Corée du Nord: 1994-1995
Publié le 13/09/2020
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file:///F/Lycée/1/450710.txt[13/09/2020 23:43:51]Corée du Nord 1994-1995
Kim Il Sung est mort le 8 juillet 1994 à l'âge de 82 ans, après
quarante-neuf ans de pouvoir absolu.
Son
fils Kim Jong Il lui a succédé comme prévu, mais le mystère
a continué de planer sur la personnalité et le
pouvoir réel de ce dernier.
On savait, en effet, peu de chose sur cet
homme sans charisme.
Même son
âge et son lieu de naissance n'étaient pas certains.
Onze mois apr
ès la disparition de son père, il n'était
toujours pas proclamé chef de l'État ni secrétaire généra
l du Parti.
Son invisibilité était généralement
imputée à sa mauvaise santé (diabète, hypertension, cirrhos
e), si bien qu'on pouvait se demander
combien de temps il pourrait diriger le pays.
Toujours est-il que les États-Unis ont misé sur Kim Jong Il dès
la mort de son père.
En fait, personne n'a
contribué autant que le président Bill Clinton à sa légitima
tion, en l'appelant dans une lettre personnelle
du 20 octobre 1994 le "leader suprême" de la République démocra
tique populaire de Corée.
Cette lettre a
été immédiatement exploitée à Pyongyang comme "la plus gr
ande victoire diplomatique obtenue par la
direction du Parti et le peuple coréen".
L'accord de Genève, signé entre Pyongyang et Washington le 21 octo
bre 1994, a formellement mis un
terme à la crise nucléaire déclenchée par le retrait de la C
orée du Nord du Traité de non-prolifération
nucléaire (TNP), le 12 mars 1993.
Aux termes de l'accord, la Coré
e du Nord s'est engagée à démanteler
trois réacteurs existants, dont deux, de 50 mégawatts et de 200 mé
gawatts, en construction, à accepter
les inspections de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomiq
ue) et à reprendre le dialogue avec la
Corée du Sud.
De leur côté, les États-Unis ont accepté de
constituer un consortium pour financer deux
réacteurs à eau légère d'une capacité totale de 2 000 mé
gawatts (coûts estimés à 4 milliards de dollars)
avant 2003, de livrer 500 000 tonnes de pétrole brut par an pendant l
a période de transition et d'établir
des relations diplomatiques avec Pyongyang.
Le 16 décembre 1994, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japo
n ont ainsi créé à New York un
consortium, le KEDO (Korea Energy Development Organization), pour la m
ise en oeuvre de l'accord de
Genève.
La Corée du Sud s'est déclarée prête à assumer
un financement de 4 milliards de dollars pour les
deux réacteurs à condition qu'ils soient de sa propre fabrication,
ce que Pyongyang a refusé dans un
premier temps, puis fini par accepter, le 13 juin 1995, à condition q
ue l'origine sud-coréenne ne soit pas
mentionnée explicitement.
Après la mort de Kim Il Sung, le régime nord-coréen a refusé
tout contact avec le gouvernement de
Séoul, redoutant une absorption par la Corée du Sud sur le modè
le de l'unification allemande de 1990.
Kim Jong Il n'a pas hérité de l'obsession de réunification nati
onale de son père.
La légitimation des deux
Corées par l'ONU en 1991 et celle plus récente de la Corée du N
ord par Washington pourraient permettre
à Pyongyang de sortir du piège de sa quête irrationnelle d'une
légitimité unique et absolue pour une
Corée unifiée.
Dans le domaine économique, Kim Il Sung avait fixé trois priorité
s sectorielles: agriculture, industrie
légère et commerce extérieur.
Il ne faisait ainsi que reconnaî
tre la pénurie en produits de première
nécessité et en devises étrangères.
Pour éviter la failli
te, l'ouverture économique est devenue impérative.
Le gouvernement a pris une série de mesures dans ce sens en adoptant
des lois favorisant les
investissements étrangers et la désignation de la région de Naj
in-Songbong comme "zone économique
spéciale".
Le régime restait cependant pris entre la nécessité
de l'ouverture et la peur de l'invasion
capitaliste.
Il a donc opté pour une ouverture sélective et contrô
lée, privilégiant des contrats mixtes avec
des sociétés étrangères dans des régions économiques r
elativement isolées.
Les échanges commerciaux avec la Corée du Sud, s'effectuant toujou
rs via la Chine, ont atteint 232
millions de dollars pendant les huit premiers mois de 1994..
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