Commentez cette phrase attribuée à Antoine de Saint-Exupéry : Faites votre travail avec soin, même s'il ne vous plaît pas. Vous montrerez que vous n'êtespas esclave de votre condition.

« Commentez cette phrase attribuée à Antoine de Saint-Exupéry : Faites votre travail avec soin, même s'il ne vousplaît pas.

Vous montrerez que vous n'êtespas esclave de votre condition. CommentairesOn donne à commenter une phrase pouvant s'apparenter à une pensée, une maxime telle que des écrivainscomme Pascal ou La Rochefoucauld en ont écrites et qui présente, sous une forme ramassée, unerègle de vie.Le commentaire de celle-ci portera (et ce devra être ainsi à chaque fois que vous aurez un sujet de cegenre) sur sa compréhension et sur sa critique.1.

La compréhensionLa pensée présentée dans le sujet a trois caractéristiques :• C'est une pensée paradoxale.• C'est une pensée qui traduit une conception orgueilleuse de la condition humaine.• Et une conception pessimiste de la vie en société.a) Pensée paradoxaleOn admet le contenu de la première phrase : il faut bien faire son travail, même si celui-ci ne vousplaît pas.

C'est admettre que la vie est composée de deux domaines, celui du travail, qui est contraintesur soi, et celui des loisirs, qui est expression de la liberté personnelle.

Le second domaine fait accepterle premier (« Vivement les vacances ! »).La pensée devient paradoxale avec la seconde phrase, qui refuse d'admettre le fait que le travail estpar nature contraignant, et stipule que le fait de travailler consciencieusement vous libérera de l'asservissementauquel il vous soumet.b) Pensée orgueilleuseL'auteur de la pensée se révolte contre l'être, la condition réelle, de l'homme, qui est l'asservissement,pour donner comme règle de privilégier le paraître, ce qu'on montre, une apparente liberté.c) Pensée pessimisteDire, en somme, parlant d'un travail obligé, qu'il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur, c'estavouer son impuissance à établir une relation harmonieuse entre l'homme et le travail auquel il estastreint par l'organisation sociale.

C'est accepter, en la camouflant, une servitude à jamais établie.2.

La critiquea) Il est exact qu'il faut faire avec soin des tâches qui ne sont pas toujours agréables.

Aucune tâche necomporte que des moments exaltants.

La part des actes de peu d'intérêt, répétitifs et monotones estmême souvent dominante, dans toute activité.

Mais on ne peut justifier la nécessité d'accomplir avec soinde tels actes en faisant semblant de les trouver gratifiants, ce qui est, comme nous l'avons vu, une positiond'abdication.b) La nécessité d'accomplir avec soin les parties du travail qui déplaisent se justifie d'elle-mêmelorsque celui qui en a la charge les rapporte à leur finalité à l'intérieur d'un projet constructif.

Dans cetteperspective, aucun geste n'est dégradant, ni asservissant.

Ce sont tous les efforts conjugués qui permettentde parvenir à réaliser l'objectif que l'on s'est fixé.

Le problème ne se situe pas alors au niveau del'acte lui-même, mais en amont, au moment de la fixation de l'objectif.

Il faut que tous les acteurs aientété associés à la détermination de l'objectif final ou, car c'est rarement possible, qu'ils y adhèrent sincèrement.Dans la situation de quelqu'un qui passe un concours pour accéder à un emploi, il faut qu'il aitconnaissance des finalités de l'institution qu'il va servir et que celles-ci deviennent les siennes.Moyennantquoi, il n'aura pas à « faire semblant » lorsqu'il se trouvera devant les difficultés que sa tâche quotidiennecomporte.

Il saura que les accomplir est la condition de parvenir à réaliser autre chose, ce qui suffit à préserversa dignité d'homme libre.. »