget 1985, baptisé "budget d'austérité", a été voté
à la baisse: 10 milliards de FF contre 14,4
milliards en 1982.
Par rapport à l'année 1984, le budget de foncti
onnement a été réduit de 2,52% et celui
d'investissement des deux tiers.
L'inflation, quoique non dramatique, a sévi sur les produits locaux.
L'indice général des prix à la
consommation est passé de 374,1 en mars 1983 à 401,1 en mars 1984,
soit une inflation de 7,22%.
En
1970, cet indice était de 100.
Pour sortir de la crise, un redéploiement industriel semble nécess
aire, mais il se heurte aux difficultés de
développement des industries de substitution.
Des investissements imp
ortants ont été consentis dans un
nouveau secteur agro-industriel: celui du latex (caoutchouc naturel),
l'objectif étant de faire de la Côte-
d'Ivoire le premier producteur africain vers la fin des années quatre
-vingt.
La production de caoutchouc
était de 34 000 tonnes en 1984 pour une superficie plantée de 43 0
00 hectares.
On prévoit que cette
production passera à 90 000 tonnes pour 78 500 hectares, vers 1990.
P
ar ailleurs, la Côte-d'Ivoire a
ouvert un nouveau marché avec le champagne d'ananas fabriqué à
la Fruitière du Baudame.
Sur le plan de la production pétrolière, après l'extension de s
a capacité de raffinage, Abidjan voudrait
devenir le "Rotterdam de l'Afrique de l'Ouest".
Un accord a été si
gné avec la compagnie américaine Gulf
et des contacts commerciaux plus serrés ont été noués avec l
es pays de la sous-région.
La Côte-d'Ivoire
rêve aussi d'accroître son industrie touristique.
En 1984, elle n'
a reçu que 200 000 touristes malgré les
investissements très importants réalisés dans ce secteur..
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