Conjoncture des marchés financiers (2005-2006)
Publié le 09/09/2020
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«
Conjoncture des marchés financiers (2005-2006)
Le « conundrum » n'aura pas résisté longtemps au départ de celui qui fut nommé
président de la Réserve fédérale américaine (Fed) par le président Ronald Reagan
en 1987.
Alan Greenspan avait emprunté cette formule au latin pour stigmatiser
l'énigme des marchés financiers.
En effet, durant de longs mois, le durcissement
de la politique monétaire entamé en juin 2004 s'était accompagné d'une détente
inattendue du marché obligataire tout comme des « spreads » (écarts de
rendements), supportés par les émetteurs privés et devant rémunérer un risque
supérieur aux emprunts d'État (qualifiés par les professionnels de « sans risque
»).
Le nouveau patron de la Fed, Ben Bernanke, a, il est vrai, commis quelques
erreurs de communication magistrales.
Mais après 16 relèvements d'un quart de
point des taux de la banque centrale américaine, et alors que le taux des Fed
funds porté à 5 % au début du mois de juin 2006 a fait entrer les taux
directeurs américains en territoire de neutralité – sans que chacun puisse
vraiment définir où cette zone s'arrête –, le marché a pris brutalement
conscience que le cycle de resserrement monétaire aux États-Unis n'était pas
encore achevé.
Vers un nouveau durcissement monétaire ?
La visibilité attendue de la part des banquiers centraux par les opérateurs s'en
est trouvée affectée.
D'autant plus que la Fed a laissé entendre que de nouveaux
tours de vis monétaires pourraient avoir lieu pour juguler toute dérive
inflationniste mais qu'une pause n'était pas non plus inenvisageable, tout en
soulignant que ses prochaines décisions seraient très dépendantes de l'évolution
de la conjoncture économique.
Et, justement, les statistiques de l'emploi de mai
2006 ont semblé montrer des premiers signes d'essoufflement de l'économie
américaine, qui jusque-là tournait à plein régime.
De sorte que les économistes
n'excluaient pas un ralentissement de celle-ci bien visible d'ici la fin 2006.
Par la suite, l'examen des minutes du comité monétaire de la Fed (FOMC) a montré
que des divergences apparaissaient entre ses membres, rompant une unanimité qui
prévalait depuis des années.
Le taux des Fed funds se situait ainsi à son plus
haut niveau depuis avril 2001.
Les marchés sont d'autant plus sensibilisés aux politiques des banques centrales
– la Banque centrale européenne (BCE) a pour sa part relevé son taux directeur à
trois reprises pour le porter à 2,75 % le 15 juin 2006 – que le différentiel des
taux américains, qui avait permis d'enrayer la baisse du dollar, ne semblait
plus jouer depuis que le durcissement monétaire était en marche dans toutes les
banques centrales.
Le « billet vert », qui avait touché un point bas à 1,3465
euro le 3 janvier 2005 mais était parvenu à remonter jusqu'à 1,1670 le 16
novembre suivant, a connu à partir de début 2006 un parcours baissier qui l'a
ramené dans la zone des 1,30 euro.
Mais l'impact du durcissement monétaire aux
États-Unis comme dans la Zone euro n'affectait pas que la parité du dollar.
C'est l'ensemble des devises et des bourses des marchés émergents qui en ont
fait les frais.
Une bonne partie des capitaux qui avaient été investis suivaient
le schéma des « carry trade », pratique consistant à acheter de la monnaie à
taux faible pour la revendre dans une devise à haut rendement.
Les devises
néo-zélandaise et islandaise ont commencé à en souffrir dès le printemps 2006,
avant que la livre turque ne subisse, en raison de la sortie de capitaux, des
attaques très violentes aux mois de juin, amenant la Banque centrale turque à
pratiquer des « taux de guerre » pour lutter contre les spéculateurs jouant la
dévaluation de sa devise.
La crise turque de 2000 – dernière en date de la
longue série des accidents frappant les marchés émergents – était encore dans
tous les esprits...
Pour autant, les turbulences traversées depuis la fin avril 2006 ne devraient
pas exposer les marchés à une situation de krach larvé, comme celui consécutif à.
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