Congo (-Kinshasa) - 2005-2006: En ordre dispersé vers les élections
Publié le 13/09/2020
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Congo (-Kinshasa) 2005-2006
En ordre dispersé vers les élections
Dans un pays sortant difficilement d’une très longue transition, d
eux thèmes principaux et
interdépendants ont été à l’ordre du jour au cours de l’
année 2006 : l’entame du processus électoral et la
problématique de l’insécurité.
Repoussées à deux reprises, les élections, qui devraient compor
ter plusieurs scrutins d’ici la fin de l’année
2006, débuteront sans doute le 30 juillet avec les législatives et
le premier tour de la présidentielle.
Un
des principaux partis d’opposition, l’UDPS (Union pour la démo
cratie et le progrès social) et son leader
historique Étienne Tshisekedi, qui avaient déjà boycotté le
processus d’inscription des électeurs et le
référendum de décembre 2005, ont décidé de ne pas partici
per à ce scrutin.
Ils ont argué du fait que, en
vertu de la Constitution de transition, ce régime se terminait le 30
juin 2006 et que les bureaux
d’enregistrement des électeurs n’ont pas été rouverts pou
r que leurs membres puissent s’inscrire.
Le parti
de É.
Thisekedi a été implicitement suivi par le haut clergé
catholique et un certain nombre de petites
formations politiques, qui ont demandé que de nouvelles concertations
aient lieu pour entériner le report
des élections au-delà de cette date du 30 juin.
Tous les grands «
parrains » étrangers d’une RDC
(République démocratique du Congo) placée de facto sous tutel
le internationale ont cependant refusé
cette hypothèse et ont accordé leur confiance à la Commission é
lectorale indépendante (CEI), chargée
par la Constitution de fixer et de préparer l’échéance él
ectorale.
Une scène politique encombrée
En dépit d'énormes difficultés logistiques, les premières se
ssions électorales sont apparues, au printemps
2006, bien engagées.
Le résultat de l’inscription des candidats
aux scrutins présidentiel et législatif a
toutefois montré un éclatement considérable du paysage politiqu
e congolais.
Ainsi, la liste des nombreux
candidats à la Présidence – ils sont 33 – a été trè
s éclairante de ce point de vue.
En plus des membres de
l’entourage présidentiel, dont certains devront comparaître dev
ant la justice nationale ou internationale,
toutes les strates de l’histoire politique du Congo se sont présen
tées en ordre dispersé : « indépendants »
ou représentants de nouvelles formations ou plates-formes politiques
conjoncturelles (lumumbistes et
héritiers des grands partis des années 1960 ; grands notables de l
’ère Mobutu ; ex-opposants à ce régime
et à celui des deux Kabila ; mandataires et hauts fonctionnaires du g
ouvernement de transition…).
En
outre, s’y est ajouté un curieux assortiment de nouveaux venus iss
us de la « société civile », voulant
tenter leur chance au plus haut niveau : un prophète autoproclamé,
un curé de paroisse venu de
Belgique, des professeurs d’université au Congo ou issus de la dia
spora…
Plus complexe et plus éclaté encore, le tableau politique des quel
que 9 700 candidatures aux élections
législatives : y ont figuré 768 indépendants et des milliers d’
autres inscrits sur les listes des 213 partis
agréés par le ministère de l’Intérieur, principalement à
Kinshasa.
Comme attendu, seules les formations
des grands « barons » de la vie politique kinoise et celles des ch
efs de guerre ont arrêté des listes dans
l’ensemble des onze provinces.
80 des 213 partis en course pour les é
lections législatives n’ont été
représentés que dans une seule province, laissant possiblement pré
sager d’un vote à forte connotation
ethnique et/ou régionale.
Ce paysage politique, implosé par le mot d’ordre et la dynamique d
e l’« inclusivité » exigée par les «
parrains » du Congo, devra certainement se recomposer au prix d’in
tenses marchandages à tous les
niveaux.
Cependant, le type de démocratie invoquée et soutenue à
bout de bras par les faiseurs de paix
ne sera peut-être pas celui qui sortira d’élections relevant ce
rtes de l’exploit technique, mais dont le
déterminant résidait pour une large part dans la survie « alime
ntaire » et dans la lutte pour la
conservation du pouvoir.
Zones d’insécurité persistante.
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