Congo (-Kinshasa) - 2001-2002: Le dialogue intercongolais : un jeu de dupe ?
Publié le 13/09/2020
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Congo (-Kinshasa) 2001-2002
Le dialogue intercongolais : un jeu de dupe ?
Au moment où débutait le dialogue intercongolais, passage obligé
vers le retour de la paix au Congo (-
Kinshasa), la situation géopolitique était la suivante : la parti
e septentrionale et l'est du pays - ou du
moins les principales agglomérations - restaient contrôlés par
des troupes rebelles soutenues par les
forces armées ougandaises (Ituri et Nord-Kivu surtout) et rwandaise
s (Kisangani, Sud-Kivu et Maniéma).
Les violences, les pillages et les atteintes aux droits de l'homme y é
taient plus largement répandus
qu'ailleurs.
En outre, Goma, chef-lieu de la rébellion prorwandaise,
a été le théâtre, en janvier 2002,
d'une éruption dévastatrice du volcan Nyiragongo qui a fait plusie
urs centaines de victimes.
Identifié comme la première étape du processus de paix au Congo
(-Kinshasa) par l'accord de cessez-le-
feu de Lusaka (10 juillet 1999), le dialogue intercongolais a fini par
se matérialiser le 25 février 2002 à
Sun City, en Afrique du Sud, après une première tentative infructu
euse à Addis Abéba en octobre 2001.
Les 360 participants étaient supposés représenter les cinq comp
osantes de la vie sociopolitique congolaise
de l'époque : les deux grands mouvements d'opposition armés - le M
ouvement de libération du Congo
(MLC) de Jean-Pierre Mbemba, soutenu par l'Ouganda ; le Rassemblement
démocratique congolais (RCD-
Goma) d'Azarias Rubarwa, soutenu par le Rwanda ; l'opposition politique
non armée - comprenant plus
d'une quinzaine de partis politiques ; la société civile (un peu
moins de 80 représentants), et le
gouvernement congolais.
Tous étaient considérés en théorie c
omme ayant un statut égal dans les débats.
Pilotée par l'Afrique du Sud, pays d'accueil du dialogue, et suivie d
e près par la France, le Royaume-Uni et
la Belgique, la rencontre était censée aboutir à une réconci
liation nationale à travers la recomposition
d'une armée nationale intégrée, l'instauration d'un nouvel ordr
e politique, l'élaboration d'une constitution
de transition et l'organisation d'élections.
Fondamentalement, ce fut bien la question du partage du pouvoir et surto
ut celle de la légitimité du
président Joseph Kabila pendant la période de transition qui hanta
tous les débats.
Celui-ci refusait en
effet de se situer à égalité par rapport aux autres délég
ations et ne se sentait pas lié par la disposition 5.2
de l'accord de Lusaka qui précise que «tous les participants aux n
égociations intercongolaises jouiront du
même statut».
Son argumentation était simple et logique : le pr
ésident congolais devait rester en place
comme chef de l'État jusqu'à ce que des élections aient lieu, p
our pouvoir, comme le précisa l'un de ses
ministres, «garantir l'unité nationale et l'intégrité territ
oriale dans un moment où le pays est envahi et
occupé».
Le crédit de J.
Kabila sur la scène internationale
Il est vrai que le gouvernement congolais et, à travers lui, son pré
sident bénéficiaient d'un avantage
politique sur tous les autres «dialoguistes».
En manifestant vis-à
-vis de l'extérieur une volonté d'aboutir à
une «réconciliation nationale», J.
Kabila avait, à l'inverse
de son père Laurent-Désiré Kabila (assassiné en
janvier 2001), incontestablement obtenu une quasi-légitimité inte
rnationale.
Les bailleurs de fonds et les
institutions financières internationales considéraient que son gou
vernement donnait des gages sérieux
dans la gestion financière et économique de son pays (diminution
de l'inflation, augmentation des
recettes, efforts d'orthodoxie dans le contrôle des dépenses publi
ques, mesures législatives relatives à
l'autonomie de la Banque centrale, rédaction d'un nouveau code minier
et d'un nouveau code des
investissements).
Des négociations discrètes, réunissant notam
ment la Belgique, les institutions
financières internationales et le gouvernement congolais, ont préc
isément eu lieu peu avant et pendant la
rencontre de «dialogue intercongolais».
Cette «inégalité de fait» était inacceptable pour les mou
vements d'opposition armés et une partie de
l'opposition politique non armée.
Pour les deux mouvements d'oppositi
on armés, et en particulier pour le
RCD-Goma, une «table rase» s'imposait.
Il n'y avait ni institution
ni personnalité ni animateur légitime de
la transition et tous les postes étaient vacants, y compris, bien ent
endu, celui de la présidence de la
République.
Les participants au dialogue devaient désigner un nouv
eau président de la République.
Selon
le RCD-Goma, le président devait être encadré de deux vice-pré
sidents, d'un Premier ministre et de trois
vice-premiers ministres.
Le MLC proposait, quant à lui, non pas un vi
ce-président, mais quatre vice-.
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