Conjoncture : énergie et combustibles (2005-2006)
Publié le 09/09/2020
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Conjoncture : énergie et combustibles (2005-2006)
Avec un baril de Brent à 60 dollars en juin 2005, à 75 en mai 2006, et peut-être
à 80 en fin d'année, on a atteint en dollars constants le sommet historique de
1981, qui faisait suite au second « choc pétrolier ».
La spirale des prix du
brut paraît illimitée, et, avec elle, celle des autres sources d'énergie.
Indexés en Europe sur ceux du pétrole, les prix du gaz naturel ont augmenté de
30 % depuis le début de 2005, tirant derrière eux ceux de l'électricité dans
tous les pays sans nucléaire.
Que se passe-t-il sur la scène énergétique
mondiale ?
Tout a commencé avec l'accélération imprévue de la croissance de la consommation
pétrolière mondiale, passée de 0,3 % en 2002 à 3,8 % en 2004.
Ce redressement
s'adossait à la bonne santé de l'économie des États-Unis, toujours nourrie de
pétrole bon marché, et surtout à l'envolée de la demande chinoise, dont la
croissance annuelle a bondi de 2,5 % à 15,4 % au cours de la même période.
En
cause, le choix d'une modernisation économique basée, entre autres, sur l'essor
du transport routier, mais aussi une soif inextinguible d'électricité, que les
défaillances du système électrique ont contraint de satisfaire à l'aide de
moteurs Diesel.
Depuis, la croissance mondiale est revenue au rythme plus
raisonnable de 1,2 % en 2005 et vraisemblablement en 2006.
Les 6 millions de
barils par jour (Mb/j) supplémentaires réclamés par l'économie mondiale de 2002
à 2006 n'auraient cependant pas provoqué une flambée des cours si toute la
chaîne de l'offre pétrolière n'avait été tendue à l'extrême.
Pétrole : tensions à l'international et production stagnante
Des accidents, naturels ou politiques, en ont été pour partie responsables.
En
Amérique du Nord, les cyclones Katrina et Rita de l'été-automne 2005 ont aggravé
le manque chronique de capacité des raffineurs d'outre-Atlantique et contraint à
la fermeture de nombreux puits dans le golfe du Mexique.
Au Vénézuela, les
grèves liées à la reprise en main gouvernementale de la compagnie nationale
PDVSA ont maintenu les volumes de production de fin 2005 et début 2006
au-dessous de ceux de 2001.
Les sabotages des oléoducs au Nigéria ont diminué
les flux exportables.
Enfin, la guerre en Irak empêchait toujours de retrouver
les niveaux de production d'avant 2003.
Conséquence : en dépit d'une légère augmentation des capacités de production de
l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) d'environ 1 Mb/j en 2005,
les excédents disponibles à court terme sont restés très faibles et concentrés
dans la seule Arabie saoudite.
De plus, le moindre incident (intensification des
sabotages en Irak ou montée de la tension entre l'Iran et les États-Unis
aboutissant à la fermeture du détroit d'Ormuz) provoquerait une rupture physique
des approvisionnements en 2006.
C'est ce cauchemar que le marché anticipait par
des prix futurs supérieurs aux prix spot du moment (situation de contango).
Les
risques que redoutent les opérateurs sont couverts par les spéculateurs à
hauteur d'environ 20 dollars le baril.
Le marché serait plus serein s'il observait ou prévoyait un accroissement
significatif des capacités de production.
Or, les pays de l'OPEP continuent à
vivre sur leurs réserves, tandis que les multinationales peinent à reconstituer
les leurs, à la fois parce qu'elles ont peu investi en exploration-production
après l'effondrement des prix de 1998 et parce qu'elles accèdent difficilement
aux zones les plus prometteuses de Russie et du Moyen-Orient.
Sans perspectives
de retrouver des gisements super-géants, du type Ghawar en Arabie saoudite, cela
implique une prise de risque.
L'énormité des profits réalisés en 2005 les a
cependant obligées à relancer l'exploration, mais à un rythme tempéré par le
retour en force du nationalisme pétrolier : reprise en main des hydrocarbures
par Vladimir Poutine en Russie, renégociation des contrats au Vénézuela
(décembre 2005) et en Bolivie (mai 2006), discussions difficiles avec l'Iran..
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