COSME TURA
Publié le 17/05/2020
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«
COSME TURA
1430-1495
c'EST dans l'ambiance favorable due à la Maison d'Este qu'est née, à Ferrare, vers le milieu
du xve siècle, une école de peinture parmi les plus homogènes de goût et les plus originales de la
Renaissance italienne.
Des conditions historiques heureuses
ont présidé à sa naissance.
Proche de Ferrare, Padoue
était devenue le grand centre du rayonnement de la culture renaissante toscane vers l'Italie du
Nord : Paolo Uccello, Filippo Lippi et Donatello y avaient travaillé; Andrea del Castagno avait
peint des fresques
à Venise.
Mantegna, élève de Squarcione, portant romantiquement au
paroxysme les principes de la Renaissance toscane, crée un mythe idéal du classicisme, d'une
intense puissance plastique et d'une fermeté de métal.
Dans le creuset d'idées artistiques padouan
se forme une sorte de langage unitaire nord-italien, commun aussi bien au Vénitien Giovanni
Bellini
qu'aux Lombards Foppa et Butinone; au Bolonais Marco Zoppo qu'au Dalmate Schiavone,
au Véronais Benaglio qu'au Vénitien Crivelli et aux peintres de Ferrare.
Dans
la première moitié du siècle avaient passé par Ferrare Pisanello et Jacopo Bellini
et, vers son milieu,
Piero della Francesca et Roger van der Weyden.
En quelque cinquante ans, trois peintres de génie imprimeront à la peinture ferraraise
un cachet artistique particulier: Cosme Tura, Francesco del Cossa et Ercole da Ferrara (Roberti),
p~rsonnalités puissantes et originales.
Ils se sont tous trois appliqués avec passion et clairvoyance
à s'approprier entièrement la poétique de la Renaissance toscane et classique, en la transformant
selon leur fantaisie créatrice.
Dans
la manière de Tura, le plus ancien des trois, et certainement le plus cohérent et
rigoureux, s'unissent certaines constantes : la plastique de Donatello, sorte de certitude nouvelle
des rapports de l'homme avec
la nature; la haute et forte lumière de Piero della Francesca et la
forme aiguë et tourmentée, encore profondément médiévale, de Roger van der Weyden.
C'est
à Ferrare, dans l'œuvre de
Tura, qu'on assiste à la prodigieuse fusion de deux civilisations, réalisée
non
par un compromis académique artificiel (comme celui des « romanistes » anversois), mais
par un élan poétique des plus élevés, par une abstraction formelle parmi les plus hautes.
Tura nous donne une « interprétation médiévale et irréaliste de la Renaissance »
(R.
Longhi).
Peut-être Roberti trouvera-t-il un accent lyrique plus pénétrant, Cossa une expres
sion plus
dramatique de la forme humaine, mais Tura, c'est celui qui a poursuivi avec le plus
d'ardeur la découverte d'une poétique lucidement exaltée, si bien que l'intensité de son angoisse
permettrait de l'appeler
« expressionniste ».
FxLs d'un bonnetier, il naît peu avant 1430.
A partir de 1451, il est nommé dans divers documents
pour avoir estimé des pennons peints, exécuté un cimier pour le meilleur coureur du palio," décoré
de reliefs des cassettes à musc.
Ces débuts artisanaux expliquent le penchant particulier de Tura
pour la technique, où il devait atteindre à la perfection.
Jusqu'en 1456, il est absent de Ferrare :
sans doute est-il allé
à Padoue, où il a peut-être servi d'aide à Mantegna.
Revenu en 1457, il
loge
à la Cour.
L'année suivante, il fournit des cartons pour tapisseries, peint une Nativité (perdue)
pour le Dôme, et, de 1460 à 1463, continue la décoration de Belfiore, sans cesser, pour autant,
d'orner des objets et des étoffes.
En 1465-1467, il est à la Mirandole, où itdécore de figures allégoriques la bibliothèque
de l'humaniste Pic.
A Ferrare, il complète la décoration de la chapelle Sacrati à San Domenico
par des Scènes du Nouveau Testament et une Adoration des Mages, achevant ensuite celle des orgues
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COSME TURA « Saint Antoi,..
>> (Musil tfu Louvr•, Paris.).
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