Corneille
Publié le 15/05/2020
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Corneille
Dans le genre de la tragédie définitivement constitué, Corneille a trouvé une forme saisissante pour présenter dansdes situations pathétiques des âmes d'une trempe admirable.
Le théâtre avant Corneille manquait de principes et de modèles.
Les tragiques du XVIe siècle n'avaient pas réussi à créer une tradition : le grand fait de l'histoire du théâtre dans lespremières années du XVIIe siècle est que l'œuvre dramatique devient un spectacle réel, présenté sur la scène.
Les principaux auteurs avant Corneille furent Hardy, Racan, Théophile de Viau et Mairet.
Hardy (1570-1632), improvisateur fécond, a laissé un grand nombre de pièces mouvementées et confuses; Racan atransporté sur la scène les bergers des romans; Théophile de Viau a écrit une tragi-comédie émouvante, Pyrame etThisbé; Mairet (1602-1686) a composé la première tragédie régulière : Sophonisbe (1634).
Les pièces représentées entre 1610 et 1634 peuvent se rattacher à trois genres principaux : le drame qui comportela figuration d'épisodes innombrables et impressionnants; la pastorale, présentant des scènes d'églogues; la tragi-comédie, caractérisée par le tour romanesque de l'action, la multitude des aventures et par le dénouement heureux.L'irrégularité de la forme et la complication de l'intrigue sont les traits les plus marquants de ce théâtre de transition: cependant vers 1634 la forme proprement classique de la tragédie finit par se déterminer et on la conçoitdésormais comme une pièce à cinq actes et en vers, soumise à l'observation des trois unités (temps, lieu, action) etconsacrée à la représentation d'un sujet pathétique emprunté à l'histoire.
Ces conditions plus sévères de la forme furent imposées surtout après la publication des Sentiments de l'Académiesur Le Cid.
Cependant les premières pièces de Corneille conservent des vestiges de l'état antérieur : ce sont, outrela tendance à la complication de l'intrigue, une survivance de l'élément lyrique (stances) et le caractère oratoire dustyle.
En ce sens, les pièces de Corneille se rattachent aux tragédies du XVIe siècle.
La carrière de Corneille offre, après d'éclatants succès, l'histoire d'une décadence graduelle.
Pierre Corneille (1606-1684), né à Rouen, avocat, mena une existence obscure et parfois gênée; dans sa vieillesse,il s'obstina à écrire malgré l'abandon du public qui se tournait vers Racine.
Ce fut dans la vie pratique un hommetimide et simple, ayant en imagination le goût des grandes choses, des caractères forts et des paroles superbes.
On peut distinguer cinq époques dans la carrière de Corneille.Les débuts.
Ce sont des comédies d'intrigue consacrées aux mœurs contemporaines et à la bonne société : Mélite(1629), La Galerie du Palais, La place Royale.
Médée et Le Cid (1636).
Ce sont les premiers essais de Corneille dans le genre tragique : avec Le Cid, adapté deGuilhem de Castro, il affirme toute la supériorité de son génie; la pièce abonde en scènes brillantes et héroïquesroulant autour d'un sujet passionnant, l'amour de Rodrigue et de Chimène.
Le succès inouï de la pièce déchaîna les invectives de Scudéry, provoqua la jalousie de Richelieu : ce fut la Querelledu Cid.
Le docte Chapelain (1595-1674) rédigea les Sentiments de l'Académie sur le Cid> œuvre de critiquemaladroite et inintelligente.
Corneille mécontent se tint trois ans à l'écart du théâtre.
Les tragédies romaines (1640-1643).
Horace, Cinna, Polyeucte, Pompée.
Ce sont des pièces historiques et oratoires,au style solennel, où les règles sont plus strictement observées.
Mélodrames tragiques (Rodogune, Héraclius) et comédies avec ou sans héroïsme (1645-1652).
Le trait commun deces pièces est la complication de l'intrigue.
Le Menteur, comédie, raconte les aventures galantes d'un étudiant endroit.
Dans Nicomède, comédie héroïque, un jeune prince oriental, vaillant et spirituel, fils d'un roi imbécile, déjoue ladiplomatie romaine et sauvegarde son indépendance.
Après l'échec de Pertharite (1652), Corneille se retire du théâtre pendant sept ans.
pièces de décadence (1659-1674).
Ce sont des tragédies politiques, aux sujets invraisemblables et d'intérêtmédiocre : Agésilas, Attila, Suréna.
Il semble que deux courants se fassent jour dans le théâtre de Corneille : l'un plein de jeunesse et d'animation qui luia dicté les scènes généreuses ou alertes du Cid, du Menteur et des comédies héroïques ; l'autre imbu d'une majestésévère et grandiloquente que l'on trouve dans ses tragédies : Cinna, Pompée, Rodogune.
L'imagination de Corneille s'est déployée dans la comédie comme dans le genre héroïque.
Comédies.
L'originalité des comédies de Corneille fut de peindre des caractères naturels, des « honnêtes gens » sans.
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