Commentaire philo Penser, c'est dire non
Publié le 06/04/2024
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«
Commentaire de texte :
1.
Penser, c'est dire non.
Remarquez que le signe du oui est d’un
2.
homme qui s'endort ; au contraire le réveil secoue la tête et dit
3.
non.
Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est
4.
que l'apparence.
En tous ces cas-là, c'est à elle-même que la
5.
pensée dit non.
Elle rompt l'heureux acquiescement.
Elle se
6.
sépare d'elle-même.
Elle combat contre elle-même.
Il n'y a pas
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au monde d'autre combat.
Ce qui fait que le monde me trompe
8.
par ses perspec ves, ses brouillards, ses chocs détournés, c'est
9.
que je consens, c'est que je ne cherche pas autre chose.
Et ce
10.
qui fait que le tyran est maître de moi, c'est que je respecte au
11.
lieu d'examiner.
Même une doctrine vraie, elle tombe au faux
12.
par ce e somnolence.
C'est par croire que les hommes sont
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esclaves.
Ré échir, c'est nier ce que l'on croit.
Qui croit ne sait
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même plus ce qu'il croit.
Qui se contente de sa pensée ne
ti
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15.
pense plus rien.
Dans ce texte d’Alain, il est ques on des liens entre la raison et la vérité.
À travers
cet extrait, l'auteur répond au problème de l'assuje ssement de l'individu à des forces
extérieures.
Il montre comment la pensée cri que et la remise en ques on sont
essen elles pour se libérer de ce e emprise.
Alain met en avant le fait que penser, c'est
dire non à ses propres cer tudes, et non seulement aux in uences externes, a n de
parvenir à une véritable autonomie intellectuelle.
La thèse que l'auteur défend met en avant le concept selon lequel penser et ré échir
impliquent une remise en ques on, une capacité à s'opposer à la pensée commune et à
l'opinion générale, comme l’indique la cita on "penser, c'est dire non" ( L.1 ).
Il dénonce
ainsi une adhésion aveugle, une soumission dépourvue de ré exion, et une sorte
d'asservissement intellectuel.
On peut dès lors se poser la ques on : Comment le texte d'Alain met-il en lumière le lien
entre la pensée cri que, l'acte de dire non et la quête de liberté intellectuelle ?
Dans un premier temps, nous verrons la nécessité de dire non à soi-même.
Ensuite, nous
développerons les conséquences de l'absence de ré exion.
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La thèse présentée par Alain est formulée dès la première phrase de manière
catégorique : "penser, c'est dire non” ( L.1 ).
Alain dé nit de manière univoque le sens du
mot penser.
Il expose ce e idée ini ale pour illustrer le processus de la pensée humaine.
À
travers ce e asser on, l'auteur suggère que le simple fait d'envisager mentalement
quelque chose implique souvent le rejet d'autres opinions, proposi ons ou idées.
Cependant, il est possible de reme re en ques on ce e a rma on en la considérant
comme trop réductrice.
En e et, penser ne se limite pas uniquement à dire non ; cela
englobe également la capacité de dire oui.
En suivant ce e perspec ve, celui qui pense est
celui qui mesure, évalue les opinions.
Il peut certes "dire non" à celles qui sont fausses,
mais il doit également "dire oui" à celles qui sont vraies.
Lorsqu'on pense à un fait, cela
conduit à des choix et à l'exclusion de certaines possibilités.
Par exemple, dans le processus
de prise de décision, la pensée ne se réduit pas simplement à une opposi on, mais
implique également des a rma ons posi ves et des choix judicieux basés sur des faits
véri ables.
Par la suite, Alain établit une analogie entre l'état de conscience de l'homme et
l'acquiescement, en comparant l'endormissement à l'acte de dire oui comme le souligne le
texte : "remarquer que le signe du oui est d’un homme qui s’endort; au contraire le réveil
secoue la tête et dit non" ( L.
1-2 ).
