Commenter cette phrase de Jules Lemaître : « J'admire ce surprenant Molière de toute mon âme : tandis qu'il intéresse les érudits, il fait penser les philosophes, et sait, mieux que tout autre, amuser les enfants. »
Publié le 19/12/2021
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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Commenter cette phrase de Jules Lemaître : « J'admire ce surprenant Molière de toute mon âme : tandis qu'il intéresse les érudits, il fait penser les philosophes, et sait, mieux que tout autre, amuser les enfants. ». Ce document contient 1066 mots soit 3 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format PDF sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en: Français / Littérature.
«
Commenter cette phrase de Jules Lemaître : « J'admire ce surprenant Molière
de toute mon âme : tandis qu'il intéresse les érudits, il fait penser les
philosophes, et sait, mieux que tout autre, amuser les enfants.
»
Il est peu d'oeuvres qui soient aussi riches que celle de Molière de complexité et d
intérêt.
Car Molière a su « croquer » et peindre avec exactitude la société de son temps ;
mais il a su aussi à travers ces apparences, changeantes d'un siècle à l'autre, tracer avec
ses vices de toujours et leurs tragiques conséquences le portrait de l'homme éternel.
Enfin, il utilise à cette double peinture toutes les ressources de la verve la plus endiablée
et la plus irrésistible.
Bref, comme le disait Jules Lemaître : « Tandis qu'il intéresse les
érudits, il fait penser les philosophes et sait mieux que tout autre amuser les enfants.
»
I.
Il amuse des enfants
C'est par le côté irrésistible de cette verve que Molière séduit dès l'abord et emporte les
suffrages de ceux qui vont au théâtre pour se divertir.
Le comique de gestes et le
comique de mots réussissent toujours, non seulement auprès de l'enfance, mais encore
auprès des hommes qui gardent malgré tout, quels que soient leur âge et leur culture,
quelque chose de l'ingénuité et de la spontanéité de l'enfant.
Une tempête de rires
soulève l'auditoire quand Sganarelle se fait rosser à grands coups de bâton, quand les
maîtres de Monsieur Jourdain se collettent comme des crocheteurs des halles et mettent
leurs costumes en lambeaux, quand le même Monsieur Jourdain reçoit la dignité de
Mamamouchi au cours d'une mascarade endiablée.
Molière n'hésite même pas, dans
L'Étourdi, à faire verser sur la tête d'un de ses personnages un vase malodorant.
Les
bégaiements des personnages, leurs bredouillements, leurs fautes de langage, les
formules courantes estropiées, la même phrase répétée inlassablement par le même
personnage, le calembour usé « Ce Monsieur Loyal porte un air bien déloyal », autant de
moyens de susciter un rire facile, mais irrésistible.
II.
Il intéresse les érudits
Sous l'apparence superficielle de ce rire se cache une forte peinture de la société du xvir3
siècle qui retient l'attention et l'intérêt des érudits.
La noblesse, la bourgeoisie, le peuple
tels qu'ils apparaissaient aux environs de 1660 s'y trouvent fixés autant dire pour
l'éternité.
La noblesse est en pleine décadence.
De ses hautes qualités d'antan, de son
légitime orgueil de jadis, elle a conservé à l'occasion un esprit chevaleresque : ainsi Don
Juan ne craint pas de mettre l'épée à la main pour voler au secours d'un inconnu.
Mais le
plus souvent, chez des êtres dont la vie se passe sans cesse dans une ambiance de
salons et d'intrigue, l'orgueil se limite désormais au besoin de briller par les moyens les
plus futiles.
Tel Oronte qui sacrifie à la poésie et dont l'ambition unique consiste à se
faire saluer à tout propos comme un grand poète, tel Acaste et Clitandre qui ne veulent
que faire admirer leurs rubans et leur costume et les plates méchancetés qu'ils prennent
pour des épigrammes.
Tous sont gens de qualité qui savent tout sans avoir rien appris,
et leur extrême vanité les amène à ne considérer les autres que comme l'instrument de
leur bon plaisir ; ils n'ont pas même conscience de faire souffrir un être humain — Don
Juan, par un caprice, brise, comme sans y penser, le coeur d'Elvire — et exploitent sans
vergogne la naïveté d'autrui ; voyez Dorante bernant et volant Monsieur Jourdain.
La
bourgeoisie commence, elle, à la même époque, à s'affirmer.
Elle commence à prendre
dans la société une importance croissante, mais elle s'adapte avec difficulté à cette
position nouvelle.
Pour une Henriette qui joint à une culture honnête le sens de la vie et
de ses réalités, combien de Chrysale enfoncés dans la banalité de leurs préoccupations
quotidiennes, lourdauds, timides et obtus, combien de Monsieur Jourdain à qui leur
fortune monte à la tête et à qui leur désir d'obtenir la considération et les titres obnubile
l'esprit et le coeur ! Le peuple fait montre de son naturel bon sens et d'un savoureux
franc-parler : Nicole et Martine savent traduire en quelques formules savoureuses.
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