Corée du Sud: 1996-1997: Une grève de pays industrialisé
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/1/450742.txt[13/09/2020 23:43:54] Corée du Sud 1996-1997
Une grève de pays industrialisé
Le 25 février 1997, à l'occasion du quatrième anniversaire de s
on accession au pouvoir, le président Kim
Young-sam a présenté le programme de sa dernière année de ma
ndat: réduire les inégalités et lutter
contre la corruption, relancer l'économie, renforcer la sécurité
nationale et organiser avec impartialité
l'élection présidentielle de décembre 1997.
Or, on pouvait crai
ndre, étant donné le peu qui avait déjà été
fait, de voir arriver cette échéance sans qu'ait été atteint
le premier point.
Les inégalités sont demeurées
grandes et se sont même accentuées dans certains cas.
La corruptio
n apparaissait toujours comme un
mal chronique, dont il est difficile de se débarrasser.
Il faut rappeler que deux anciens présidents, Chun Doo-hwan et Roh Ta
e-woo, furent inculpés, en 1995,
après la découverte d'enrichissements indus au cours de leur manda
t, même si, ensuite, une loi spéciale
fut votée permettant également de les juger sur leur rôle lors
des massacres de Kwangju, en mai 1980
(répression, sur l'ordre de Chun, d'un soulèvement étudiant, a
yant fait officiellement 200 morts et plus de
2000 blessés).
Après le renvoi du procès en cassation, ils fur
ent condamnés par la Cour suprême, le 17
avril 1997, respectivement à la prison à vie et à dix-sept ans
de réclusion.
Tout au long de ce procès dont
Kim Young-sam avait permis qu'il ait lieu, la presse n'a pas manqué d
e s'interroger sur ses relations avec
Roh et, en particulier, sur la façon dont avait été financée
sa campagne présidentielle de 1992.
L'affaire Hanbo, qui a éclaté au mois de janvier 1997, illustrait
bien l'imbrication profonde entre le monde
des affaires et la classe politique.
Le grand conglomérat et deuxiè
me producteur national d'acier s'était
lancé dans des investissements effrénés et avait obtenu des prê
ts de plusieurs banques, dont la Korea
First Bank, qui avait donné sa garantie et refusé de voir l'endett
ement anormal - estimé à près de 6
milliards de dollars - de la société.
Hanbo avait été souten
u, au départ, par les autorités coréennes, qui
voulaient en faire le numéro cinq mondial de l'acier.
Au moment de l'
arrestation de Chung Tai-soo,
président fondateur du groupe (condamné le 2 juin 1997 à quinz
e ans de prison), Kim a d'abord qualifié
l'affaire de simple banqueroute puis a dû admettre qu'il s'agissait d
'un cas de corruption.
Qui plus est, la
commission d'enquête a révélé l'implication de certains proc
hes du président: membres de la majorité,
anciens secrétaires et même son fils cadet, Kim Hyun-chul (arrê
té le 18 mai et dont le procès a
commencé un mois plus tard).
Les ouvriers contre la flexibilisation
Pour tenter de mettre fin à ces affaires de corruption et aussi de re
lancer l'économie, Kim a nommé un
nouveau Premier ministre, Koh Kun, le 4 mars 1997 et remanié le gouve
rnement.
La relance de
l'économie était, en effet, un autre projet important de l'action
gouvernementale.
Longtemps protégée,
celle-ci s'est libéralisée et le pays s'est progressivement ouvert
à la concurrence étrangère.
En faisant de
la mondialisation l'un de ses chevaux de bataille, Kim avait lancé so
n pays vers une libéralisation totale,
tout en affichant sa volonté de voir la Corée du Sud prendre une p
lace de plus en plus importante dans
les affaires mondiales.
L'admission de la Corée à l'OCDE (Organis
ation de coopération et de
développement économiques), le 25 octobre 1996, a incontestableme
nt marqué une étape, même si elle
n'a pas fait l'unanimité dans le pays.
Peu après, la Corée a connu sa première grande grève de pays
industrialisé.
A l'origine du conflit social
était un texte réformant le droit syndical, autorisant le pluralis
me de représentation syndicale en 2002
(actuellement un seul syndicat dans une même entreprise) et portant
l'empreinte du patronat: plus
grande liberté de licenciement, flexibilité des horaires et interd
iction de payer les ouvriers grévistes.
Mais
ce qui mit le feu aux poudres fut la façon dont le texte fut voté:
les députés membres du parti
majoritaire, le Parti pour une Corée nouvelle, furent convoqués le
26 décembre à 6 heures du matin pour
une session extraordinaire.
Dix minutes plus tard la loi était voté
e en l'absence de l'opposition.
Le
président reproduisait ainsi les méthodes de ses prédécesseu
rs qu'il avait dénoncées.
Le conflit s'est envenimé et, durement réprimé, a suscité l'
attention des pays étrangers qui ont découvert
à l'occasion que les acteurs économiques asiatiques pouvaient ré
agir comme leurs homologues.
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