Congo (-Kinshasa) (2001-2002): Le dialogue intercongolais : un jeu de dupe ?
Publié le 21/09/2020
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Congo (-Kinshasa) (2001-2002):
Le dialogue intercongolais : un jeu de dupe ?
Au moment où débutait le dialogue intercongolais, passage obligé vers le retour
de la paix au Congo (-Kinshasa), la situation géopolitique était la suivante :
la partie septentrionale et l'est du pays - ou du moins les principales
agglomérations - restaient contrôlés par des troupes rebelles soutenues par les
forces armées ougandaises (Ituri et Nord-Kivu surtout) et rwandaises (Kisangani,
Sud-Kivu et Maniéma).
Les violences, les pillages et les atteintes aux droits de
l'homme y étaient plus largement répandus qu'ailleurs.
En outre, Goma, chef-lieu
de la rébellion prorwandaise, a été le théâtre, en janvier 2002, d'une éruption
dévastatrice du volcan Nyiragongo qui a fait plusieurs centaines de victimes.
Identifié comme la première étape du processus de paix au Congo (-Kinshasa) par
l'accord de cessez-le-feu de Lusaka (10 juillet 1999), le dialogue
intercongolais a fini par se matérialiser le 25 février 2002 à Sun City, en
Afrique du Sud, après une première tentative infructueuse à Addis Abéba en
octobre 2001.
Les 360 participants étaient supposés représenter les cinq
composantes de la vie sociopolitique congolaise de l'époque : les deux grands
mouvements d'opposition armés - le Mouvement de libération du Congo (MLC) de
Jean-Pierre Mbemba, soutenu par l'Ouganda ; le Rassemblement démocratique
congolais (RCD-Goma) d'Azarias Rubarwa, soutenu par le Rwanda ; l'opposition
politique non armée - comprenant plus d'une quinzaine de partis politiques ; la
société civile (un peu moins de 80 représentants), et le gouvernement congolais.
Tous étaient considérés en théorie comme ayant un statut égal dans les débats.
Pilotée par l'Afrique du Sud, pays d'accueil du dialogue, et suivie de près par
la France, le Royaume-Uni et la Belgique, la rencontre était censée aboutir à
une réconciliation nationale à travers la recomposition d'une armée nationale
intégrée, l'instauration d'un nouvel ordre politique, l'élaboration d'une
constitution de transition et l'organisation d'élections.
Fondamentalement, ce fut bien la question du partage du pouvoir et surtout celle
de la légitimité du président Joseph Kabila pendant la période de transition qui
hanta tous les débats.
Celui-ci refusait en effet de se situer à égalité par
rapport aux autres délégations et ne se sentait pas lié par la disposition 5.2
de l'accord de Lusaka qui précise que «tous les participants aux négociations
intercongolaises jouiront du même statut».
Son argumentation était simple et
logique : le président congolais devait rester en place comme chef de l'État
jusqu'à ce que des élections aient lieu, pour pouvoir, comme le précisa l'un de
ses ministres, «garantir l'unité nationale et l'intégrité territoriale dans un
moment où le pays est envahi et occupé».
Le crédit de J.
Kabila sur la scène internationale
Il est vrai que le gouvernement congolais et, à travers lui, son président
bénéficiaient d'un avantage politique sur tous les autres «dialoguistes».
En
manifestant vis-à-vis de l'extérieur une volonté d'aboutir à une «réconciliation
nationale», J.
Kabila avait, à l'inverse de son père Laurent-Désiré Kabila
(assassiné en janvier 2001), incontestablement obtenu une quasi-légitimité.
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