Conrad Witz
Publié le 16/05/2020
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Conrad Witz
1400 ?-1447
Conrad Witz n'a été découvert qu'au commencement de ce siècle, et nous ne savons que peu de choses de sa vie.
Voici les brèvesdonnées que les archives nous fournissent : natif de Rottweil (Allemagne du Sud), il est reçu bourgeois de Bâle en 1435, après êtreentré une année auparavant dans l'abbaye du "ciel".
I1 est marié avec Ursula Treyger von Wangen, une nièce du peintre NicolasRusch.
Avec ce dernier il exécute, en 1441, des peintures aujourd'hui disparues à l'Arsenal de Bâle.
L'année suivante, il achète unemaison.
Son art est apprécié, puisqu'il en retire des émoluments importants.
En 1444, il signe son retable de Genève.
Il meurt tôtaprès, avant 1447, laissant une veuve et plusieurs enfants mineurs.
Il était donc jeune encore, lorsqu'il quitta ce monde.L'activité de Witz coïncide avec la période pendant laquelle la Renaissance pénètre au nord des Alpes et s'affirme dans les œuvresmagistrales des van Eyck.
Elle se déroule au milieu du Concile qui attire à Bâle les chefs de l'Église et fait de cette cité, pendantpresque deux décades, un centre de vie intellectuelle et de prospérité.
Witz attire sur lui l'attention de l'évoque de Genève, François deMez, plus tard cardinal, qui l'emmène avec lui et lui commande un retable pour sa cathédrale.
L'art de Witz s'impose par la puissante synthèse de ses évocations, par son modelé robuste, par la beauté de ses couleurs.
Son styleviril se distingue des peintures grâcieuses de son contemporain Stephan Lochner et d'autres peintres rhénans.
Aussi n'est-ce pas enAllemagne que nous trouvons la source de ses inspirations ; c'est en Bourgogne, auprès du Puits de Moïse de Claus Sluter, à Dijon, quese révèle le souffle de grandeur qui anime ses œuvres.
Comment s'en étonner, lorsque nous apprenons qu'un peintre de Sélestat, HansTieffental, décore à Bâle, dans les années 1418 à 1420, c'est-à-dire peu d'années avant la venue de Witz dans cette ville, une chapelled'après le modèle de la chartreuse de Champmol, attenante à la résidence des ducs de Bourgogne ? L'essor que le Concile valut auxarts et l'influence que l'école de Bourgogne exerça à Bâle nous permettent de saisir à la fois le milieu et les prémices artistiques qui ontdéterminé la singulière ascension du maître.
Voyons maintenant son œuvre.
La série s'ouvre par une Sainte Famille, au Musée de Naples.
Le vérisme du peintre s'y affirme dansl'architecture, où le jeu des ombres et des lumières répand une atmosphère de vie.
Les figures ont chacune leur caractère, mais ellesse plient à l'accent d'unité qui domine le groupe.
Divers panneaux d'un grand retable sont réunis dans une salle du Musée de Bâle ; lessujets en sont empruntés au Speculum humanœ salvationis, traité fort en honneur alors, dans lequel les personnages de l'AncienTestament sont mis en parallèle avec des sujets de l'Évangile.
Nous y voyons, sur les faces extérieures des volets, I'Église et laSynagogue, l'Ange annonciateur (la Vierge manque), un Personnage tenant un couteau et la Bible (saint Barthélémy ?) ; sur les voletsintérieurs, les figures suivantes se détachent sur fond d'or : César et Antipater (préfigure du Christ montrant ses blessures), Esther etAhasver (préfigure de la Vierge intercédant auprès de Dieu), Abraham et Melchisédec (préfigure de la Sainte Cène), le Roi David et lestrois guerriers Abisag, Sabotag et Benaja (préfigure de l'adoration des Mages).
Cette série est complétée par des panneaux conservésailleurs : le Musée de Berlin possède Salomon et la reine de Saba (préfigure des âmes sauvées dans le ciel), celui de Dijon estpropriétaire de Saint Augustin et d'Auguste et la Sibylle (préfigure de la naissance du Christ ou de l'Adoration de l'Enfant), et le Muséede Nuremberg possède une Annonciation.
En plus de ces panneaux qui formaient autrefois un ensemble, le Musée de Bâle nous offre la vue de deux peintures qui avaient uneautre destination : un Saint Christophe portant l'Enfant à travers les flots et la Rencontre de saint Joachim et de sainte Anne à la Portedorée.
L'ampleur du style se révèle dans l'attitude des personnages.
Les armures, les étoffes, les objets d'or, de bois, les pierreries, lesjoyaux ont une vraisemblance telle qu'on croirait pouvoir les toucher.
Les couleurs sont tantôt vives, tantôt dégradées, suivant ce quel'artiste veut nous dire.
Elles n'harmonisent les unes avec les autres.
Les visages ne sont pas traités avec l'acuité que van Eyck metdans ses portraits, ils sont soumis à une formule d'ensemble.
Il en est de même des mains, dont l'anatomie n'est pas poussée, mais quinéanmoins sont parlantes.
Dans la Rencontre d la Porte dorée, le relief va jusqu'au trompe-l'œil.
Le paysage lacustre du SaintChristophe exalte la poésie de la nature.
Sainte Marguerite et Sainte Catherine (Musée de Strasbourg) marquent une nouvelle étape dans la carrière du maître.
Sa peintures'enrichit d'une gamme plus mélodieuse.
La voûte gothique, sous laquelle les deux saintes sont réunies, s'emplit d'une lumière adoucie.Les visages paraissent comme sculptés ; ils sont néanmoins vivants et pleins d'expression.
Les deux volets de Genève sont les dernières œuvres de Witz.
Nous y voyons la Pêche miraculeuse, Saint Pierre délivré de la prison(faces extérieures), I'Adoration des Mages et le Cardinal de Mez agenouillé devant la Vierge et l'Enfant (faces intérieures).La Pêche miraculeuse est l'œuvre capitale de l'artiste.
Witz en sentait la réussite puisque, à une époque où les artistes faisaientrarement usage de leur nom, il l'a signée : "hoc opus pinxit magister conradus sapientis de basilea.
1444".
Le sujet est placé dans unpaysage qui rend la vue du lac Léman prise de Genève, exactement de l'endroit qui se nomme aujourd'hui le quai du Mont-Blanc, prèsdu pont ; à droite, l'entrée du port de Genève est marquée par des piquets ; dans une barque, saint Pierre se retourne vers le Maître etapparaît une seconde fois dans le tableau, dans l'eau.
C'est la plus ancienne peinture qui représente un paysage dont tous les détailspeuvent être identifiés.
L'exactitude de la topographie resterait néanmoins un simple objet de curiosité, si l'artiste en était resté là.
Witza fait de son sujet une œuvre d'art.
C'est en quoi réside son mérite.
La Délivrance de saint Pierre est composée d'après les mêmes principes, et dans L'Adoration des Mages, nous retrouvons sur un fondd'or les allures majestueuses, les costumes somptueux qui nous ont frappé dans les œuvres de Bâle.
La scène, bien que tenant encorede l'art du statuaire, est plus déliée, plus vive.
Le peintre laisse plus de jeu à sa veine narratrice.
Enfin, un portrait : le Cardinal de Mez, vêtu de ses ornements sacerdotaux, est agenouillé devant la Vierge et l'Enfant.
Conrad Witz aatteint ici à une grandeur d'allure impressionnante.
C'est une gloire pour la Suisse d'avoir suscité un peintre qui, à une époque où les artistes émérites étaient rares dans ce pays,s'apparente par son génie aux plus grands maîtres de tous les temps..
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