Commentaire, L'Illusion Comique, Acte III, Scène 7, Corneille
Publié le 15/05/2020
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Durant le XVIIème siècle, deux mouvements littéraires se sont succédés : le baroque et le classicisme.
Au début dece siècle, il n’existe aucune unité en France que ce soit au niveau religieux ou au niveau politique.
Cette périoded’extrême instabilité entraîne une vision du monde conduisant à l’esthétique baroque.
L’esthétique baroque mélangeles genres et se caractérise par l’instabilité, l’inconstance, la mouvance et les thèmes récurrents de ce mouvementlittéraire et artistique sont la métamorphose, l’illusion mais aussi la mise en abyme du théâtre.
En 1636, Corneilleprincipalement connu pour sa pièce classique Le Cid, présente une tragi-comédie baroque mettant en abyme lethéâtre pour en faire finalement son éloge : L’Illusion Comique qu’il qualifie « d’étrange monstre ».
Dans cette piècePridamant va consulter un mage Alcandre afin de retrouver la trace de son fils disparu depuis plusieurs années.Alcandre lui présente alors la vie de son fils en mettant en scène des spectres qui lui font voir la vie de son fils etdes personnes qui l’entourent.
Il découvre alors que Clindor est le valet d’un capitan espagnol : Matamore.
La scèneétudié, Acte III Scène 7, faisant partie de ce que Corneille lui-même qualifie de «comédie imparfaite », se présentesous la forme d’un monologue de Matamore où règne une atmosphère de confusion.
Alors En quoi cette scènecomique s’inscrit-elle dans l’esthétique baroque ? Nous allons donc nous intéresser à l’atmosphère d’irrégularité et deconfusion qui règne dans cette scène mais aussi au personnage de Matamore qui en lui-même reflète une certaineconfusion.
Pour cela nous allons nous intéresser dans un premier temps au personnage de Matamore et de l’imagequ’il reflète dans cette scène puis nous verrons étudierons ensuite le comique et le baroque dans la scène en elle-même.
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Dans un premier nous allons étudier l’image que cette scène donne du personnage de Matamore.
Tout d’abord ils’agit d’un personnage qui se contredit perpétuellement et apparaît comme étant confus : il fait preuve de lâchetémais essaie de se donner l’image d’un homme courageux.
Tout d’abord nous pouvons relever le champ lexical de lalâcheté et la peur «savons-nous»v.1, «frissonne» v.2, «fuyons» v.3, «tremblai» v.7 «courir» v.
13 qui s’oppose auchamp lexical du courage «hardiment» v.2 «courage» v.11 «épée»v.14 «valeur»v.17.
L’opposition de ces deuxchamps lexicaux fortement présents dans cet extrait marque l’opposition entre l’être et le paraître de ce personnage: il veut paraître courageux, il désire ce donner l’image d’un guerrier valeureux mais il n’est en réalité qu’un lâche quichoisit la fuite et qui a peur de se battre et de mourir.
Par ailleurs ce personnage apparaît comme étant confus, il nesait pas ce qu’il se passe réellement.
En effet on peut remarquer que pour les trois premiers vers de ce monologue,on retrouve une césure à l’hémistiche qui sépare le vers en deux phrases distinctes et marque la confusion dupersonnage.
Dans le premier vers «Les voilà, sauvons-nous.
Non, je ne vois personne.», le personnage ne sait plusce qu’il voit : il croit voir ses ennemis et les désigne par le pronom COD «les»v.1 mais finit par conclure qu’il n’y a«personne ».
Dans le deuxième vers «Avançons hardiment.
Tout le corps me frissonne.», il essaie de montrer soncourage à travers l’adverbe «hardiment» mais sa lâcheté refait encore surface lorsque son corps «frissonne».
Dansle troisième vers «Je les entends, fuyons.
Le vent faisait ce bruit.» Matamore ne sait plus ce qu’il entends il utilised’abord le pronoms COD «les» qui se réfère aux ennemis puis utilise le substantif «vent» pour qualifier ce qu’ilentend.
On peut donc dire d’après l’étude de ces trois vers que le personnage de Matamore est un personnageconfus qui ne sait plus ni ce qu’il voit ni ce qu’il entend : il est victime d’hallucinations visuelle et auditive, en effet ilutilise les verbes de perceptions « vois »v.1 « entends »v.3 mais ne sait pas à quoi les associer exactement.
Ildevient paranoïaque et croit voir et entendre ses ennemis à longueur de temps.
Ce personnage se contredit encoreà de nombreuses reprises et tente de mettre en valeur son courage alors que la peur le tétanise.
En effetl’expression de la relation cause conséquence « le corps si glacé que je ne puis courir » v.16 laisse apparaître saterreur et sa lâcheté tandis puis quelque vers plus loin la personnification du destin auquel il s’adresse accompagnéde la modalité exclamative «Destin, qu’à ma valeur tu te montre contraire ! » laisse sous entendre que Matamoredésirait montrer son courage et qu’il regrette de ne pas pouvoir le faire, ces regrets n’apparaissent que lorsque toutdanger est écarté et lorsqu’il voir arriver Clindor et Isabelle.
Il tente donc de préserver son image de guerrierinvincible mais nous voyons bien que sa vraie personnalité, à savoir un personnage lâche et peureux, a été dévoilée.On retrouve aussi un comparatif « j’ai le pied pour le moins aussi bon que l’épée »v.14 où le pied est en faitl’allégorie de la fuite et l’épée est l’allégorie du courage.
La fuite, la lâcheté et le courage sont donc chez lui sur unmême piédestal et il tente de faire croire au spectateur qu’il choisit la fuite en utilisant la tournure restrictive « s’ilne faut que courir » v.13.
Cette tournure restrictive montre la fuite comme étant une solution facile et accessiblepour Matamore mais la négation « je ne puis courir » v.16 montre que même la fuite, la plus lâche des solutions n’estplus à sa portée.
Le personnage de Matamore apparaît donc sous son vrai jour dans ce monologue à savoir unpersonnage lâche et peureux dans l’incapacité de se battre et qui face aux danger ce retrouve totalement confuspourtant il essaie de masquer la réalité en essayant de mettre en avant son courage et sa valeur.
Ce personnage secontredit beaucoup tout au long de la scène, c’est en fait la contradiction entre l’être de Matamore qui vient d’êtrerévélé et le paraître c'est-à-dire l’image de guerrier invincible qu’il veut se donner.
Mais bien plus qu’un personnageirrégulier et confus, Matamore est aussi un personnage qui utilise beaucoup l’exagération pour se mettre en valeur.
Le comique et la présence de l’esthétique baroque dans cette scène résident aussi dans la tendance du personnagede Matamore à exagérer sa situation.
En effet on relève des adverbes d’intensité « si fort » v.7 « trop » v.8 « siglacé » qui marque l’exagération puisque ce sont des adverbes qui soulignent l’excès.
On retrouve aussi unehyperbole « De deux mille ans et plus » qui elle aussi marque l’exagération d’un Matamore qui cherche à montrer quela peur dont il est victime est un cas exceptionnel.
Nous pouvons aussi relever des comparatifs ou superlatifs «j’aime mieux mourir que leur donner bataille » v.9 « je suis des plus légers » v.12 à travers lesquels Matamorecherche à exposer sa bravoure mais il ne réussit qu’à se ridiculiser et montrer son manque de courage : il souhaitemourir au lieu de se ridiculiser en se battant et opte finalement pour la fuite mais tente tout de même de fairepasser ces actes lâches pour de la bravoure.
Par ailleurs, l’exagération apparaît aussi dans la façon dont il amplifie le.
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