Comte, la Science sociale (extrait)Avec un souci pédagogique proprement « positif », Comte expose la loi des trois états -- théologique, métaphysique et positif -- par lesquels passent successivement tousles produits de la pensée humaine.
Publié le 18/05/2020
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Comte, la Science sociale (extrait)
Avec un souci pédagogique proprement « positif », Comte expose la loi des trois états — théologique, métaphysique et positif — par lesquels passent successivement tousles produits de la pensée humaine.
Autant il atténue la différence entre les deux premiers, autant il souligne l’écart entre l’état positif et le second.
L’état moyen,métaphysique, n’est donc qu’un état théologique déguisé, et seul l’état positif crée une réelle rupture, par l’abandon définitif des différentes sortes d’abstractions, plus oumoins anthropomorphiques (Dieu, nature, en soi, etc.).
L’esprit positif est un esprit pratique, aussi n’engage-t-il pas de recherche sur les questions qu’il sait insolubles.
Cours de philosophie positive d’Auguste Comte, première leçon
[…] Pour expliquer convenablement la véritable nature et le caractère propre de la philosophie positive, il est indispensable de jeter d’abord un coup d’œil généralsur la marche progressive de l’esprit humain, envisagée dans son ensemble ; car une conception quelconque ne peut être bien connue que par son histoire.
En étudiant ainsi le développement total de l’intelligence humaine dans ses diverses sphères d’activité, depuis son premier essor le plus simple jusqu’à nos jours, jecrois avoir découvert une grande loi fondamentale, à laquelle il est assujetti par une nécessité invariable, et qui me semble pouvoir être solidement établie, soit sur lespreuves rationnelles fournies par la connaissance de notre organisation, soit sur les vérifications historiques résultant d’un examen attentif du passé.
Cette loi consisteen ce que chacune de nos conceptions principales, chaque branche de nos connaissances, passe successivement par trois états théoriques différents : l’étatthéologique, ou fictif ; l’état métaphysique, ou abstrait ; l’état scientifique ou positif.
En d’autres termes, l’esprit humain, par sa nature, emploie successivement danschacune de ses recherches trois méthodes de philosopher, dont le caractère est essentiellement différent et même radicalement opposé : d’abord la méthodethéologique, ensuite la méthode métaphysique, et enfin la méthode positive.
De là, trois sortes de philosophies, ou de systèmes généraux de conceptions surl’ensemble des phénomènes, qui s’excluent mutuellement ; la première est le point de départ nécessaire de l’intelligence humaine ; la troisième, son état fixe etdéfinitif ; la seconde est uniquement destinée à servir de transition.
Dans l’état théologique, l’esprit humain dirigeant essentiellement ses recherches vers la nature intime des êtres, les causes premières et finales de tous les effets qui lefrappent, en un mot, vers les connaissances absolues, se représente les phénomènes comme produits par l’action directe et continue d’agents surnaturels plus oumoins nombreux, dont l’intervention arbitraire explique toutes les anomalies apparentes de l’Univers.
Dans l’état métaphysique, qui n’est au fond qu’une simple modification générale du premier, les agents surnaturels sont remplacés par des forces abstraites,véritables entités (abstractions personnifiées) inhérentes aux divers êtres du monde, et conçues comme capables d’engendrer par elles-mêmes tous les phénomènesobservés, dont l’explication consiste alors à assigner pour chacun l’entité correspondante.
Enfin, dans l’état positif, l’esprit humain, reconnaissant l’impossibilité d’obtenir des notions absolues, renonce à chercher l’origine et la destination de l’Univers, et àconnaître les causes intimes des phénomènes pour s’attacher uniquement à découvrir, par l’usage bien combiné du raisonnement et de l’observation, leurs loiseffectives, c’est-à-dire leurs relations invariables de succession et de similitude.
L’explication des faits, réduite alors à ses termes réels, n’est plus désormais que laliaison établie entre les divers phénomènes particuliers et quelques faits généraux, dont les progrès de la science tendent de plus en plus à diminuer le nombre.
[…]
Source : Comte (Auguste), la Science sociale, Paris, Gallimard, coll.
« Idées », 1972.
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