Cornélie
Publié le 16/05/2020
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Cornélie
Cornélie est la plus jeune des deux filles de Scipion l'Africain et d'Aemilia Tertia ; née vraisemblablement en 189 av.JC, elle a grandi dans un milieu de haute culture, épris de lettres grecques et de philosophie stoïcienne.
Vers 176-175 av.
JC, après la mort de l'Africain, un conseil de famille choisit, parmi ses prétendants, TiberiusSempronius Gracchus.
Celui-ci n'a pas plus de trente-cinq ans ; brillant magistrat, brillant chef militaire, il vientd'exercer le consulat (177 av.
JC).
Cette union sera paisible et féconde.
En vingt-deux ans de mariage, Cornéliedonnera à Tiberius douze enfants, fils et filles : beaucoup ont dû mourir en bas âge.
Il ne restera qu'une fille aînée,Cornélie, Tiberius Gracchus, né en 163 et Caïus Gracchus, né en 154.
Pour Tiberius, Cornélie choisira, écrit Cicéron, “ les meilleurs maîtres de la Grèce ” en philosophie, le stoïcien Blossiusde Cumes ; pour la rhétorique, Diophane de Mitylène qui propose à son élève le modèle de Périclès.
Tiberius Sempronius meurt en 154, quelques mois avant la naissance de son fils Caïus.
Peu après, le roi d'Égypte,Ptolémée Evergète, en visite à Rome, vient proposer à Cornélie de partager son trône.
Mais la veuve de Tiberius leCenseur ne peut renier son passé : elle congédie ce monarque bouffi et un peu ridicule.
Désormais, l'éducation de ses enfants et le culte des lettres vont remplir l'existence de Cornélie.
Elle pourra répondreà une Campanienne trop fière de ses bijoux que ses deux fils constituent sa plus belle parure.
Grâce à la présence de cette mère, l'ambition de ses enfants se tempérera du sens de la misère humaine et s'unira àla passion de la justice.
Bientôt Tiberius se couvre de gloire en Afrique et en Espagne.
Cornélie reporte tous sessoins sur Caïus, de neuf ans le cadet, qui annonce des dons d'orateur hors de pair.
Dès 133 av.
JC, elle connaît un immense chagrin.
Tiberius, devenu tribun du peuple, a proposé la distribution auxcitoyens pauvres des terres d'État accaparées par les nobles.
Le parti conservateur réagit avec violence.
Cornélie,si elle n'approuve pas tous les actes de son fils, ne peut rester insensible à la générosité de sa politique.
MaisTiberius, mal soutenu par le parti démocratique, pressent un échec prochain.
Cornélie est auprès de lui lorsqu'ilarpente le Forum en vêtements de deuil pour apitoyer ses partisans Le lendemain, au cours d'une bagarre, le tribunest poursuivi et tué.
Dès lors, Cornélie n'a plus sa place à Rome ; elle va s'installer à Misène, loin des agitations de la vie politique.
Autourd'elle, se presse une cour de poètes et de philosophes, et elle reçoit l'hommage des rois.
En 123 av.
JC, lorsque Caïus reprend le projet de loi agraire de Tiberius, il veut faire exiler le tribun Octavius quiavait entravé, dix ans plus tôt, la politique de son frère.
Alors, selon Plutarque, Cornélie intervient et, par lettre,supplie son fils de ne pas s'attarder à cette tardive vengeance.
Certains historiens latins ont affirmé que Cornélie,en l29 av.
JC, avait été soupçonnée de complicité à l'occasion de la mort singulière de Scipion Émilien.
C'est là uneinvention des adversaires des Gracques.
Dernière épreuve pour Cornélie : le parti conservateur qui voit en Caïus un réformateur plus radical et plusdangereux que Tiberius, isole le tribun et prend l'offensive ; Caïus est tué avec trois mille de ses partisans (121 av.JC).
La mère douloureuse survivra sans doute une dizaine d'années.
Elle ne quitte pas sa maison de Misène, et y évoquesouvent, avec une sérénité qu'admirera Plutarque, la longue suite de ses deuils.
Elle aime à déclarer que le Capitoleet le bois consacré à la nymphe Furrina, où ont été respectivement tués Tiberius et Caïus, constituent pour eux dedignes tombeaux.
Telle est la fin, toute stoïcienne, de la plus illustre des matrones..
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