Commentaire René Descartes Discours de la méthode: le bonheur
Publié le 29/05/2022
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Depuis l’Antiquité, les concepts de Bonheur, de désir et de destin n’ont cessé de fasciner
et de susciter d’innombrables réflexions et questionnements chez l’Homme.
Le « mystère » est
tel, que depuis des millénaires, ils demeurent au coeur des débats philosophiques.
Et aujourd’hui
encore il est difficile de donner un véritable sens à ces termes, qui, pourtant, régissent notre
existence.
Dans le Banquet (380 av J-C), Platon fut l’un des premiers à définir la notion du désir :
il serait toujours lié à la jouissance de posséder quelque chose qui nous manque, que nous
n’avons pas.
Or, cette recherche sempiternelle de l’impossédable ou de l’irréalisable, est, par
définition, impossible à satisfaire.
Néanmoins, l’Homme présente toujours une certaine
propension naturelle à être attiré par ce qu’il ne peut atteindre, l’immortalité en est un exemple.
Descartes, dans ce passage, ici extrait du célèbre : Discours de la Méthode (1638), en
reprenant les principes de la sagesse stoïcienne, nous livre une réflexion approfondie sur les
rapports de l’Homme avec ses désirs, le monde extérieur, et son ultime accomplissement : le
Bonheur.
Il nous amène à penser sur nos désirs, et nous donne des conseils, des règles à
appliquer pour atteindre cet état de satisfaction.
Car désirer l’impossible, n’est ce pas là, prendre le risque de demeurer dans un perpétuel
état d’insatisfaction et de frustration ? Est-il possible d’apprendre à maîtriser ses désirs ? Et
comment y parvenir pour être heureux ?
Descartes, au travers de son Discours de la méthode, affirme que pour accéder au
bonheur, il faut éviter tout tourment lié à nos désirs chimériques en conformant ces désirs à la
réalité.
Tout d’abord, le philosophe énonce sa troisième maxime : il faut adapter ses désirs pour
ne rechercher que ce qui est possible et considérer les choses qui ne dépendent pas de nous
comme non désirables.
Ensuite, il montre que, par l’usage de la volonté, toujours associé à
l’entendement, on peut atteindre cet état de « contentement ».
Tout d’abord, Descartes expose sa maxime, de la ligne 1 à 5, et pour ce faire il use d’un
système de comparaison : il établit ce qu’il faut faire, en l’opposant à ce que nous sommes tenté
de faire naturellement.
De cette façon, il faut concentrer ses efforts sur soi-même, plutôt que d’essayer, en vain,
de lutter contre la « fortune » et « l’ordre du monde ».
L’adverbe : « toujours », indique la dimension temporelle de cette maxime, c’est un devoir de
chaque instant, et elle doit définir le rapport entre l’individu, le monde extérieur, et la fortune.
Dans la mythologie grecque, « la fortune » était une divinité qui présidait aux aléas de la destinée
humaine, et qui distribuait les biens et les maux selon son caprice.
Ici, elle a un sens fort pour
Descartes, c’est le Destin, le Ciel, le hasard, une entité implacable, pour nous, les Hommes.
Cette
implacabilité la rend donc incontrôlable; c’est pourquoi il ne faut pas chercher à la modifier ou à la
« vaincre », mais plutôt à l’accepter telle qu’elle est et à « se » plier à celle-ci.
Ensuite Descartes fixe le rapport de l’Homme au monde extérieur : « tâcher (…) à changer
mes désirs que l’ordre du monde », ainsi « l’ordre du monde » renvoie à tout ce qui ne dépend
pas de l’individu et à tout ce qu’il ne possédera jamais, à savoir : les autres, le monde et ce qui
est hors de sa vie spirituelle : sa beauté, sa santé, sa destinée…
De plus Descartes utilise le substantif « désir », qui renvoie d’une part à l’aspiration
profonde de l’homme vers un objet qui réponde à une attente, et d’autre part à un mouvement
instinctif qui traduit chez l’homme la prise de conscience d’un manque, d’une frustration.
Là,
l’auteur livre son véritable conseil, le devoir à suivre, : il ne faut pas chercher à plier l’ordre du
monde à ses désirs mais, à l’inverse, à plier ses désirs à l’ordre du monde.
Comme nous n’avons
qu’un pouvoir infime sur le monde extérieur, nous ne pourrions jamais être réellement satisfait, si
nos désirs ne résidaient qu’en celui-ci.
C’est pourquoi il est primordial de savoir maîtriser ses
désirs, de les adapter et de les rapprocher le plus possible de la réalité; afin de : « se rendre
content ».
Car, a priori, il n’y a pas d’accordance entre désir et réalité, entre aspiration humaine et
ordre du monde.
Les hommes désirent vivre en paix, mais ils subissent la guerre; ils souhaitent
jouir pleinement d’une bonne santé, mais ils souffrent de maladies; ils désirent être aimés, mais
sont confrontés au désamour et à la solitude… Le malheur et la souffrance sont des épreuves
lourdes et difficiles, auxquelles nous sommes tous confrontés.
Et il nous faut impérativement faire
face à ces maux, tels sont les présupposés de cette maxime.
Aussi Descartes rappelle que nous sommes les seuls maîtres de nos représentations, que
moi et uniquement moi, dispose d’un pouvoir absolu sur la scène intérieure : « il n’y a rien qui soit
entièrement en notre pouvoir que nos pensées ».
« Les pensées » ont un sens important ici, pour
Descartes, au-delà de désigner l’activité psychique dans son ensemble, elles expriment l’attribut.
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