Congo (-Kinshasa): 1998-1999: Une "guerre" qui dure
Publié le 13/09/2020
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Congo (-Kinshasa) 1998-1999
Une "guerre" qui dure
L'évolution politique en République démocratique du Congo (RDC
) continue d'être marquée par une
situation de "guerre", même si, au premier semestre 1999, le front s'
est stabilisé autour d'une ligne
partant de l'agglomération de Zongo, à l'extrême nord-ouest du
pays, et aboutissant près de Kalemie au
Nord-Katanga, en passant par la partie septentrionale du Kasaï-Orient
al.
Selon des experts militaires,
cette stabilisation serait attribuable à la saison des pluies gêna
nt les déplacements de troupes.
Mais il
semble qu'il faille tenir également compte de la faible qualité op
érationnelle des armées et/ou des bandes
qui opèrent de part et d'autre des lignes de front.
Le conflit évo
luerait ainsi vers une sorte de guerre des
tranchées ou un statu quo militaire, créant une division de fait e
ntre l'est et l'ouest du pays.
Ni l'Angola ni
le Zimbabwé ni la Namibie, alliés du pouvoir en place en RDC, ne p
araissaient se donner les moyens de
regagner le terrain perdu au profit du RCD (Rassemblement pour le Congo
démocratique) et de ses alliés,
le Rwanda et l'Ouganda.
Un peu plus d'un an après la "rébellion" déclenchée, en mai
1997, par Laurent-Désiré Kabila pour
renverser le régime du président Mobutu (mis en place en 1965) e
t qui l'a conduit à la tête du pays
(rebaptisé "RDC"), la seconde "rébellion", lancée par le Rass
emblement pour un Congo démocratique à
partir du Kivu en août 1998, a connu des fortunes diverses.
D'une par
t, elle comporte désormais un
nouveau front ouvert par Jean-Pierre Mbemba, le fils du millionnaire con
golais Mbemba Saolona, qui peut
se prévaloir, selon ses dires, de ne recevoir - ou plutôt de ne so
uhaiter recevoir - aucun soutien des "pays
ennemis" du Congo, selon l'expression du pouvoir en place.
D'autre part,
le RCD est traversé par des
courants antagoniques internes, qui ont provoqué le départ, en fé
vrier 1999, d'un de ses fondateurs,
Arthur Zahidi Ngoma, lequel accuse aujourd'hui les rebelles d'être co
mplètement à la solde de Kigali et de
Kampala et de n'avoir pour objectif que le pillage du pays.
En outre, mê
me si le RCD s'est formellement
consolidé en organisant des assemblées régionales, en nommant d
e nouvelles autorités locales et en
prélevant tant bien que mal taxes et impôts de guerre, même si,
contrairement à la stratégie de "fuite en
avant" pratiquée en son temps par l'AFDL (Alliance des forces dém
ocratiques de libération du Congo, qui
a mené L.-D.
Kabila au pouvoir), il bénéficiait (en théori
e) de temps pour s'implanter de manière durable,
il n'occupe pas réellement les territoires prétendument conquis, n
e parvient pas à trouver les ressources
suffisantes pour payer son administration et ses troupes, enfin, contrô
le imparfaitement ses zones
d'influence (montée en puissance de milices et de bandes armées é
chappant à toute autorité).
L'appui des alliés du RCD n'est pas non plus univoque.
Si le Rwanda e
st apparu très réticent à retirer ses
contingents du Kivu, prétextant que sa sécurité restait menacé
e, l'Ouganda a choisi d'"envisager" un
retrait, à la fin avril 1999, avant de retirer tout son armement lour
d de Goma, au début du mois de juin.
Ce retrait entre dans le cadre de l'accord de paix signé en mai 1999
en Libye entre les présidents
congolais, ougandais, érythréen et soudanais.
Un gouvernement en perte globale de crédibilité
Du côté du gouvernement en place, la popularité qu'a pu connaî
tre L.-D.
Kabila à la suite de la
participation évidente et reconnue des troupes rwandaises et ougandai
ses dans la "rébellion" s'est
considérablement érodée.
Sur le plan interne, de nombreuses bav
ures ont été commises par les services
de sécurité et la police.
Les arrestations arbitraires, les dispar
itions et les règlements de comptes se sont
multipliés, sans compter les persécutions ethniques à l'encontr
e des personnes d'origine tutsi, tandis que
l'autocratie et la solitude du pouvoir en place se renforçaient.
Depu
is le début de l'année 1999, les
décisions et les décrets-lois pris par L.-D.
Kabila ont constitué
autant de pas en arrière par rapport à la
libéralisation politique annoncée.
En outre, la nouvelle loi sur l
a nationalité congolaise, adoptée en janvier
1999 et qui opère un revirement spectaculaire par rapport au projet d
e Constitution de la fin 1998, a posé
les bases de futurs affrontements ethniques dans le pays.
Sur le plan international, la crédibilité du régime Kabila a é
té fortement entamée.
Sa visite en Belgique, à
l'époque du sommet annuel des chefs d'État africains à Paris, a
donné lieu à des entretiens politiques au
cours desquels le chef d'État congolais n'a pas amélioré son cr
édit.
Son passage à Paris et à Rome n'a.
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