CorrespondanceMadame de SévignéA Pomponne, lundi 22 décembre 1664Ce matin à dix heures on a mené M.
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
Correspondance
Madame de Sévigné
A Pomponne, lundi 22 décembre 1664
Ce matin à dix heures on a mené M.
Foucquet à la chapelle de la Bastille.
Foucault
tenait son arrêt à la main.
Il lui a dit : “ Monsieur, il faut me dire votre nom, afin que
je sache à qui je parle.
” M.
Foucquet a répondu : “ Vous savez bien qui je suis, et
pour mon nom je ne le dirai non plus ici que je ne l'ai dit à la chambre.
Et pour
suivre le même ordre, je fais mes protestations contre l'arrêt que vous m'allez lire.
”
On a écrit ce qu'il disait, et en même temps Foucault s'est couvert et a lu l'arrêt.
M.
Foucquet l'a écouté découvert.
Ensuite on a séparé de lui Pecquet et Lavalée, et
les cris et les pleurs de ces pauvres gens ont pensé fendre le c œur de ceux qui ne
l'ont pas de fer.
Ils faisaient un bruit si étrange que M.
d'Artagnan a été contraint de
les aller consoler, car il semblait que ce fût un arrêt de mort qu'on vînt de lire à leur
maître.
On les a mis tous deux dans une chambre à la Bastille ; on ne sait ce qu'on en
fera.
Cependant M.
Foucquet est allé dans la chambre de d'Artagnan.
Pendant qu'il y
était, il a vu par la fenêtre passer M.
d'Ormesson, qui venait de reprendre quelques
papiers qui étaient entre les mains de M.
d'Artagnan.
M.
Foucquet l'a aperçu ; il l'a
salué avec un visage ouvert et plein de joie et de reconnaissance.
Il lui a même crié
qu'il était son très humble serviteur.
M.
d'Ormesson lui a rendu son salut avec une
très grande civilité, et s'en est venu, le c œur tout serré, me raconter ce qu'il avait vu.
A onze heures, il y avait un carrosse prêt, où M.
Foucquet est entré avec quatre
hommes ; M.
d'Artagnan à cheval avec cinquante mousquetaires.
Il le conduira
jusqu'à Pignerol, où il le laissera en prison sous la conduite d'un nommé Saint-Mars,
qui est fort honnête homme, et qui prendra cinquante soldats pour le garder.
Je ne
sais si on lui a donné un autre valet de chambre.
Si vous saviez comme cette cruauté
paraît à tout le monde, de lui avoir ôté ces deux hommes, Pecquet et Lavalée ! C'est
une chose inconcevable ; on en tire même des conséquences fâcheuses, dont Dieu le
préservera, comme il a fait jusqu'ici.
(…)
Adieu, mon pauvre Monsieur.
Je ne suis pas si modeste que vous, et sans me sauver
dans la foule, je vous assure que je vous aime et vous estime très fort.
J'ai vu cette nuit la comète.
Sa queue est d'une fort belle longueur ; j'y mets une
partie de mes espérances.
Mille baisemains à votre chère femme..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La QuotidienneVendredi 8 décembre 1815Nouvelles de ParisNous avons recueilli les détails suivants sur ce qui s'est passé entre la condamnation du maréchal Ney et son exécution :Dès les trois heures du matin, la garde du condamné avait été remise à M.
- Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958: Je suis née à quatre heures du matin, le neuf janvier 1908
- Dans un entretien accordé à André Warnod (Le Figaro , 11 mai 1937), Giraudoux déclara à propos d'Electre : «Je montre la lutte que mène une jeune fille pour la découverte d'un énorme crime. C'est si vous voulez une pièce policière ; mais considérée non du point de vue du détective, mais du point de vue du juge. L'action se déroule en une nuit, en douze heures. Au matin, la vérité est découverte.» Partagez vous ce point de vue ?
- Veillée de NoëlLe 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfants dudocteur Stahlbaum.
- Veillée de NoëlLe 24 décembre de cette année-là, le petit salon familial, avait été interdit dès le matin aux enfantsdu docteur Stahlbaum.