Congar (Yves)

« 1 / 2 29 novembre 1967 Série D-5 Fiche N' 2107 Congar (Yves) 1.

Bien peu de clercs ont, plus que le R.

P.

Yves Congar, préparé le monde catholique à la compréhension et à l'acceptation de la nouvelle politique de l'Eglise d'ouverture au monde et d'œcuménisme telle que l'a définie Vatican Il.

Mais la préparation de ces voies n'est pas allée, pour le Père Congar, sans âpres difficultés.

En septembre 1965 encore, un journal italien titrait un article sur lui: "Le prêtre rouge"· 2.

Le R.

P.

Yves M.

J.

Congar, né le 13 avril 1904 à Sedan, entre, après des études au collège de cette ville, au petit séminaire de Reims, puis au séminaire de l'Institut catholique de Paris, et enfin au Studium dominicain du Saulchoir.

Cette formation traditionnelle d'un frère prêcheur dominicain, pendant laquelle il obtint une licence de philosophie et un doctorat en théologie, lui permit d'assumer les fonctions d-3 pro­ fesseur de théologie et d'apologétique au Saulchoir de 1931 à 1954.

3.

Très vite les idées du Père Congar, auxquelles il est resté inébranlablement fidèle, s'affirmèrent, et ce clerc acquit une grande notoriété (et beaucoup d'ennemis) par ses nombreuses conférences en France (dans les grands congrès catholiques et les réunions sacerdotales) et à l'étranger.

De son ouvrage cc Chrétiens désunis"· publié en 1937, à cc Vaste Monde, ma Paroisse., (1966), le Père Congar n'a cessé de lutter en faveur de l'œcuménisme, un œcuménisme qui ne serait pas, selon les paroles du cardinal Feltin, " une sorte d'impérialisme où une confession veut absorber complète­ ment les autres "• mais qui consiste à cc prendre au sérieux le positif chrétien des autres , (maxime du Père Congar).

4.

Le Père Congar n'a cessé également de lutter pour que de nouvelles structures ramènent l'Eglise vers sa pureté primitive.

Il a soutenu vigoureusement l'expérience des prêtres-ouvriers, position qui lui valut de perdre sa chaire au Saulchoir (1954).

"Grâce à ces hommes, a-t-il écrit, l'Eglise était de nouveau entendue des pauvres et, chose plus importante encore.

peut-être.

les pauvres étaient de nouveau entendus dans l'Eglise.

, Pour lui, " l'Eglise existe dans le monde et pour le monde ...

Il s'agit d'assumer dans le Christ la matière de l'histoire terrestre, l'appel de Dieu passe par l'histoire du monde., 5.

Ces idées théologiques, vivement combattues par les catholiques conservateurs, ont valu au Père Congar d'innombrables ennuis et disgrâces: censures, quatre ans avant d'obtenir le "nihil obstat, pour "Le Mystère du Temple, (1958), interdiction d'accepter une chaire en Sorbonne ou à l'Ecole des hautes études.

etc.

Mais il a durement fustigé ses adversaires: " Ils sont antipeuple, antimasse; ils réagissent avec un instinct sûr et cohérent contre ce qui va dans le sens masse ou peuple: les prêtres­ ouvriers et les congés payés, la langue populaire en liturgie et l'élargissement de l'accession à la culture.

, 6.

Jean XXIII a réhabilité le Père Congar auprès de la hiérarchie catholique.

Il l'a invité officiellement au Concile en qualité d'observateur.

Paul VI a lu tous ses ouvrages et fait savoir qu'il les approuvait.

Il lui a décerné, à l'ouverture de la deuxième session du Concile, le titre de cc maitre en théologie"· Mais, retiré à Strasbourg depuis 1957, le Père Congar n'a pas repris ses cours au Saulchoir. 2 / 2. »