Congo (-Kinshasa): 1996-1997: L'implosion du Zaïre "légal"
Publié le 13/09/2020
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Congo (-Kinshasa) 1996-1997
L'implosion du Zaïre "légal"
Avec l'autorisation du multipartisme en 1990, le Zaïre entra dans une
phase de transition politique qui
évolua progressivement vers une situation d'implosion du pays "lég
al".
Dans un premier temps, on put
penser que cette transition allait pouvoir réussir à travers la te
nue d'une Conférence nationale souveraine
(CNS), à l'instar de ce qui se passait à l'époque dans un cer
tain nombre de pays d'Afrique francophone
(Congo, Bénin, Togo, Madagascar ).
Commencés en août 1991, pu
is interrompus à la suite des pillages
populaires de septembre et de diverses péripéties politiciennes, l
es travaux de la CNS reprirent en mars
1992.
En décembre, en dépit de multiples tergiversations, la confé
rence nationale accouchait d'un Haut
Conseil de la République (HCR), composé de 453 membres.
Toutefoi
s, cet organe législatif de la
transition fut dissout par le président Mobutu Sese Seko en janvier 1
993 et remplacé par un organe géant
de 734 membres, résultat d'une fusion entre l'ancien Conseil légis
latif et le HCR.
Le Haut Conseil de la
République-Parlement de transition, comme on l'appelait désormais,
fut toutefois incapable d'exercer le
mandat d'apaisement de la classe politique qui lui avait été confi
é: ses actes législatifs les plus significatifs
furent, d'une part, l'approbation d'une Commission nationale pour des é
lections (CNE), qui échoua à faire
avancer significativement le processus électoral, et, d'autre part, l
e vote d'une Constitution prônant le
fédéralisme et confirmant le principe du "partage du pouvoir" entr
e le gouvernement et la présidence de
la République.
L'armée, second pilier de l'État, détenant le monopole effectif
de la violence légitime, s'effondra dès
septembre-octobre 1991, lorsque les forces armées zaïroises, forte
s d'environ 60000 hommes, se
mutinèrent et mirent à sac pratiquement toutes les agglomératio
ns zaïroises.
De nouveaux pillages se
produisirent en janvier 1993 puis en 1996-1997 dans le contexte de la ré
bellion conduite par Laurent-
Désiré Kabila.
Le troisième pilier du système, les finances publiques, se dési
ntégra dès 1991, après l'implosion brutale
de la société de production minière Gécamines, principale po
urvoyeuse de devises du Trésor public.
Dès
lors, une spirale d'hyperinflation se déclencha, liée à des rec
ours intempestifs à la planche à billets.
A
partir de là, les seules ressources du pays furent limitées au ver
sement des royalties du pétrole, ainsi
qu'aux maigres recettes publiques qu'un État délabré parvenait
encore à extraire de la MIBA (diamant),
des sociétés semi-publiques exploitant l'or dans l'est du Zaïre
(Kilo-Moto et Sominki) et de quelques
comptoirs privés d'achat d'or et de diamants.
Au total, les recettes
de l'État ont plafonné autour de 150 à
200 millions de dollars, alors qu'elles dépassaient le milliard à
la fin des années quatre-vingt.
La "rébellion" des Tutsi banyamulenge
Dans ce contexte d'un État qui n'était plus que virtuel, deux scé
narios paraissaient possibles: l'éclatement
plus ou moins pacifique du pays à partir de mouvements centrifuges ré
gionaux ou une explosion partie
de n'importe où et emportant tout sur son passage.
Le premier scén
ario paraissait vouloir s'actualiser
dans la prolifération de micro-régionalismes qui s'emparaient de c
ertaines parties "économiquement
utiles" du pays: le Bas-Zaïre, où s'opérait un retour offensif
du nationalisme kongo; le Kasaï-Oriental, et
en particulier la partie luba de la province, devenu l'un des principaux
pourvoyeurs de devises pour le
pays grâce au diamant; le Shaba, dont la classe politique locale entr
etenait à nouveau les souvenirs de la
sécession des années soixante, et le
Nord-Kivu, désormais orienté vers l'Afrique de l'Est, le Moyen-Ori
ent et même le Sud-Est asiatique via de
puissants réseaux de commerce à longue distance.
Le vote par le Ha
ut Conseil de la République d'un
nouveau projet de Constitution pour la IIIe république traduisait, en
quelque sorte, cette volonté de partir
des dynamismes régionaux en instaurant un système de gouvernement
fédéral et un démembrement du
pays en 26 nouvelles provinces.
La réalisation effective du second scénario ne fut pas tout de sui
te perceptible.
Elle débuta avec la
réactivation de "débordements" ethniques toujours latents au Kivu
où, la perspective des élections aidant,
des "mutuelles tribales" zaïroises se liguèrent, au nord comme au
sud de la province, contre les.
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