Comparaison entre Montaigne et Pascal
Publié le 19/12/2021
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«
Pascal
avait beaucoup fréquenté Montaigne : on
retrouve des réminiscences et des citations des
Essais à chaque page des Pensées.
Et cependant il
était agacé par sa manie de toujours parler de lui :
Le sot projet qu'il a eu de se peindre ! Mais il voyait
avec joie dans cet auteur la raison si invinciblement
froissée par ses propres armes et il n'était pas loin
d'aimer le ministre d'une si grande vengeance.
Il
nous a dit, d'ailleurs, ce qu'il pensait de Montaigne
dans l'entretien avec M.
de Saci.
I.
Comparaison entre Montaigne et Pascal
On ne peut imaginer deux écrivains plus
dissemblables, Montaigne, épicurien de
tempérament et de tendances, aime surtout ses
aises et cherche son plaisir.
Il nous dit, cent fois,
qu'en composant son ouvrage il n'a eu d'autre but
que sa satisfaction propre...
Pascal a l'égoïsme en
horreur, il est apôtre, il veut convertir les âmes qu'il souffre de voir dans l'erreur ou l'indifférence...
La religion pour Montaigne est surtout une
question de tradition et de paix sociale ; il la pratique, mais avec tiédeur et ne s'en
inspire guère dans sa conduite morale et dans ses jugements; il lit plus Sénèque et
Amyot que l'Evangile.
Pascal est un ascète, il pratique un christianisme austère et
héroïque....
Montaigne se repose dans le scepticisme comme sur un mol oreiller.
Pascal
ne comprend pas qu'on puisse rester dans le doute et s'il aime à humilier la raison, c'est
pour nous jeter plus sûrement dans les bras de l'Eglise, il a soif de vérité et de certitude.
II.
On voit ce qui lui plaisait et ce qui le choquait dans les « Essais.
»
1.
Ce qui lui plaisait, c'était le tableau qu'il y trouvait des misères et de l'impuissance de
l'homme sans la grâce.
Il leur emprunte à peu près tout ce qu'il dit de toutes les causes
qui nous condamnent à l'erreur : l'imagination, les passions, les maladies, l'intérêt, notre
propre c
œur et la raison elle-même ployable en tout sens.
Il aime voir si vivement et si
finement représentées les faiblesses humaines, dont il souffre lui-même.
« Ce n'est pas
dans Montaigne, c'est dans moi que je trouve tout ce que j'y vois.
»
2.
Ce qui le choquait, c'était le ton même qu'affectait Montaigne qui voit dans nos
misères un sujet de divertissement et s'y complaît.
Les mêmes constatations prennent
chez lui un accent tout différent, et tragique...
C'est que Montaigne n'a voulu voir qu'un
côté des choses et qu'il se refuse à connaître ce qui fait la grandeur de l'homme, qu'avait
si bien comprise Épictète....
C'est la conclusion lâche et paresseuse qu'il tire, que nous ne
devons pas nous tourmenter pour ce qui nous dépasse et ne pas chercher une vérité qui
nous échappe....
Enfin c'est sa molle complaisance pour les vices des hommes qu'il
semble encourager et qui le rend extrêmement dangereux pour ceux qui ont quelque
pente à l'impiété et aux vices.
Montaigne a pu être considéré comme le bréviaire des libertins...
Pascal, au contraire,
nous conduit à Dieu...
Mais l'un et l'autre intéressent tous les hommes, sans distinction
d'opinion, parce qu'ils sont humains et vrais.
Dans les Essais comme dans les Pensées,
on sent l'homme, et non l'auteur.
On est étonné et ravi.
Mais Pascal nous élève vers les
sommets, il est sublime Avec Montaigne, nous restons sur terre..
»
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- Le philosophe Pascal a critiqué le sot projet que Montaigne a eu de se peindre. Commentez cette opinion en l'élargissant aux auteurs que vous avez lus ?
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