Commentez, au moyen des pièces de Corneille que vous connaissez, ce mot de La Bruyère sur notre grand tragique : « Il peint les Romains. Ils sont plus grands et plus romains dans ses vers que dans leur histoire. » ?
Publié le 08/12/2021
Extrait du document
II. Ils sont plus grands que dans leur histoire Cette évocation presque complète n'est pas à tout prendre une évocation fidèle. Sévère, il est vrai, représente assez exactement le Romain cultivé de l'Empire sur son déclin, mais Nicomède ne fut pas dans la réalité cet adversaire loyal qui lors même qu'il combat les Romains sait faire grand cas, de leurs solides vertus. Il ne fut pas ce héros clairvoyant dont le bon sens égale la fermeté, mais un tyran doublé d'un parricide. Quant à Auguste que l'historien Duruy nous dépeint « cruel de sang-froid, clément par calcul..., tartuffe de piété sans religion, hypocrite de vertu, avec des vices », il n'est pas ce héros magnanime et majestueux dont Corneille à la suite de la tradition littéraire et légendaire nous a laissé le portrait. III. Ils sont plus romains que dans leur histoire Au reste, cette idéalisation va jusqu'à faire de ces héros des symboles des plus hautes vertus qui permirent à cette poignéo de paysans de se lancer avec succès à la conquête d'un monde. On a eu raison de dire qu'« Emilie est l'altière descendante des Arria et des Cornélie ». Dans Horace on voit cette religion du foyer qui s'élargit en religion de la patrie, cette puissance de la famille qui fait de l'autorité paternelle un droit absolu et sacré.
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Commentez, au moyen des pièces de Corneille que vous connaissez, ce mot de La Bruyère sur notre grandtragique : « Il peint les Romains.
Ils sont plus grands et plus romains dans ses vers que dans leur histoire.»
PLAN DÉTAILLÉ
Corneille a toujours manifesté une prédilection pour les tragédies à sujets romains, et à travers la succession de sespièces revivent toutes les grandes périodes de l'histoire de Rome.
Mais des héros qu'il met en scène il offre uneimage idéalisée ; en eux il se plaît à incarner les plus hautes vertus qui symbolisent l'âme romaine.
Ainsi s'explique lejugement de La Bruyère : « Il peint les Romains.
Ils sont plus grands et plus romains dans ses vers que dans leurhistoire.
»
I.
Il peint les Romains
Toutes les étapes essentielles de l'histoire du peuple romain se retrouvent de l'une à l'autre des tragédiescornéliennes.
Avec Horace c'est la période des Rois qu'il nous retrace.
Avec Sophonisbe, Nicomède, Sertorius,Pompée, c'est la République depuis les guerres puniques jusqu'au lendemain de Pharsale.
Cinna, Othon, Polyeuctenous mènent de la fondation de l'Empire jusqu'au plus fort de sa lutte contre le christianisme.
Attila enfin évoque lagrande invasion barbare.
II.
Ils sont plus grands que dans leur histoire
Cette évocation presque complète n'est pas à tout prendre une évocation fidèle.
Sévère, il est vrai, représenteassez exactement le Romain cultivé de l'Empire sur son déclin, mais Nicomède ne fut pas dans la réalité cetadversaire loyal qui lors même qu'il combat les Romains sait faire grand cas, de leurs solides vertus.
Il ne fut pas cehéros clairvoyant dont le bon sens égale la fermeté, mais un tyran doublé d'un parricide.
Quant à Auguste quel'historien Duruy nous dépeint « cruel de sang-froid, clément par calcul..., tartuffe de piété sans religion, hypocritede vertu, avec des vices », il n'est pas ce héros magnanime et majestueux dont Corneille à la suite de la traditionlittéraire et légendaire nous a laissé le portrait.
III.
Ils sont plus romains que dans leur histoire
Au reste, cette idéalisation va jusqu'à faire de ces héros des symboles des plus hautes vertus qui permirent à cettepoignéo de paysans de se lancer avec succès à la conquête d'un monde.
On a eu raison de dire qu'« Emilie estl'altière descendante des Arria et des Cornélie ».
Dans Horace on voit cette religion du foyer qui s'élargit en religionde la patrie, cette puissance de la famille qui fait de l'autorité paternelle un droit absolu et sacré.
Conclusion: Tels sont les Romains dans les pièces cornéliennes.
En leur donnant un relief, une noblesse de sentiments et de conduite qu'ils ne possédaient pas dans la réalité, Corneille s'est laissé guider par les historiens etles moralistes latins qui sacrifiaient volontiers à leur goût du panache la scrupuleuse exactitude.
Ainsi transfigurés,ces héros étaient dignes de la haute conception qu'il se faisait de la tragédie.
En ce sens, Guez de Balzac écrivait àl'auteur d'Horace et de Cinna : «Aux endroits où Rome est de brique, vous la rebâtissez de marbre.
».
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