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Corrigé dissertation Hélène Dorion

Publié le 27/02/2025

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« DISSERTATION : Sujet n°2 Dans A ma fenêtre le matin : Carnets de route (2006), Peter Handke écrit : "Écoute la voix du dehors, c'est la voix intérieure." En quoi le recueil Mes Forêts d'Hélène Dorion adresse-t-il au lecteur la même invitation ? Explication de la citation : Parallélisme : la voix du dehors (5 syllabes) // la voix intérieure (5 syllabes) => même importance donnée aux deux dimensions Antithèse : dehors # intérieure qui met en évidence une contradiction mais c’est en fait un paradoxe car il y a une égalité entre : « la voix du dehors » => voix de l’extérieur, c’est-à-dire de l’espace naturel, de l’espace ouvert = « la voix intérieure » => voix intime, spirituelle, introspective Donc plutôt qu’une opposition, il y a une analogie à exploiter. Impératif : « Ecoute », valeur de conseil ou d’invitation qui suppose qu’on propose une solution pour améliorer une situation ; il s’agit donc d’identifier quelle est la situation problématique : dans Mes Forêts, on peut penser à la voracité de l’homme et au système d’exploitation de la nature – et de lui-même – qu’il a mis en place et qui nous conduit dans une impasse. Homonymie : voix // voie (thématique du chemin, du sentier… qui parcourt l’oeuvre), donc cette invitation est peut-être celle d’une voie de secours à emprunter pour sortir de l’impasse. Propositions de problématique : Sur quoi repose l’analogie surprenante mise en évidence par Peter Hande, qui met en parallèle l’extérieur et l’intérieur, la nature et l’intime dans la poésie de Mes Forêts d’Hélène Dorion ? En quoi le chant polyphonique de la nature permet-il à Helène Dorion dans Mes Forêts – et à travers elle son lecteur - de trouver sa propre voix, ou plutôt sa propre voie, révélant ainsi l’analogie entre macrocosme et microcosme ? En quoi la poésie d’Hélène Dorion nous invite-t-elle à être attentif à tous les bruits du monde afin de trouver un chemin introspectif capable de nous mener à une renaissance nécessaire ? => ceci pour vous montrer qu’il n’existe pas une seule problématique mais de multiples varaitions (plus ou moins réussies!) sur le même thème.

En tout cas, il me semble qu’il vous faudra toujours essayer de combiner les trois termes du parcours : la nature, l’intime, la poésie Plan détaillé : I.

Comment la voix du dehors se fait entendre dans la partition poétique = Un concert littéraire au coeur de la nature : 1° La prise de parole de nombreuses voix individuelles ex.

1 A l’instar de toute une tradition poétique qui donne volontiers la parole à la nature, notamment grâce à la proposopée (le poème « Docilité » de Jules Supervielle en est un exemple frappant puisqu’il commence par « La forêt dit : » et fait suivre des paroles au discours direct), la poétesse affirme dès le 2è poème de la 1ère section, intitulé « L’arbre » être à l’« écoute [de] cette partition / du temps » et affirme sa volonté de la comprendre : « je déchiffre enfin / le désordre des branches » : ex.

2 : 1ère section, « L’Ecorce incertaine » qui donne la parole à chaque élément de la forêt comme l’attestent les champs lexicaux de la parole ou de l’ouïe qui leur sont associés : « Le feu / qu’on entend venir » ; « L’humus […] s’il était la voix / qu’on n’entend plus » ; « Les racines […] observent-elles les nuages / pour apprendre / la langue de l’horizon » ; « L’ocre / dit la saison » ; 3e section, 3e poème : le bois racontait une histoire / d’air rouillé ». ex.

3 : les sons des éléments sont individualisés bien qu’ils appartiennt à un ensemble identifié, ce qui leur confère une sorte de personnalité ; ainsi les « mille voix de vent » (début du 1er poème de « L’onde du chaos ») ou « les voix » qui « s’égrènent : dans leur solitude » au début d’« Une chute de galets ». 2° qui constituent un choeur polyphonique Toutes ces voix individuelles parviennent à s’assembler pour former une sorte de chorale, de chant collectif qui a sa propre beauté : ex.

1 : « La déchirure » (1ère section) : « J’écoute un chant de vagues » = le choix du terme « chant » suppose une harmonie, donc une intention qui est assez étrange quand on l’associe aux « vagues ».

On le retrouve à plusieurs reprises dans le recueil comme dans « Le sentier » où « la forêt se souvient du chant des ailes » ou dans le 4e poème de « L’onde du chaos » qui évoque « le chant de fêlure et de désir » des arbres.

Il y même un jeu sur l’homophonie dans le 2 e poème construit sur l’anaphore « Mes forêts sont » qui commencent avec l’attribut « un champ silencieux » qu’on peut entendre comme un oxymore. ex.

2 : Mais en même temps, Hélène Dorion valorise les sons qui peuvent sembler moins symphoniques mais qui n’en ont pas moins un impact profond sur les êtres humains : « L’écorce » (même section) : « les forêts grincent / et ce gémissement / secoue nos solitudes ».

Tout comme les sons qui peuvent mimer un langage des éléments naturels à travers les personnifications : « Le houppier » : « les nuages chuchotent / à l’oreille des pierres » ou « Les brèches » : « le bégaiement des feuilles ».

Ces sons seront d’ailleurs synthétisés dans l’anaphore du poème « Une chute de galets » (anaphore qui revient 7 fois) = « C’est le bruit du monde » qui utilise le collectif « monde » afin de montrer la cohésion des différents bruits. 3° ce qui débouche sur une conception de la poésie comme une partition musicale La poétesse écoute donc ce chant du monde et essaie de le transposer en poésie, c’est-à-dire en mots et en syllabes, mais aussi en silence, afin de composer son propre chant lyrique.

Elle donne ainsi forme aux « syllabes informes » (« La branche » dans la 1ère section) que fait entendre la nature : ex.

1 : l’invitation à l’impératif « Ecoute » du poème « Une chute de galets » s’adresse aussi bien à elle-même qu’au lecteur.

Dorion insiste donc sur cette nécessité d’entendre et donc sur l’importance des rythmes et mélodies audibles dans la nature.

Et c’est à partir de cette écoute qu’elle va parvenir à déchiffrer « un poids de lettres / et de mots inconnus » (Un lit dans la 1ère section)0 ex.

2 : Déjà Paul Verlaine insistait sur la composante musicale de la poésie en commençant son « Art poétique » par ces vers : « De la musique avant toute chose / Et pour cela préfère l’Impair » et en insistant en fin de poème « De la musique encore et toujours ! » (Jadis et Naguère, 1885) ex.

3 : la playlist d’Hélène Dorion, proposée sur son site, et qui montre que sa création est portée par l’écoute régulière de la musique + écriture du livret d’un opéra. ex.

4 : variété de sa poésie qui essaie de retranscrire tous les chants audibles dans la nature : son souffle poétique laisse ainsi place : - aux silences (blancs typographiques qui rythment certains poèmes) - aux bruits par les allitérations et assonances - aux respirations par le choix du vers libre - à l’accélération du rythme.... »

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