Congo (-Kinshasa) (2004-2005): Une transition lente
Publié le 21/09/2020
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«
Congo (-Kinshasa) (2004-2005):
Une transition lente
Les évolutions politiques et sécuritaires sont restées marquées par un grand
nombre d’incertitudes et ont paru accréditer la thèse du désordre comme
instrument politique, développée en 1999 par Patrick Chabal et Jean-Pascal
Dalloz dans L'Afrique est partie ! Du désordre comme instrument politique.
On
peut toutefois diviser la période qui s’est étendue de la mi-2004 à la mi-2005
en deux parties.
Jusqu’à la fin 2004, la « transition politique », qui avait
débuté en juillet 2003 avec la signature de l’accord de Prétoria (Afrique du
Sud) instaurant un système politique où toutes les composantes
politico-militaires étaient représentées au pouvoir, s’est enlisée dans
l’immobilisme institutionnel et dans la poursuite des actions déstabilisatrices
menées par des « seigneurs de la guerre » dans l’est du pays.
Sur le plan
institutionnel, le processus législatif devant mener à la tenue des élections
fixées en principe à juin 2005 (Constitution, loi électorale, lois sur
l’amnistie, le référendum, le statut de l’opposition politique, et sur le
financement des partis politiques) était paralysé.
Le régime politique de la
transition, rebaptisé « 1+4 » par les Congolais (la Présidence d’une part, le
gouvernement, l’opposition politique non armée et les deux factions armées – MLC
[Mouvement de libération du Congo] et RDC [Rassemblement démocratique congolais]
– d’autre part) était marqué par un immobilisme induit par l’action de forces
politiques se neutralisant les unes les autres.
Cet immobilisme a coûté cher.
À
partir de la fin de l’année 2004, le gouvernement a à nouveau recouru à la «
planche à billets ».
Il en est résulté une forte dépréciation du franc congolais
induite par la rémunération du personnel politique, le coût des nombreuses
missions à l’étranger des « animateurs » de la transition, le déploiement de
troupes dans l’est du pays et la baisse des recettes diamantaires.
Sur le plan de la sécurité, l’État n’exerce aucun contrôle sur les deux
provinces du Kivu (Sud et Nord-Kivu, à la frontière avec le Rwanda) et sur le
district de l’Ituri (nord-est) où les bandes armées sévissent (FDLR – Forces
démocratiques de libération du Rwanda – et Maï-Maï pour le Kivu, milices pour
l’Ituri).
À deux reprises (fin mai 2004 et fin décembre 2004), des mutineries de
l’armée du RCD-Goma, appuyée sur le plan logistique par le Rwanda, ont eu lieu
au Kivu, aux alentours de Goma et à Bukavu.
La pusillanimité de la Monuc
(Mission des Nations unies en République démocratique du Congo), qui ne dispose
pas d’un mandat d’imposition de la paix, et l’inexistence d’une armée congolaise
battant la campagne empêchaient toute avancée significative dans le processus de
pacification de l’est du pays.
Un pavé dans la mare
En janvier 2005, la Commission électorale indépendante (CEI), institution
d’appui à la transition chargée de l’organisation des élections et du référendum
constitutionnel, a jeté un pavé dans la mare en déclarant publiquement depuis
Paris que les élections ne pourraient se tenir à la date prévue dans un tel
contexte.
De violentes manifestations populaires ont alors eu lieu à Kinshasa,
et un « coup d’accélérateur » a été donné au processus législatif, qui a abouti.
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