Quand un individu dort, il se plonge dans un état de
tranquillité voire de passivité, ignorant ce qui l'entoure et ne par cipant à aucune ac on.
Le "oui" devient alors synonyme d'abandon de la pensée.
D'autre part, dire non correspond
à l'ac on de se réveiller, de reme re en ques on les informa ons reçues.
Pour illustrer,
imaginons une personne qui, lors d'une discussion poli que, accepte sans ré échir tous les
arguments de son par sans considérer d'autres perspec ves.
Ce e personne est en
quelque sorte "endormie" face aux idées alterna ves.
Au contraire, quelqu'un qui conteste,
qui remet en ques on ces arguments, est comme quelqu'un qui se réveille, qui devient
ac f dans sa pensée.
Ainsi, métaphoriquement, le "non" possède une valeur plus posi ve
que le "oui".
Dire non, c'est nier, refuser, exprimer son désaccord : métaphoriquement,
c'est se réveiller ; c'est donc être ac f.
Dire non, assurément, mais "non à quoi?" ( L.3 ), Alain souligne ici la complexité des mo fs
qui sous-tendent nos refus.
Selon lui, on pourrait interpréter nos "non" envers "le monde,
le tyran, le prêcheur" ( L.3 ) comme des signes de désaccord ou de rejet envers ces
éléments.
Il dis ngue deux interpréta ons possibles du “monde” ( L.3 ), représentant à la
fois la réalité sensible et la société.
Dans le premier cas, le penseur "dit non" au monde que
nous vivons avec les 5 sens et qui peuvent parfois nous trahir, cherchant le véritable être
au-delà des illusions, adoptant ainsi une approche platonicienne.
Dans le second cas, le
penseur s'oppose aux opinions communément véhiculées par la société, reme ant en
ques on l'opinion commune.
Le terme “tyran" ( L.3 ) fait référence à un contexte poli que, représentant l'intellectuel
engagé qui "dit non" aux injus ces.
En n, “le prêcheur” ( L.3 ) évoque un aspect religieux et
moral du refus, où le penseur "dit non" aux discours prétendant parler au nom de Dieu et
di user des valeurs spéci ques.
Cependant, Alain reje e ces trois hypothèses : "Ce n’est que l’apparence.
En tous ces cas-là,
c’est à elle-même que la pensée dit non.” ( L.
3-5 ) Ainsi, il suggère que le penseur n'est pas
simplement un rebelle envers ce qui est extérieur à lui-même, mais qu'il se confronte
plutôt à ses propres pensées, faisant representer un combat di cles entre soi-même.
Alain
met en avant le lien entre la pensée et la conscience en soulignant que "c'est à elle-même
que la pensée dit non” ( L.4-5 ) .
La pensée, selon lui, se décompose en deux par es : d'une
part, le penseur prend du recul pour observer ses propres pensées, et d'autre part, il les
interroge, pensant non seulement par lui-même mais également contre lui-même.
La
pensée, pour Alain, nécessite un e ort puisqu'elle "rompt l’heureux acquiescement” ( L.5 ),
mais le penseur doit accepter de se reme re en ques on malgré les e orts et les
conséquences poten elles induites par un simple “non”.
Dans ce e première par e que nous avons abordée, nous avons constaté que selon Alain,
penser repose essen ellement sur la capacité de dire non, mais plus précisément, sur la
faculté de reme re en ques on ses propres convic ons.
Cependant, dans la suite du texte,
nous découvrirons comment Alain approfondit les trois cas qu'il avait préalablement
évoqués.
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Dans un second temps, on pourrait parfois dire que c’est le monde qui nous
trompe et qui peut être à l’origine de nos erreurs.
Selon l'auteur, si nous nous trompons,
c’est en disant "oui", en consentant.
Ce e idée découle de la conscience, ce e dernière
étant fondée sur nos cinq sens qui ont tendance à nous tromper, à former des illusions,
comme l’illustre l’extrait suivant : "Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspec ves,
ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que....
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